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Le Cameroun met en avant la santé des femmes migrantes et la lutte contre le cancer du col de l’utérus lors du congrès FIGO à Paris


Le 24eme Congrès mondial de gynécologie et d’obstétrique s’est tenu du 9 au 12 octobre à Paris, avec près de 8 000 participants venus des quatre continents et 500 experts réunis, parmi lesquels le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018.

« Le Congrès, organisé par la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique (FIGO), est le principal et le plus grand événement mondial dans le domaine de la gynécologie et de l’obstétrique. C’est l’occasion d’apprendre, partager, créer des alliances et façonner l’avenir de la santé des femmes et de la santé génésique », explique Dr Nawal Nour, Présidente du comité d’organisation du congrès FIGO Paris 2023. Il aborde aussi bien les questions relatives au traitement ou à la prévention des maladies que les thématiques liées à la santé des femmes, aux droits reproductifs, à l’équité en matière de santé ainsi que la justice sociale.

« La mission de la FIGO est d’apporter des progrès déterminants pour améliorer la vie des femmes, partout dans le monde », explique le Dr Jeanne Conry, actuelle présidente de la FIGO. Elle ajoute que ce congrès est un moment fort qui témoigne de l’engagement de la fédération afin de promouvoir la santé physique, mentale, reproductive et sexuelle des femmes, ainsi que leur bien-être et leurs droits, en s’appuyant sur la science, mais aussi sur le travail réalisé avec des organismes non gouvernementaux ou les associations.

Les répercussions des migrations sur la santé des migrantes et des réfugiées : les immigrées subsahariennes particulièrement concernées

Le premier jour du congrès, une session présidée par le docteur Ernestine Gwet-Bell était consacrée à la santé des femmes migrantes, mettant l’accent sur la santé reproductive et maternelle.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les femmes réfugiées et migrantes « peuvent être exposées à des risques liés à la grossesse, à l’accouchement ainsi qu’au manque de services de santé sexuelle et reproductive efficaces et fournis en temps voulu. De nombreuses personnes courent également le risque d’être exposées aux violences sexuelles et fondées sur le genre, d’être victimes de maltraitance et de traite d’êtres humains ».

Au Cameroun, 52% des réfugiés sont des femmes et des filles.  Leurs problèmes de santé sont parfois exacerbés du fait de leur instabilité sociale, de leur incapacité à se prendre en charge de manière autonome, d’un accès restreint ou d’une interruption des soins de santé. L’insuffisance des vaccinations, l’exposition aux infections ainsi que de mauvaises conditions de vie dans les pays d’origine, de transit s’ajoutent aux problèmes auxquels ces femmes font face.

La session présidée par le docteur Gwet-Bell a porté sur « Les discriminations chez les migrants et les réfugiés ». Aux côtés de la gynécologue-obstétricienne camerounaise se trouvaient les professeurs Elie Azria et Catherine Deneux-Tharaux (France) et la professeure Birgitta Essen (Suède). Les exposés ont démontré comment les violences, les discriminations et le genre provoquent des effets négatifs sur la santé des migrants, particulièrement dans la santé reproductive. « Les effets les plus marquants qui ont été mis en avant étaient les complications des grossesses, explique Ernestine Gwet-Bell. Il s’agit d’anémies sévères, d’accouchements compliqués avec un taux de césariennes ainsi qu’une mortalité maternelle très élevés. C’est particulièrement chez les immigrés africains subsahariens. »

Les efforts et les solutions qui ont été proposés pour limiter ces complications feront l’objet d’un suivi ultérieur.

Traitements des lésions précancéreuses du cancer du col de l’utérus et fertilité : Une étude rassurante conduite au Cameroun

L’éradication du cancer du col de l’utérus, objectif fixé par l’Organisation mondiale de la santé pour l’horizon 2030, était au cœur de nombreuses sessions du congrès de la FIGO, dont celle consacrée  à la présentation des résultats de l’étude TaCCare, réalisée à l’ouest du Cameroun, portant sur la fertilité et l’issue de la grossesse, après l’ablation thermique des lésions précancéreuses du col de l’utérus.

