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le bailleur avait un alias


Le bailleur n’était pas celui que le locataire croyait. Ce dernier l’accuse de s’être caché derrière l’identité d’un autre à des fins frauduleuses ainsi que pour mieux pouvoir le calomnier.

Charles Schmit a loué son studio situé avenue Victor-Hugo via la plateforme Airbnb à Guillaume, agent immobilier parisien, pour les nuits du 13 et 14 octobre 2020. Le voyageur se plaint de la propreté de la salle de bains et accuse son hôte de s’être introduit dans l’appartement durant son séjour. Charles Schmit soutient que Guillaume a, entre autres, débranché l’alarme incendie et détérioré la serrure d’une armoire. Pour régler le litige, il lui aurait proposé de couper la poire en deux et de lui rembourser une des nuits réservées. Finalement, ce sera à la plateforme d’arbitrer les prémices de ce qui allait mener les avocates des deux hommes face à la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg vendredi matin.

L’affaire est dans un premier temps traitée par messages privés interposés entre la plateforme et les deux hommes qui ne parviennent pas à s’entendre. Charles a posté un message privé insultant et menaçant à l’égard de son locataire, rapporte l’avocate du plaignant. Le 17 novembre 2020, il l’aurait notamment accusé d’avoir commis «une infraction pénale» et d’avoir «violé la déontologie» de sa profession. Quelques jours plus tard, le 29 novembre 2020, Charles aurait continué d’accuser Guillaume de «vol de clés» et «d’avoir réalisé un faux état des lieux» dans un message public poste sur la plateforme. «Ces messages sont disproportionnés par rapport au litige de base», estime l’avocate.

7 000 euros de préjudice moral

Seulement voilà, Charles Schmit n’existe pas. Ou du moins pas ce Charles Schmit. Derrière cet alias se cache Auderic. Du coup, il est non seulement accusé d’escroquerie, d’injures, de calomnie et de diffamation, mais également de port public de faux nom et d’usurpation d’identité. Son avocate n’a pas expliqué pourquoi ce choix de ne pas apparaître sous sa véritable identité. «Son compte portait le label d’identité vérifiée. Pour l’obtenir, il faut fournir une pièce d’identité à Airbnb. Il garantit aux clients que l’hôte est digne de confiance et lui permet d’attirer plus de clients», explique l’avocate de Guillaume. «Comment a-t-il pu faire valider cette identité sinon en utilisant une pièce qui n’était pas la sienne?»

Auderic faisait vendredi matin l’objet d’une citation directe de Guillaume à son encontre. L’agent immobilier parisien réclame 7 000 euros pour préjudice moral pour lui et l’euro symbolique pour sa société nommée dans le message public, ainsi que 3 700 euros de préjudice matériel. Des employés de sa société ont trouvé le message sur la plateforme et l’ont averti que sa réputation était attaquée.

«Mauvaise foi»

Charles Schmit ne pourrait être considéré comme un pseudo utilisé en ligne, selon l’avocate qui estime que son client a été victime «de fraude identitaire». En agissant ainsi, le prévenu tromperait la confiance des internautes, insiste l’avocate de l’agent immobilier qui «vit dans la peur pour sa réputation et celle de son entreprise» puisque le deuxième message était visible de tous.

La partie adverse renvoie la balle à Guillaume et le taxe de «mauvaise foi» et de conduite «agressive». «Il a accusé mon client d’avoir voulu le voler en s’introduisant dans le logement», explique-t-elle avant d’ajouter que le pseudonyme utilisé était «une liberté accordée par la plateforme qui était au courant de son identité officielle». «Il n’a jamais eu l’intention d’utiliser l’identité d’un tiers. Mon client n’est pas malhonnête. Il était dans son droit», poursuit-elle avant de demander au tribunal de ne pas retenir à son encontre l’infraction d’usurpation d’identité.

«Charles Schmit, pas un pseudonyme»

De même que les infractions d’escroquerie, d’injures et de calomnie pour prononcer son acquittement «pur et simple». Auderic aurait, selon elle, toujours participé à trouver une solution au litige. Quant aux messages, le premier était «de caractère privé» et le deuxième «ne faisait que relater les faits et constater la mauvaise foi» de Guillaume. Elle a demandé une indemnité procédure de 5 000 euros et 10 000 euros pour «propos vexatoires» à l’encontre de son client qui est accusé d’avoir été malhonnête.

Il s’en est ensuivi une nouvelle passe d’armes entre les deux avocates sur le rôle exact d’Airbnb et sur son fonctionnement ainsi que sur «l’obligation du bailleur par rapport au particulier qui est co-contractant». «Charles Schmit n’était pas un pseudonyme. En réservant son séjour, mon client aurait dû être informé de sa véritable identité», insiste son avocate. «Au lieu de la découvrir grâce à des voisins inquiets des va-et-vient de personnes extérieures à leur immeuble.»

Le représentant du ministère public n’a pas pris position sur les faits et a préféré se rapporter à prudence du tribunal. Le prononcé est fixé au 16 novembre.



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