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Les forces allemandes compteront une quatrième branche, dédiée au « cyberespace »


Le « cyberespace » ayant été reconnu comme étant un théâtre d’opérations à part entière, au même titre que la terre, la mer et les airs, faut-il créer une « armée cyber » ? Une telle idée avait été avancée par Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, en octobre 2014. « Je parle de quatrième armée car je considère que l’enjeu [de la cybersécurité] est tellement fort, tellement interarmées, que dans les années qui viennent, ce sera sans doute aussi fort qu’une armée », avait-il dit.

Cependant, patron de la cyberdéfense française à l’époque, le contre-amiral Arnaud Coustillière avait estimé que créer une « armée cyber » serait une fausse bonne idée.  » Je doute que ce soit une bonne solution à court terme parce que nous risquons alors de perdre en cohérence en sortant les spécialistes des différentes armées, en provoquant une telle cassure », avait-il expliqué lors d’une audition parlementaire. Notant, au passage, que les États-Unis ne s’étaient pas engagés dans cette voie, il avait cependant souligné que chaque armée devait consacrer « la ressource humaine nécessaire aux biens communs interarmées ». D’où la création du COMCYBER, en 2017.

La même année, les forces armées allemandes [Bundeswehr] imitèrent leurs homologues françaises en se dotant d’un « Commandement Cyberespace et Information » [KdoCIR], censé coordonner leurs compétences dans ce domaine.

Réunissant plusieurs unités spécialisées, en particulier celles relevant de la guerre électronique [comme le 4 Bataillon Elektronische Kampfführung] et les transmissions, KdoCIR a la mission d’assurer la protection des réseaux informatiques et des systèmes d’armes de la Bundeswehr, voire de mener des actions offensives.

Cela étant, ce KdoCIR va prendre du galon. En effet, le 4 avril, dans le cadre de la restructuration de la Bundeswehr, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé qu’il constituerait la quatrième branche des forces armées, aux côtés de la Heer, de la Luftwaffe et de la Deutsche Marine.

Outre les opérations « cyber » et la guerre électronique, cette nouvelle branche de la Bundeswehr sera également chargée de la lutte informationnelle, des menaces dites « hybrides » et du renseignement. Elle devrait compter 16’000 militaires [et civils].

Parmi les autres annonces, M. Pistorius a confirmé des orientations sur lesquelles des hauts gradés de la Bundeswehr ont récemment exprimé quelques réserves.

Ainsi, le commandement territorial et celui des opérations extérieures vont fusionner au sein d’un « Commandement opérationnel de la Bundeswehr » [OpFüKdoBw].

En outre, le Service logistique [Streitkräftebasis, SKB] et le Service médical central [Zentraler Sanitätsdienst der Bundeswehr] seront également réunis au sein d’un nouveau « commandement de soutien de la Bundeswehr [UstgKdoBw]. Celui-ci aura la main sur les missions liées aux menaces NRBC [nucléaire, radiologique, biologique, chimique] ainsi que sur la « police militaire » [discipline, protection des emprises, sécurisation des convois, etc.], sur laquelle lorgnait le général Alfons Mais, le commandant de la Heer. Mais celle-ci va « récupérer » les forces régionales de sécurité intérieure, c’est à dire les unités de la réserve territoriale.

Enfin, la Bundeswehr aura à prendre des mesures pour se préparer à un éventuel retour du service militaire obligatoire. Elle devra être « capable de gérer administrativement la conscription légalement réactivée », indique le ministère allemand de la Défense.

« Chaque jour, ce que la Bundeswehr devra faire en cas d’opération de défense à grande échelle dans le cadre de l’alliance apparaît clairement. Les structures ne sont qu’un élément parmi d’autres, mais elles doivent à l’avenir apporter le meilleur soutien possible à la Bundeswehr dans l’accomplissement de sa mission de défense », a-t-il justifié.

Photo : Bundeswehr / Melanie Schreiber





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