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La France va envoyer des instructeurs militaires en Arménie


Durant l’été 2020, et selon leur concept « deux pays, une nation », l’Azerbaïdjan et la Turquie organisèrent un exercice militaire conjoint dans le Nakhitchevan, une région azerbaïdjanaise coincée entre l’Arménie et l’Iran. Or, quelques semaines plus tard, le Haut-Karabakh fut le théâtre d’une nouvelle guerre, qui tourna à l’avantage de Bakou… qui reçut un appui d’Ankara.

Trois ans plus tard, après s’être finalement assuré du contrôle total du Haut-Karabakh, l’Azerbaïdjan est soupçonné de vouloir tirer profit de sa supériorité militaire pour lancer une offensive contre l’Arménie, afin de se ménager un accès vers le Nakhitchevan, via le « corridor de Zanguezour », lequel traverse la région arménienne de Syunik.

Et c’est dans ce contexte que, ce 23 octobre, Bakou et Ankara ont annoncé la tenue des manoeuvres « Mustafa Kemal Atatürk 2023 », avec la participation de 3000 militaires, 130 blindés, 100 pièces d’artillerie et plus de 20 aéronefs, dont des avions de combat.

« La France sera extrêmement vigilante face à toute tentative de menacer la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Arménie », a réagi le Quai d’Orsay, alors que le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, devait recevoir Souren Papikian, son homologue arménien, pour évoquer la coopération militaire entre Paris et Erevan.

Si l’Arménie semble isolée, elle peut néanmoins compter sur le soutien de la France. La semaine passée, lors d’une audition au Sénat, M. Lecornu avait dit qu’il annoncerait des mesures « technico-opérationnelles » au profit des forces armées arméniennes dans les prochains jours. Ce qu’il vient donc de faire.

Ainsi, trois axes de coopération ont été définis. Le premier visera à accompagner la réforme du ministère arménien de la Défense et la transformation de ses forces armées. Sur ce point, M. Lecornu a parlé d’établir une « intimité stratégique », ce qui passera par la nomination d’un conseiller militaire français à Erevan, des échanges avec la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT] et l’accueil d’élèves officiers et sous-officiers arméniens à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtiquidan et à l’École nationale des sous-officiers d’active [ENSOA].

Le second axe développé par M. Lecornu porte sur la formation au combat d’infanterie, en particulier dans trois domaines : le combat débarqué, le combat en montagne et le tir de précision. Et cela supposera l’envoi en Arménie d’instructeurs militaires français, au sein de « détachements d’instruction opérationnelle » [DIO]. À noter qu’il est aussi question de livrer à l’armée arménienne des équipements dits de « cohérence, » comme des jumelles de vision nocturne [JVN].

Enfin, dans le domaine capacitaire, le ministre français a surtout insisté sur la défense aérienne. Et l’Arménie a confirmé l’achat de trois radars GM 200 auprès de Thales.

Mais comme M. Lecornu l’a souligné, « la détection n’a de sens que si elle s’accompagne de modules d’intervention et d’interception des attaques qui viendraient du ciel », une lettre d’intention a été signée pour livrer à Erevan – et dans un premier temps – des missiles sol-air Mistral 3. D’autres annonces pourraient suivre par la suite, un audit de la défense aérienne arménienne devant être mené prochainement avec le concours de la France.

Anticipant les critiques que l’Azerbaïdhjan ne manquera probablement d’émettre à l’endroit de la France [récemment accusée par Bakou de « mener une politique de militarisation » dans le Caucase, ndlr], M. Lecornu a mis les choses au clair. « Il suffit que l’on ne vous attaque pas pour que ces armes ne servent pas », a-t-il lancé.

Et d’insister : « La défense sol-air ne se déclenche que lorsqu’il y a agression. […] C’est un système d’armes qui, de par leur nature même, ne peuvent être mises en oeuvre que lorsqu’il y a une agression sur le territoire arménien et souvent avec des populations civiles en dessous ».

Photo : armée de Terre





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