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‘La sorcellerie n’existe pas’ : voici ce qui tue les Camerounais

La sorcellerie n’existe pas. Si vous mourrez comme des insectes au Cameroun, c’est parce que vos routes ressemblent à celle-ci, avec des crevasses plus profondes qu’un puits de pétrole. Si vous perdez la vie dans vos hôpitaux alors que vous étiez bien-portants au moment d’y entrer, c’est parce que leurs équipements sont absolument décalés des standards du XXIe siècle, et que certains médecins le deviennent sur la base du copinage et du népotisme.
Tous les pays qui ont développé leurs infrastructures ont remarqué que les morts par sorcellerie avaient subitement disparu… Parce que justement, personne ne meurt par sorcellerie. Personne !

MIRAGE COLLECTIF

La sorcellerie, c’est comme le Yéti, le Bigfoot, le monstre du Loch Ness, l’abominable homme des neiges ou encore le Père Noël. Elle n’existe que dans l’esprit naïf et limité de celui qui veut bien y croire. C’est comme un faux comprimé qu’on vous donne à votre insu, pour expérimenter la capacité de votre subconscient à croire qu’il parviendra à vous guérir. Beaucoup de personnes ont ainsi retrouvé la forme parce qu’elles étaient persuadées que le médicament qu’on leur donnait était un vrai médicament : en médecine comme en neurosciences, cela s’appelle « l’effet placebo.» Il est utilisé au moins depuis la fin des années 1700 pour traiter certaines soucis mineurs tels que de légères dépressions, des migraines, des douleurs ou divers états de stress.

La sorcellerie, c’est la même chose. Le monde évolue et, pour leurs affaires courantes, les humains sont davantage en mouvement que par le passé. Il est donc urgent que l’infrastructure globale soit optimisée pour une mobilité moins risquée. Mais si vous ne construisez pas de routes, ou si un énergumène tel que Ngannou Djoumessi transfère les fonds dédiés à la construction d’une autoroute dans les comptes de sa femme, de ses conquêtes et de ses enfants, vous avez d’office créé un nouveau cimetière permanent. C’est pour cela que le ruban de terre entre Yaoundé et Douala tue autant de gens. Observez bien l’image ci-dessus, et trouvez encore la force de nous expliquer que « la route ne tue pas », ou que si le pauvre taximan avait fini dans la crevasse, ça aurait été « à cause des loges ».

Dans le même ordre d’idées, hier encore je vous rappelais le décès de l’illustre écrivain Mongo Beti en 2001 dans un hôpital de Douala : ce ne sont pas les sorciers qui l’ont tué, c’est juste qu’il n’y avait pas de dialyse. Car le pays est gouverné par des imbéciles dont le seul programme politique est la jouissance personnelle et qui se fichent royalement de vos vies. N’allez pas chercher plus loin.

Et si Biya de son côté a pu atteindre les 90 ans, c’est ni plus ni moins parce qu’il se fait soigner en Suisse, où la médecine est à la pointe de la technologie. L’espérance de vie en Suisse tourne précisément autour de 85,5 ans, pour les femmes, et 81,5 ans pour les hommes. En d’autres termes, si vous aussi vous aviez les moyens d’aller à Genève chaque semaine, aucun sorcier ni aucune loge ésotérique n’aurait assez de pouvoir pour vous faire mourir de paludisme, ou d’une fracture au bras à 33 ans. C’est une simple question de logique
Or ceux qui croient en la sorcellerie, c’est ceux qui estiment que la logique (c’est-à-dire le cerveau que la nature leur a donné, et de surcroît gratuitement !), ne sert à rien.

D’ailleurs, à défaut d’aller en Suisse, vous pouvez toujours réclamer ces mêmes dispositifs hospitaliers au Cameroun, et vous verrez que les sorciers (de toute façon virtuels) disparaîtront pour de vrai ! Sauf si ça vous soulage d’avoir des boucs émissaires fictifs, alors que les véritables assassins sont là sous vos yeux, et vous narguent du haut de leur cravate. D’ailleurs vous les appelez « Excellence » !

