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Le nombre d’avions A400M destinés à l’armée de l’Air dépendra du « futur cargo médian tactique » européen


Initialement, et comme l’avait confirmé la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, l’armée de l’Air & de l’Espace devait être dotée de 50 avions de transport A400M « Atlas ». Mais cette « cible » n’est désormais plus certaine, étant donné que la LPM 2024-30 désormais en vigueur l’a réduite à « au moins 35 exemplaires » à l’horizon 2030/35.

En outre, d’autres pays clients, comme l’Espagne, ont également l’intention de revoir à la baisse le nombre d’A400M commandés. Évidemment, cela n’est pas sans conséquence sur le plan de charge de son constructeur, à savoir Airbus. Cependant, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, ne s’est pas montré trop inquiet.

« La pérennité du programme A400M repose […] sur un équilibre entre ce qui est fait en domestique et l’exportation. Il y a aujourd’hui un certain nombre de pays qui ont passé commande d’A400M et il y a aussi pas mal de prospects à l’export. Nous travaillons en bonne intelligence avec Airbus pour être sûrs qu’on ne tombe pas dans une situation qui conduirait à l’arrêt de la chaîne [de production, ndlr] », a en effet expliqué M. Chiva aux députés.

Cependant, les commandes à l’exportation sont pour le moment timides, avec moins de dix appareils acquis par trois pays différents [Malaisie, Kazakhstan et Indonésie]. En outre, les restrictions imposées par l’Allemagne compliquent certaines discussions, comme celles avec les Émirats arabes unis, pour six exemplaires. Et, pour le moment, l’avion de transport qui a le vent en poupe est le C-390 du brésilien Embraer, qui a séduit le Portugal, la Hongrie, les Pays-Bas, l’Autriche et la République tchèque. La Suède pourrait suivre.

Quoi qu’il en soit, pour le député Frank Giletti, rapporteur pour avis sur les crédits alloués à l’armée de l’Air & de l’Espace, cette réduction de cible du programme A400M est une erreur.

En plus d’être « incohérente avec les besoins accrus de projection de puissance en outre-mer », cette réduction de cible « entre […] en contradiction avec l’évolution à venir des contrats opérationnels de l’armée de l’Air et de l’Espace » car il est « en effet vraisemblable » que ceux-ci « aboutiront à augmenter le dimensionnement de la force de l’échelon national d’urgence renforcé [ENU-R], ainsi que sa distance de déploiement. Or, seul l’A400M peut répondre à ce besoin d’allonge stratégique, grâce à ses capacités d’emport », estime le député.

En outre, relève-t-il, cette diminution du format « est particulièrement intempestive, en ce qu’elle intervient alors que les A400M sont sur-sollicités en opérations [Soudan, Libye, Niger…] et sont même utilisés pour des missions pour lesquels ils n’étaient pas prévus initialement, telles que l’entraînement au saut des troupes aéroportées, faute de disponibilité des avions de transport du segment médian ».

Justement, afin de préparer le remplacement de tels appareils [CN-235, C-130H Hercules], le programme FMTC [Future Mid-Size Tactical Cargo / Futur Cargo Median] fait actuellement l’objet d’un financement européen, au titre de la Coopération structurée permanente [CSP/PESCO]. Celui-ci bénéficie d’un accompagnement de l’Agence européenne de défense [AED], afin de définir les « exigences communes » entre les pays participants, dont la France, l’Allemagne et la Suède.

Lors de l’examen du projet de LPM 2024-30, il avait été avancé que ce FMTC pourrait être doté des mêmes turbopropulseurs TP-400 de l’A400M, ce qui en ferait une sorte de « A200M » tout en procurant plusieurs avantages [pas de coûts de développement, maintenance facilitée, etc].

Mais pour le moment, la perspective de voir voler un tel appareil est encore lointaine. « L’A200M est en fait une proposition d’Airbus, issue d’une étude préliminaire. L’idée est relativement simple : c’est un mini A400M, avec les mêmes moteurs, ce qui permettrait un emploi plus tactique », a rappelé M. Chiva devant les députés. « Mais, pour moi, c’est un peu prématuré de savoir ce que l’on peut faire de cette idée. D’ailleurs, on n’aime pas trop l’appeler A200M pour être précis. Quel sera son modèle économique, ses coûts, sa soutenabilité? Donc, pour l’instant, ce sont plutôt des réflexions préliminaires », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, FMTC ou A200M… Là n’est pas la question. En revanche, ce programme d’avion cargo médian ne sera sans doute pas sans conséquence sur la suite à donner au programme A400M. C’est, en tout cas, ce qu’a suggéré le député Mounir Belhamiti, rapporteur du programme 146 « Équipement des forces – Dissuasion ».

« La LPM 2024-2030 prévoit une cible d’au moins 35 A400M en 2030. La cible définitive dépendra, d’une part, de l’issue des travaux engagés au niveau européen au titre du futur cargo médian tactique et, d’autre part, des perspectives export pour l’A400M, dès lors que les commandes nationales des pays impliqués dans le développement de l’aéronef ne sont pas suffisantes pour assurer en l’état la pérennité de la chaine de production d’A400M », a en effet résumé M. Belhamiti, dans le rapport pour avis qu’il vient de remettre.





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