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Les forces britanniques manquent de munitions pour faire face aux menaces actuelles


En octobre 2022, la Royal Air Force [RAF] organisa un exercice d’une ampleur inédite dans la mesure où ses Eurofighter Typhoon tirèrent un cinquantaine de missiles air-air AIM-132 ASRAAM [Advanced Short-Range Air-to-Air Missile]. Probablement que les munitions en question allaient arriver à date de péremption, d’autant plus que la version block 6 de ce type d’engin venait d’être déclarée opérationnelle.

Pour autant, s’il donna l’opportunité aux pilotes de la RAF de tirer une munition « complexe » pour la première fois, cet exercice était surtout une démonstration de force. Seulement, il n’est sans doute pas près de se renouveler si l’on en juge par le constat établi par le général Sir Rob Magowan, le chef d’état-major adjoint de la défense britannique, devant le Comité de défense de la Chambre des Communes, le 26 mars.

En effet, lorsque, évoquant la Russie, le député [conservateur] Mark Francois lui a demandé s’il était vrai que le Royaume-Uni « ne pourrait pas combattre pendant plus de deux mois dans une guerre de haute intensité », faute de munitions et d’équipements nécessaires, le général Mogowan a dû admettre que c’était exact.

« Nous avons été très clairs sur le fait que le montant que nous dépensons actuellement pour les munitions, qui est important, ne correspond pas aux menaces auxquelles nous sommes confrontés », a expliqué le numéro deux de l’état-major général britannique. « Nous avons aussi clairement indiqué que nous devrions consacrer plus d’argent, au-delà de ce qui est prévu, à ce que nous appelons la défense antimissile intégrée », a-t-il ajouté.

« Nous avons fait savoir comment nous dépenserions les ressources budgétaires supplémentaires qui pourraient nous être allouées. Mais nous travaillons avec l’argent dont nous disposons et supportons le risque opérationnel en conséquence », a poursuivi le général Mogowan, avant d’assurer cependant que le Royaume-Uni était « prêt pour la guerre » mais à la condition qu’elle ne dure pas.

Cependant, le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, s’est voulu rassurant. Après avoir confessé qu’il n’avait pas obtenu gain de cause auprès de Rishi Sunak, le chef du gouvernement, pour obtenir une rallonge budgétaire, il a soutenu que le Royaume-Uni n’aurait pas à livrer une guerre « longue ».

« Pour ceux qui nous regardent ou nous entendent, le Royaume-Uni n’est pas prêt à entrer en guerre exclusivement contre la Russie. Il est important de comprendre que, parce que nous sommes membres de l’Otan et que l’article 5 [sur la défense mutuelle] existe, nous ne nous retrouverons jamais dans une telle situation », a fait valoir M. Shapps.

D’anciens chefs militaires britanniques, cités par The Telegraph, ont expliqué que les forces armées du pays étaient à « l’os » depuis 2010 et que, dans un « conflit entre pairs », elles auraient « épuisé leurs capacités après les deux premiers mois d’engagement ».

En réalité, elles ont eu du mal à se remettre de leurs participations aux opération en Irak et en Afghanistan ainsi que des décisions prises en 2010 par le gouvernement alors conduit par David Cameron, lequel est désormais ministre des Affaires étrangères.

Cependant, le Royaume-Uni n’est pas le seul à connaître une telle situation, laquelle est le lot de beaucoup d’autres pays européens, la logique de flux ayant pris le pas sur celle des stocks. En France, deux rapports parlementaires publiés en février 2023 estimaient ainsi que le niveau des stocks de munitions était « préoccupant ». La Loi de programmation militaire 2024-30 prévoit d’y consacrer 16 milliards d’euros [sur une enveloppe globale de 413 milliards]. Reste à voir si cet effort sera suffisant…





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