Le jeu dangereux du CSV
Jusqu’à présent, on connaissait Marc Lies comme étant un député posé, au travail très pointu et engagé, notamment dans l’épineux dossier du logement. Malgré la frustration de n’avoir vu aucune de ses nombreuses propositions aboutir, le bourgmestre de Hesperange ne s’était jamais laissé aller à des commentaires ou propos déplacés, du moins pas en public. Sa sortie du week-end dernier en lien avec un «attentat» commis contre un poulailler dans sa commune est dès lors d’autant plus aberrante.
Marc Lies s’est laissé emporter en ciblant la politique des «portes ouvertes» en matière migratoire de l’ancien ministre socialiste Jean Asselborn. L’arrivée incontrôlée de réfugiés et autres migrants aurait pour conséquence une (supposée) hausse de la criminalité au Luxembourg. En d’autres termes : de méchants réfugiés seraient les auteurs de l’effraction dans le poulailler. Au passage, le député-maire a égratigné les partis de gauche et une presse supposée trop sensationnaliste.
Dimanche, après que ses propos tendancieux ont été révélés par nos confrères du Tageblatt, Marc Lies s’est fait rappeler à l’ordre par la direction du CSV. Le parti a pris ses distances avec son élu, sans toutefois condamner l’amalgame fait entre réfugiés et criminalité. Marc Lies a, lui, admis une «erreur» sur la radio 100,7, avant de s’enfoncer encore un peu plus. Il a décidé de suivre à la lettre la stratégie des partis d’extrême droite en déplorant le fait que «dans ce pays, on n’(ait) plus le droit de dire grand-chose». Le député, peu honorable pour le coup, s’insurge aussi contre l’utilisation de paroles «populistes» pour dénigrer le nouveau gouvernement CSV-DP. Or c’est bien lui qui utilise une rhétorique populiste, voire extrémiste.
L’appel à faire preuve d’exemplarité adressé début janvier par le président de la Chambre aux élus du peuple sonne aujourd’hui bien creux. Claude Wiseler (CSV), dont la sagesse n’est plus à prouver, devrait sans trop tarder sonner la fin de la récréation. Car le camp chrétien-social doit prendre conscience que certains de ses députés (et ministres) jouent un jeu dangereux qui, en fin de compte, ne profitera qu’à une seule mouvance : l’ADR et ses compères nationalistes, populistes et extrémistes qui constituent une véritable menace pour notre société libre, ouverte et résolument européenne.
