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L’externalisation d’une partie de la préparation opérationnelle des pilotes français se précise


En décembre 2022, le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace [CEMAAE], le général Stéphane Mille, avait dit ne pas exclure le recours à un prestataire privé pour tenir le rôle de « force adverse » [ou Red Air] pour la préparation opérationnelle des équipages de Rafale et de Mirage 2000. Pour rappel, cette mission est actuellement assurée par les Alphajet de l’escadron d’entraînement 3/8 « Côte d’Or ».

L’une des conditions mises à l’externalisation de cette fonction « Red Air » concernait le coût de l’heure de vol, celui-ci ne devant pas excéder « celui que nous connaissons en générant l’activité en interne », avait expliqué le CEMAAE. D’où la nécessité de trouver un modèle économique compétitif.

Seulement, l’Alphajet arrivant au bout de son potentiel, la marge de manoeuvre est étroite. En outre, ses performances sont désormais sans doute insuffisantes pour préparer les escadrons de chasse à un « engagement de haute intensité ». Aussi, la décision s’est visiblement imposée d’elle-même. Début octobre, à l’Assemblée nationale, le général Mille a confirmé qu’un appel d’offres serait prochainement ouvert en vue d’externaliser la fonction « Red Air ».

« Nous avons à gérer la fin de vie de l’Alphajet. […] Nous avons fait le choix, au moins temporairement, d’externaliser la fonction Red Air. Nous le faisons parce que, au-delà de l’aspect matériel, il y a aussi la question de la ressource humaine. Nous préférons nous concentrer sur le coeur de la mission », a expliqué le CEMAA aux députés. « C’est un choix qui me semble raisonnable. Il est pour l’instant temporaire. On verra plus tard [ce que l’on fera] une fois qu’on aura décidé le [sic] successeur de l’Alphajet », avait-il ajouté.

Le projet annuel de performances [PAP] relatif au programme 178 « Préparation et emploi des forces » avait quant à lui évoqué « la mise en place », en 2024, d’un « contrat de location de 6 ans de prestation RED AIR, afin de mettre à disposition des forces une capacité d’entraînement au combat adaptée au contexte actuel ».

Seulement, à en croire le député [RN] Frank Giletti, rapporteur pour avis sur les crédits alloués à l’armée de l’Air & de l’Espace dans le cadre du projet de loi de finances 2024, le contrat « Red Air » pourrait être plus important qu’annoncé.

En effet, selon les informations qui lui ont été depuis communiquées par le ministère des Armées, il est prévu de lancer une « procédure d’appel d’offres afin de notifier un marché comptant 3000 heures de vol à partir de 2024 et pour une durée d’au moins 7 ans ». Et le député d’ajouter : « La mise en place de ce contrat de prestation explique le doublement (+104 %) de la dotation en AE [autorisation d’engagement] de l’opération budgétaire ‘activités et entraînement des forces’, qui s’élève à 336 millions d’euros ».

Pour M. Giletti, ce recours à l’externalisation « en dit long sur les capacités et le format de nos flottes ». Et même s’il est présenté par l’AAE comme « temporaire, dans un contexte marqué par la fin de vie de la flotte d’Alphajet », il y voit en effet « la conséquence de la baisse du format de l’aviation de chasse, les aéronefs [étant] en nombre trop réduit pour les mobiliser en vue de simuler la force d’opposition lors d’un entraînement ».

À noter que le député a récemment adressé une question écrite au ministère des Armées au sujet du successeur de l’Alphajet, sachant qu’une réflexion a été lancée en 2019 à ce sujet. « Quel avion pourrait à la fois honorer l’héritage de la Patrouille de France et répondre aux exigences modernes de l’aviation? Et surtout, quelles sont les intentions précises du Gouvernement à ce sujet? », a-t-il demandé.

Photo : AAE





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