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La France et l’Allemagne ont trouvé un accord industriel pour leur futur système de chars de combat


Annoncé en 2017 et mis sur les rails à l’issue du Conseil des ministres franco-allemand de Meseberg, un an plus tard, le Système principal de combat terrestre [MGCS, Main Ground Combat System] a pris beaucoup de retard par rapport aux objectifs initiaux, en raison de problèmes d’ordre politique, d’une certaine défiance de part et d’autre du Rhin et de désaccords entre les industriels concernés.

Confié à l’Allemagne [la France ayant la responsabilité du Système de combat aérien du futur, également mené en coopération], le MGCS devait faire l’objet d’une répartition des tâches à 50-50 entre les industriels allemands et français. Le rapprochement de Nexter et de Krauss-Maffei Wegmann au sein de KNDS avait d’ailleurs été décidé pour servir ce dessein. Seulement, l’arrivée de Rheinmetall dans ce programme, imposée par Berlin, changea la donne. Cependant, l’étude d’architecture [SADS Part 1] put être notifiée en avril 2020, après avoir été divisée en neuf lots afin de garantir l’équilibre entre Français et Allemands.

Pour autant, les désaccords entre industriels, notamment au sujet de l’armement du futur char de combat sur lequel reposera le MGCS, bloquèrent toute avancée. Les besoins exprimés par plusieurs pays après le début de la guerre en Ukraine incitèrent les uns et les autres à jouer leur propre partition, Rheinmetall ayant dévoilé le KF-51 Panther tandis que KNDS fit la promotion de l’E-MBT.

Aussi, les ministres français et allemand concernés, à savoir Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, prirent le taureau par les cornes en juillet dernier, en laissant le sentiment que le MGCS allait repartir [presque] de zéro.

En effet, après des discussions « franches et décisives », il fut d’abord demandé aux états-majors de se mettre d’accord sur une fiche d’expression commune des besoins. Ce qui fut fait en septembre, avec la signature d’un document appelé HLCORD [High Level Common Operational Requirements Document]. « Nous sommes les clients. Nous déterminerons ce que nous voulons », fit alors valoir M. Pistorius, rejoignant ainsi la position de son homologue français.

La fiche d’expression commune des besoins signée, il ne restait plus qu’à organiser ce programme selon plusieurs « piliers » afin d’assurer un partage des tâches à 50-50 entre les industriels allemands et français d’ici la fin de l’année 2023, voire au début de la suivante. A priori, l’équation étant compliquée, ce travail a pris plus de temps que prévu… En effet, il aura finalement fallu attendre le 22 mars pour qu’un accord soit annoncé par MM. Pistorius et Lecornu.

« Nous avons réalisé une percée aujourd’hui. Il n’est pas exagéré de la qualifier d’historique pour un projet comme celui-ci. Nous nous sommes mis d’accord sur la répartition de toutes les tâches pour ce grand projet », a en effet déclaré le ministre allemand de la Défense, lors d’une conférence de presse tenue à Berlin, au côté de son homologue français. Il « établit très clairement qu’en matière de production, il y aura une répartition de 50/50 entre les industriels » des deux nations, « sans aucune possibilité d’interprétations ou de malentendus, même de l’extérieur », a-t-il dit, après avoir admis que les discussions avaient été « compliquées » et « difficiles ».

« Nous avons un accord et nous nous en réjouissons », a confirmé M. Lecornu, en soulignant l’importance de « ce programme structurant pour les armées de terre des deux pays, fondamentalement structurant pour l’Europe, structurant même pour l’Otan ».

Cependant, rien n’a été dit sur l’arrivée de l’Italie dans ce programme, alors que Leonardo et KNDS ont signé un accord de partenariat « stratégique ». Accord dont s’était d’ailleurs félicité M. Lecornu, en évoquant une « opportunité pour l’industrie terrestre européenne, et en particulier pour l’industrie française ».

Cette accord sur le partage industriel sera officiellement signé le 26 avril prochain, à l’occasion d’une visite de M. Pistorius à Paris.

Selon les explications données par le ministère des Armées, le MGCS sera pensé comme un « système multiplateformes », avec un char doté d’un canon gros calibre et accompagné d’autres « modules » complémentaires interconnectés [dont un blindé lourd armé de missiles antichars, un véhicule d’appui robotisé et équipé d’une arme laser, des drones et des robots].





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