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Le SAMP/T NG sera capable d’intercepter des missiles hypervéloces, selon le Délégué général pour l’armement


À plusieurs reprises, ces derniers mois, la défense aérienne ukrainienne a affirmé avoir réussi à intercepter des missiles hypersoniques russes « Kinjal » [code Otan : AS-24 « Killjoy »] grâce au système de défense aérienne Patriot de conception américaine. Ce qui a été confirmé par la suite par le renseignement militaire britannique. « Beaucoup de ‘Killjoy’ ont probablement raté leurs cibles et l’Ukraine a également réussi à intercepter ce système soi-disant ‘invincible » », a-t-il avancé, le 19 décembre dernier, via X [anciennement Twitter].

Faisant partie des armes « invincibles » dévoilées par le président russe, Vladimir Poutine, en mars 2018, le Kinjal est en réalité un engin aérobalistique pouvant être tiré par un MiG-31K et conçu à partir du missile balistique tactique Iskander. Utilisé pour la première fois peu après le début de la guerre en Ukraine, il n’a, à l’évidence, pas permis aux forces russes d’obtenir un avantage décisif.

Une analyse, parue dans le Magazine des sciences et des technologies de l’Armée populaire de libération [APL] et commentée par la Rand Corporation, a critiqué le Kinjal, en expliquant que sa conception reposait sur une « technologie obsolète de la Guerre Froide » et en remettant en cause le fait qu’il soit réellement hypersonique.

« En raison de ses caractéristiques, sa capacité à effectuer un vol plané dans l’atmosphère sur de longues distance est insuffisante. Le degré avec lequel il peut modifier sa trajectoire balistique ne peut pas être comparé à celui d’un véritable missile hypersonique », a estimé l’auteur de cette note.

En juin 2023, dans les pages de The Economist, un opérateur ukrainien de défense aérienne a expliqué que le premier Kinjal intercepté par le système Patriot volait à environ 1240 m/s [Mach 3,6], soit bien en deçà du seuil [Mach 5] à partir duquel un engin est considéré comme hypersonique. « Nous avons compris que le Patriot fonctionnait. La fois suivante, lorsque nous avons vu non pas un, mais six Kinjal sur nos écrans, il ne restait plus qu’à se mettre au travail », a-t-il confié.

Un an plus tôt, lors d’une audition au Sénat, le PDG de MBDA, Éric Béranger, avait été interrogé sur les capacités nécessaires pour intercepter de tels engins.

« Saurait-on se défendre aujourd’hui contre des missiles hypersoniques ? La réponse précise appartient plus aux militaires qu’à moi. Je vous invite donc à leur poser directement cette question. [Mais] je peux d’ores et déjà […] donner un élément factuel : lorsqu’il se rapproche de l’objectif, le missile hypersonique ralentit », avait-il fait observer. Et d’ajouter : « Cela fait plus de vingt ans que MBDA travaille sur les technologies liées à l’hypersonique et au programme ASN4G. Le seul sujet est de savoir ce que veut faire la France : comment entend-elle utiliser ses compétences et avec quels moyens ? ».

Cela étant, deux projets font l’objet de financements européens dans ce domaine : l’Hypersonic Defence Interceptor [HYDEF], coordonné par l’espagnol SENER Aeroespacial, et l’HYpersonic Defense Interceptor [HYDIS], basé sur le projet de missile intercepteur Aquila, développé par MBDA.

Celui-ci sera en mesure, selon l’industriel, de « traiter un large éventail de menaces : des missiles balistiques manœuvrant de portée intermédiaire aux missiles de croisière hypersoniques ou haut-supersoniques, en passant par les planeurs hypersoniques, les missiles antinavires ou encore les avions de combat de nouvelle génération ».

Dans le même temps, en lien avec Thales au sein du consortium Eurosam, MBDA travaille actuellement sur le système Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre de nouvelle génération [SAMP/T NG], appelé à équiper les forces françaises et italiennes.

Recevant Guido Crosetto, son homologue transalpin, à Calvi, le 29 avril, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a estimé qu’il faudrait avoir une « vraie réflexion » sur la défense aérienne [européenne] autour du SAMP/T NG, qui est « une véritable rupture technologique pour l’avenir ». Et d’insister : « Je ne veux pas en dire trop mais il peut faire l’objet effectivement d’un travail accéléré en commun [avec l’Italie, ndlr] pour répondre aussi à ce besoin qu’ont nos différents partenaires européens de durcir la protection de leur ciel ».

Jusqu’à présent, les seuls éléments connus concernant les performances du SAMP/T NG portent sur les capacités de détection accrues de son radar, à savoir le Ground Fire 300 de Thales pour la partie française, ainsi que sur ses missiles intercepteurs, l’Aster 30 Block 1NT, dont le développement a été lancé en 2015, devant être doté d’un nouvel autodirecteur en bande Ka.

De son côté, Eurosam précise que le SAMP/T NG sera en mesure d’intercepter des missiles de croisière au-delà de 150 km de distance ainsi que des missiles balistiques [hypersoniques par définition] d’une portée supérieure à 600 km.

À la lumière de ces éléments, peut-on vraiment parler de « rupture technologique » par rapport aux systèmes déjà sur le marché ? Dans un entretien qu’il a accordé au quotidien « Le Figaro » [édition du 2 mai], le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, a donné un indice.

« Il faut d’abord accélérer le développement d’un certain nombre de matériels qui deviendront naturellement compétitifs. Je pense par exemple au système de défense antiaérien SAMP/T NG dont l’accélération est souhaitée par le ministre des Armées », a dit M. Chiva. « Le successeur du Mamba [SAMP/T] représentera une rupture technologique vis-à-vis du Patriot américain. Ce sera l’un des seuls systèmes au monde capable d’arrêter un missile hypervéloce », a-t-il indiqué.

Jusqu’alors, il n’était question que d’une « capacité initiale d’interception de cibles hypersoniques en phase terminale », étudiée par Thales, dans le cadre d’une « évolution possible du SAMP/T NG », en lien avec le radar GF-300. C’est en effet ce qu’avaient affirmé les députés Jean-Louis Thiériot et Natalia Pouzyreff, dans un rapport publié en février 2023. « Il s’agit potentiellement d’une défense de point face à des menaces dont les trajectoires présentent des similitudes avec celles prises en compte par le SAMP/T NG », avaient-ils précisé.





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