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La France est sur le point de « finaliser des mesures opérationnelles concrètes » avec l’Arménie


Le 15 octobre, vêtu d’un treillis, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a hissé le drapeau de son pays à Stepanakert, la capitale de l’ex-République d’Artsakh [ou Haut Karabakh], après en avoir fait la conquête lors d’une offensive éclair, menée le 19 septembre dernier en profitant de la passivité de la Russie, pourtant garante d’un accord de cessez-le-feu signé en novembre 2020 par Bakou et Erevan. Depuis, ayant subi un blocus imposé par Bakou pendant plusieurs mois, ce territoire s’est vidé de sa population arménienne.

La question est désormais de savoir si le président Aliev se contentera de cette conquête… En effet, l’Azerbaïdjan est soupçonné de vouloir profiter de sa supériorité militaire pour instaurer un accès à son territoire du Nakhitchevan, via le « corridor de Zanguezour », qui traverse la région arménienne de Syunik. Voire d’envahir carrément l’Arménie.

En tout cas, et à en croire Politico, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, aurait confié à une poignée de parlementaires que ses services considéraient l’hypothèse d’une invasion de l’Arménie par l’Azerbaïdjan dans un avenir proche.

Ayant assisté à cette réunion en comité restreint, le représentant Franck Pallonne, élu démocrate du New Jersey, a d’ailleurs relayé publiquement cette crainte. « Aliev va de l’avant avec son objectif de prendre le sud de l’Arménie », a-t-il affirmé, via X/Twitter. Et de souligner que son régime s’était « enhardi après avoir subi peu de conséquences » pour avoir assuré sa mainmise sur le Haut Karabakh.

Toujours selon Politico, M. Blinken aurait dit envisager de ne pas renouveler une dérogation Freedom Support Act, laquelle autorise les États-Unis à fournir une assistance militaire à Bakou depuis 2002, malgré ses différends territoriaux avec Erevan.

Cela étant, ce dossier est sensible pour la diplomatie américaine, laquelle cherche à ménager la Turquie, proche alliée de l’Azerbaïdjan, en vue d’obtenir son accord pour l’adhésion de la Suède à l’Otan.

De son côté, et alors que le Haut Karabakh a été conquis par l’Azerbaïdjan dans une relative indifférence générale, l’Arménie compte ses amis… Et la France en fait partie.

Lors d’un déplacement à Erevan, le 3 octobre, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a annoncé que Paris avait « donné son accord à la conclusion de contrats futurs […] qui permettront la livraison de matériel militaire à l’Arménie pour qu’elle puisse assurer sa défense ». Et d’assurer que cela se ferait « avec esprit de responsabilité de part et d’autre et sans aucun esprit d’escalade ».

Visiblement, la position française dérange. « Une mission de défense permanente a été ouverte et notre attaché de défense, un lieutenant-colonel expérimenté, fait l’objet d’attaques dans le champ informationnel : je tiens à le féliciter pour son engagement », a en effet déclaré Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors d’une audition au Sénat, le 11 octobre.

En tout cas, celui-ci a dit suivre le sujet de l’Arménie de « très près » et avoir établi une « relation de confiance » avec Souren Papikian, son homologue arménien.

« Le chef de l’État a clairement établi que notre agenda en matière défensive pouvait tourner autour de la vente d’armes. Je n’en dirai pas plus pour éviter les pressions, mais certaines armes peuvent être strictement défensives et surtout servir à protéger des vies et à assurer la sécurité », a ensuite continué M. Lecornu.

Et de conclure : « Je serai en contact la semaine prochaine avec le ministre de la Défense arménien pour finaliser des mesures opérationnelles et concrètes. La France est engagée auprès de l’Arménie ». Faut-il en déduire que les forces françaises participeront à des exercices en Arménie?

Photo : Missile MISTRAL – MBDA





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