Les verres qui affichaient notre âge à la cantine c’est fini ? L’entreprise française Duralex pourrait disparaître

Cette madeleine de Proust va vous rappeler vos déjeuners à la cantine. « Ah, t’es vieux, t’as 47 ans ! Et toi, t’as quel âge ? », « Moi, j’ai 20 ans, trop bien ! » Ces verres dans lesquels des générations de petits écoliers ont lorgné leurs âges, ce sont les fameux Duralex.

Réputés incassables, ils ont conquis les établissements scolaires de France et de Navarre. Le jeu de « l’âge du verre d’eau », les enfants d’aujourd’hui s’y adonnent comme leurs parents et parfois leurs grands-parents. Fin d’un mythe, les numéros inscrits dans les verres n’ont rien d’aléatoire.

Les verres Duralex n’ont pas d’âge

En 2016, le média en ligne Konbini levait le voile sur l’affaire : « Lorsqu’un défaut est constaté sur un verre, il suffit à l’entreprise de consulter ce numéro pour retrouver la machine défectueuse, et la réparer au plus vite. D’ailleurs, un argument vient accréditer cette thèse. Les chiffres ne dépassent pas 50, ce qui correspond bien au nombre de machines de Duralex. »

Si l’entreprise Duralex a su marquer les esprits grâce à ce menu détail, ce fait d’armes ne l’a pour l’heure pas encore dépêtrée d’une situation économique précaire. Malgré un changement de main en janvier 2021, la maison reprise par International Cookware n’a toujours pas réussi à sortir la tête de l’eau depuis la survenue d’incidents techniques importants en 2017 et d’une crise sanitaire assassine.

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À cela, il faut ajouter la crise de l’énergie de 2022. L’envolée des prix du gaz, dont l’industrie du verre est très gourmande, a particulièrement impacté l’entreprise. Aussi, la société vient de publier un communiqué dans lequel elle indique qu’elle « a sollicité l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d’Orléans. »

Duralex dispose d’un site industriel à La Chapelle-Saint-Mesmin dans le Loiret et emploie 230 salariés. En 2022, l’entreprise avait réalisé un chiffre d’affaires de près de 30 millions d’euros. Toutefois, la flambée des prix l’avait contrainte à arrêter ses fours. C’est grâce à un prêt de l’État de 15 millions d’euros que l’activité a pu repartir en novembre 2022.

Néanmoins, en 2023, de nouvelles difficultés ont émergé, imputables à l’inflation, à un environnement de consommation « en fort retrait » et à une « concurrence exacerbée. » « Malgré les efforts opérationnels et les investissements continus, les pertes n’ont pu être endiguées », déclare la société.

crédit photo : Shutterstock Verre Duralex

Aujourd’hui, Duralex cherche un repreneur. Un administrateur et un mandataire judiciaire devraient ainsi être nommés par le tribunal. Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, a indiqué que l’État « mettrait tout en œuvre pour essayer de faire émerger des solutions de reprise. […] Nous comptons sur les acteurs du territoire pour se mobiliser à nos côtés dans cette recherche », a-t-il indiqué à l’AFP dans un bref communiqué.