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« Je ne veux pas d’enfant et ça semble encore poser problème en France en 2024 »


Je pensais qu’avec l’âge, j’allais peut-être changer d’avis, mais je n’ai jamais changé d’avis”. Marine, Makeba, Laura et Léa font partie des “childfree”, ces femmes qui ne veulent pas d’enfants. Sur les réseaux sociaux, dans les brunchs ou au comptoir d’un bar, elles se font de plus en plus entendre. Ces femmes “SEnVOl”, comprenez “sans enfant volontaire”, mettent fin à l’injonction des femmes à enfanter. Pour Marie France, elles ont témoigné. 

Certainement pas plus nombreuses qu’hier, elles sont aujourd’hui des milliers à s’exprimer à voix haute. En 2010, selon une étude de l’Ined (Institut National d’Études démographiques), 4.3 % des femmes ne veulent pas d’enfants. Un choix encore incompris. “Je trouve ça très intrusif et très condescendant que des personnes pensent que je me trompe, puisque je ne veux pas d’enfants”, confie Marine, 36 ans, coordinatrice dans le secteur culturel. 

Pourquoi ces femmes ne veulent pas avoir d’enfant ?

Avoir un enfant, c’est devoir dire adieu à cette vie qu’elles ont construite. “J’ai peut-être trop conscience de ce que cela implique : énormément de temps, de patience, la vie qui change complètement. Je n’ai déjà pas assez de temps pour faire tout ce que je voudrais faire. Donc, je ne vois pas où je caserai un enfant là-dedans”, explique Marine, rejoint par Laura, 42 ans, au chômage, qui voit les conséquences de la venue d’un enfant dans sa vie. “Économiquement, c’est dur, même pour un couple, d’assumer financièrement les charges liées à un enfant”.

Souvent incomprises par leur entourage, les femmes qui ne veulent pas d’enfant sont regardées de travers. “Cela fait bien longtemps que j’affirme que je ne veux pas d’enfant. Maintenant, c’est acté et je n’ai plus vraiment de questions. Par contre, avant, on m’a toujours demandé pourquoi je n’en voulais pas ? C’est une question quasi-automatique. Et ce qui m’a toujours paru bizarre, c’est qu’on ne demande pas aux personnes souhaitant des enfants pourquoi elles en veulent ?” questionne la coordinatrice culturelle. 

"Je ne veux pas d'enfant et ça semble encore poser problème en France en 2024"

crédit photo : shutterstock

« Je ne veux pas d’enfant et alors ? »

Mais alors quel avenir pour les “childfree” ? Souvent ramenées à leur condition de vieilles filles entourées de chats, les femmes qui ne veulent pas d’enfant, voient-elles l’avenir de manière aussi pessimiste ? “Plus tard, je me vois entourée d’ami.e.s. Ce n’est pas parce que je n’ai pas une famille de sang que je n’ai pas construit ma famille de cœur. Ce sont mes amis qui seront là pour moi, comme je serais là pour eux”, assure Makeba, 38 ans, professeure en communication visuelle.

Entre 25 et 35 ans, la pression sociale pour avoir des enfants se fait ressentir. Elles pèsent principalement sur les épaules des femmes. Pour Léa, 24 ans, étudiante en pharmacie, la pression est d’autant plus forte. “J’ai un copain depuis 2 ans et je suis en train de poursuivre mes études, mais mes grands-parents ne cessent de me rappeler que ‘L’horloge tourne’”, raconte-t-elle. “J’ai un projet de vie et mon épanouissement personnel ne passe pas par la case enfant. Je sais déjà qu’en avoir un ne fera pas de moi une femme épanouie”. 

Le mythe de la femme reproductrice à déconstruire

Pour Makeba, la sensibilité écologique est également un aspect de la vie “childfree” : “Il y a évidemment le point climatique qui fait que les enfants de demain devront en quelque sorte sauver le monde, ce n’est pas un grand cadeau pour eux/elles”. Mariée à un homme pendant plusieurs années, aujourd’hui séparée et lesbienne, elle n’envisage pas non plus la GPA : “Il faudrait repenser notre société, avant de faire des enfants et d’être parents”. 

En France et dans le monde, le rôle de “femme reproductrice” semble tellement ancré dans la mémoire collective, qu’on en oublie presque que les femmes ont le choix d’avoir ou non un enfant. D’après le rapport de l’INED, cette construction sociologique est évidente en France. “Aux âges jeunes, le désir de fonder une famille est déjà très fort : on ne se projette que très rarement sans enfant”. Il est plus nécessaire que jamais de rappeler aux femmes qui désirent ou non des enfants : leur corps, leur choix. 





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