MORCEAUX CHOISIS :

En Suisse justement, les autorités ont mis en service, le 11 décembre 2016, le plus long tunnel ferroviaire du monde (57 km sous terre), le fameux *tunnel du Saint-Gothard*, qui couvre une partie du tronçon entre Zurich et Milan, dans le nord de l’Italie. Au même moment, les accidents hebdomadaires sur la falaise de Dschang n’ont jamais convaincu Paul Biya, après 41 ans de pouvoir, qu’il fallait songer à un tunnel dans le massif. Mais là je suis déjà en train de rêver. J’oublie que nous parlons ici d’un pays où des gens tombent encore sur l’escalator du Grand Mall en 2023, par manque d’habitude. On s’écarte déjà du sujet.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les Suisses auraient eux aussi pu se résigner et se dire qu’un tunnel comme celui du Saint-Gothard ne sert à rien, et que pour tout concitoyen qui meurt sur les routes ou après un malaise banal, c’est « la volonté de Dieu… et des sorciers »

Pour aller plus loin : le 22 mai 2017, le célèbre constructeur américain Boeing basé à Seattle (dans l’État de Washington) met en service son nouveau bijou : le 737-Max. L’avion est un succès commercial et des milliers de commandes sont enregistrées dès les premières semaines. Sauf que moins de deux ans après sa mise en service, le nouveau modèle est impliqué dans deux accidents plus que tragiques : tout d’abord le 29 octobre 2018, avec un premier crash d’un exemplaire de la compagnie indonésienne Lion Air, dans lequel les 199 personnes à bord sont tuées. Puis le 20 mars 2019, sur une liaison inter-africaine de la compagnie Ethiopian Airlines, entre Addis-Abeba et Nairobi au Kenya. Là aussi les 157 personnes à son bord meurent sur le coup. Ce qui nous fait deux catastrophes immenses en l’espace de 5 mois ! Un tel scénario au Cameroun aurait vu surgir de l’ombre tous les apprentis-chasseurs en sorcellerie que compte le pays.

Sauf qu’ailleurs, les gens préfèrent réfléchir et examiner les causes concrètes d’un mal afin de l’éviter à l’avenir. C’est ainsi que le Boeing 737-Max a été interdit de vol pendant près de deux ans, le temps de corriger l’erreur technique à l’origine de l’accident. Car oui, il s’agissait simplement d’un défaut de fabrication, et il concernait le nouveau logiciel spécialement mis en place pour ce type d’appareil : le MCAS (pour « Maneuvring Caracteristics Augmentation System »). Son objectif premier est de veiller à prévenir le décrochage, c’est-à-dire la perte de portance (la portance étant la poussée d’air vers le haut, qui permet à l’avion de s’élever et de se maintenir en lévitation). Sauf que le système était défectueux et le MCAS donnait à chaque fois de mauvaises indications aux pilotes. D’où les deux drames.
Depuis 2021, les 737-Max, après avoir réparé cette fatale erreur de fond en comble, sont désormais réautorisés à voler à travers le monde.
Ainsi fonctionne une société qui veut évoluer.

Au même moment, d’autres sociétés, sans doute à force de consommer la 33 et d’alcooliser leur esprit, sont devenues des experts enchanteurs du chiffre 33, avec toutes les théories ivrognes y afférentes.
Finalement, la vraie sorcellerie, la voilà !

EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED

(Aux dernières nouvelles, Célestine Ketcha Courtes vous promet le téléphérique pour désengorger les grandes villes du Cameroun. Dès que vous aurez fini de taper « téléphérique » sur Google et de rire un bon coup, revenez me dire pourquoi vous cherchez les sorciers dans la nuit alors qu’ils sont là en plein jour !)

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