La présentation de l’étude TaCCare par le Dr Ana Wisniak (Suisse), a été l’occasion de rappeler que 90% des femmes atteintes d’un cancer du col de l’utérus vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire (données OMS 2022) et que ce cancer est le deuxième plus meurtrier en Afrique subsaharienne. Dans les pays à revenus faibles ou modérés, le traitement recommandé par l’OMS est l’ablation thermique, du fait de :

  • l’efficacité de la technique ;
  • son faible coût (avec du matériel réutilisable) ;
  • ses effets indésirables limités.

Cependant, l’impact de ces traitements sur la fertilité est encore peu connu. L’étude TaCCare conduite au Cameroun avait pour objectif d’évaluer les conséquences à moyen et long terme de la thermoablation. Elle a inclus 763 participantes, dont 221 avaient été traitées par ablation thermique, avec un suivi moyen de 3 ans et demi.

« Cette étude présentée au congrès de la FIGO a montré que la thermo-ablation n’entraîne pas de réduction significative de la fertilité, explique Ernestine Gwet-Bell, obstétricienne-gynécologue camerounaise et pionnière de la procréation médicale assistée en Afrique centrale. Elle n’augmente pas non plus le risque de fausse couche. En revanche, selon cette étude, le papillomavirus semble multiplier par deux le risque de fausse couche. Ces résultats doivent encourager les femmes à se faire traiter. »

Le programme du Congrès a inclus aussi des laboratoires de simulation, des ateliers éducatifs et le tout premier festival du film de la FIGO, qui a présenté des courts-métrages sur des sujets allant des procédures chirurgicales aux documentaires de sensibilisation, dont Conquering cancer, un film dédié à la lutte contre le cancer du col de l’utérus ou encore Voices from the field, dédié à la lutte contre les complications obstétricales dont l’hémorragie post-partum, un fléau dans de nombreux pays, notamment en Afrique subsaharienne – le documentaire incluant les témoignages des docteurs Monica Oguttu (Kenya), Saroja Pande (Népal), Maria Escobar (Colombie), et Poonam Varma Shivkumar (Inde).

Certaines sessions du congrès de la FIGO seront prochainement disponibles en replay pour les journalistes accrédités.

A propos de la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique (FIGO)

La FIGO est une organisation professionnelle qui regroupe plus de 130 associations d’obstétrique et de gynécologie du monde entier. La vision de la FIGO est que les femmes du monde entier atteignent les normes les plus élevées possibles en matière de santé et de bien-être physique, mental, reproductif et ****** tout au long de leur vie. Notre travail pour réaliser cette vision repose sur quatre piliers : l’éducation, la mise en œuvre de la recherche, le plaidoyer et le renforcement des capacités.

La FIGO dirige les activités du programme mondial, avec un accent particulier sur l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-Est. Elle défend les intérêts des femmes sur la scène internationale, en œuvrant à l’amélioration de leur statut et en leur permettant de participer activement à la réalisation de leurs droits génésiques et sexuels. Elle assure l’éducation et la formation de ses sociétés membres et renforce les capacités de celles des pays à faibles ressources en consolidant le leadership, en traduisant et en diffusant les bonnes pratiques et en promouvant les dialogues politiques.

La FIGO entretient des relations officielles avec l’Organisation mondiale de la santé et jouit d’un statut consultatif auprès des Nations unies.

A propos de Dr Ernestine Gwet-Bell

Dr Ernestine Gwet-Bell, obstétricienne-gynécologue camerounaise diplômée de ParisLa docteure Ernestine Gwet-Bell est une obstétricienne-gynécologue camerounaise diplômée de Paris. Elle est pionnière de la procréation médicale assistée en Afrique centrale. Fondatrice et directrice de la Polyclinique Odyssée (Douala) Ernestine Gwet-Bell est très engagée dans les luttes pour faire progresser la santé et les droits des femmes (contraception, fertilité, lutte contre les violences faites aux femmes.

Pionnière dans la PMA en Afrique, elle a codirigé de l’équipe qui a permis la naissance du 1er Bébé né par FIV en Afrique centrale en 1994.

Elle a présidé de nombreuses sociétés savantes et sociales et reçu de nombreuses récompenses internationales. Elle fait partie des grandes figures féminines du Cameroun et, au-delà, du continent africain.



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