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La Chine accuse l’US Navy d’avoir eu un comportement dangereux à l’égard de deux de ses navires


Dans un entretien accordé au quotidien « Le Monde » en juin 2021, l’amiral Pierre Vandier, alors chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], avait dénoncé l’attitude des forces navales chinoises à l’égard des navires français naviguant dans la région Indo-Pacifique.

« Nous avons beaucoup d’éléments qui montrent un changement de posture [chez les Chinois, ndlr]. Nos bateaux sont systématiquement suivis, parfois contraints de manœuvrer face à des navires chinois pour éviter une collision, au mépris des règles de la liberté de navigation que nous défendons », avait-il en effet expliqué.

Ce constat a également été établi par d’autres pays, dont l’Australie, le Canada et les États-Unis.

Encore récemment, Ottawa a dénoncé le comportement dangereux de pilotes chinois lors de l’interception d’un avion de patrouille maritime CP-140 Aurora de l’Aviation royale canadienne [ARC], lors d’une mission menée dans l’espace aérien international, au profit de l’UNSC ECC [United Nations Security Council Enforcement Coordination Cell], un organisme chargé de documenter les violations des sanctions internationales imposées à la Corée du Nord.

D’ailleurs, le 17 octobre, le Pentagone a dit avoir recensé « plus de 180 incidents » entre des aéronefs américains et chinois depuis l’automne 2021. Soit « plus qu’au cours de la décennie écoulée », a relevé Ely Ratner, le sous-secrétaire américain à la Défense pour l’Asie. Et si l’on tient compte des incidents ayant concerné les forces partenaires, le bilan grimpe « à près de 300 ».

« Au bout du compte, ce type de comportement opérationnel peut provoquer des accidents […] et cela peut conduire à des conflits involontaires », a souligné M. Ratner.

Dix jours plus tard, un nouvel incident est venu s’ajouter au bilan avancé par le Pentagone. En effet, le commandement américain pour l’Indo-Pacifique [US INDOPACOM] a dénoncé l’interception dangereuse d’un bombardier B-52H par un avion de chasse chinois de type J-11 au-dessus de la mer de Chine méridionale.

Selon lui, le J-11 a fait une approche à une « vitesse excessive incontrôlée, volant en dessous, devant et à moins de 3 mètres [10 pieds] du B-52 », ce qui a mis les deux avions en danger. « Nous craignons que ce pilote [chinois] n’ait pas réalisé à quel point il était sur le point de provoquer une collision », a affirmé l’INDOPACOM.

Comme toujours en pareil cas, le ministère chinois des Affaires étrangères a réfuté les allégations américaines… avant de tenir les États-Unis pour responsables de ce nouvel incident, estimant que la présence de ce B-52H en mer de Chine méridionale était une « provocation délibérée ».

« Les avions militaires américains ont parcouru des milliers de kilomètres jusqu’aux portes de la Chine pour montrer leurs muscles », a dénoncé Mao Ning, la porte-parole de la diplomatie chinoise.

Pour rappel, Pékin revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, quitte à contester les droits des autres pays riverains, comme les Philippines ou encore le Vietnam. Ce qui donne lieu, là aussi, à de fréquents incidents.

Cela étant, la Chine ne se contente pas toujours de réagir aux accusations des États-Unis : il lui arrive aussi d’en porter, comme elle l’a fait le 26 octobre, en dénonçant le comportement « dangereux » du destroyer américain USS Ralph Jonhson à l’égard de deux de ses navires, en l’occurrence le destroyer de Type 052D « Guilin » et la frégate de type 054A « Huangshan »

L’incident en question se serait produit en mer de Chine méridionale, le 19 août dernier. Selon les images fournies par la partie chinoise, l’USS Ralph Johnson a fait « une queue de poisson » au Guilin en effectuant un virage serré et aurait coupé la route du Huangshan en naviguant à 670 mètres de sa proue.

Selon le colonel Wu Qian, le porte-parole du ministère chinois de la Défense, les actions du navire de l’US Navy ont « mis en danger la sécurité nationale de la Chine » et ont violé les « réglementations internationales ainsi que les accords entre les nations concernant la sécurité des rencontres aériennes et maritimes ».

Pour le moment, les autorités militaires américaines n’ont fait aucun commentaire sur les allégations chinoises.

Cela étant, on peut se demander pourquoi Pékin a mis autant de temps pour dénoncer un incident survenu deux mois plus tôt…

Faut-il y voir un lien avec la visite à Washington de Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères? Ou y a-t-il un rapport avec le regain de tensions entre les Philippines et la Chine, après les collisions entre des navires philippins et chinois dans les environs du Second Thomas Shoal, un atoll convoité par Pékin.

En attendant, de telles interactions ne peuvent que faire augmenter le risque d’une « erreur de calcul ». En juin dernier, le destroyer américain USS Chung-Hoon avait été l’objet de « manoeuvres dangereuses » de la part d’un navire chinois, alors qu’il naviguait dans le détroit de Taïwan. Des manoeuvres quasiment identiques à celles décrites par Pékin au sujet de ses navires.





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