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Israël exige l’évacuation de la ville de Gaza sous 24 heures


Israël a ordonné vendredi l’évacuation sous 24 heures vers le sud de « tous les civils » de la ville de Gaza, au septième jour de sa guerre contre le Hamas, mouvement islamiste palestinien que le Premier ministre israélien a promis d’ »écraser ».

Depuis le début des hostilités, déclenchées le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas, environ 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées en Israël. Dans la bande de Gaza, les frappes israéliennes massives lancées en riposte ont fait 1.417 morts, dont de nombreux civils, selon les autorités locales.

L’armée israélienne « ordonne l’évacuation de tous les civils de la ville de Gaza de leurs domiciles vers le sud, pour leur propre sécurité et protection », a-t-elle annoncé dans un communiqué vendredi à l’aube.

Les civils devront « se rendre dans le secteur au sud du Wadi Gaza », un ruisseau situé au sud de la ville de Gaza, a-t-elle ajouté. « Vous ne serez autorisés à retourner dans la ville de Gaza que lorsqu’une autre annonce le permettant sera faite », a précisé ce communiqué.

À New York, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a confirmé que l’armée israélienne avait informé l’organisation de cet ordre d’évacuation, qui concerne selon lui environ 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza.

« Conséquences dévastatrices »

Il a averti qu’une évacuation d’une telle ampleur était « impossible sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices ».

Dans ces circonstances, « les Nations Unies appellent fortement à ce que cet ordre (…) soit annulé pour empêcher de transformer ce qui est déjà une tragédie en une situation calamiteuse », a-t-il insisté.

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, a vivement réagi.

« La réponse de l’ONU à l’alerte préalable d’Israël envers les habitants de Gaza est honteuse », a-t-il écrit dans un message envoyé par ses services, accusant l’ONU d’avoir « fermé les yeux face au Hamas ».

Quelques heures plus tôt, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait promis, à l’issue d’un entretien à Tel-Aviv avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, d’anéantir le Hamas, au pouvoir dans l’enclave palestinienne depuis 2007.

« Tout comme l’EI a été écrasé, le Hamas sera écrasé », a affirmé Netanyahu en référence au groupe Etat islamique.

Des déclarations qui laissent présager une offensive terrestre dans la bande de Gaza.

Le 7 octobre à l’aube, au dernier jour des fêtes juives de Souccot, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer, pour tuer plus d’un millier de civils dans la rue, chez eux ou en plein festival de musique, semant la terreur sous un déluge de roquettes. Le Hamas a également emmené à Gaza des dizaines d’otages.

Cette attaque d’une extrême violence a sidéré le pays et traumatisé les survivants et les personnes venues porter secours aux victimes.

Point de rupture

Dans la ville de Sdérot, proche de la frontière avec Gaza, Yossi Landau, un bénévole de l’organisation de secours israélienne Zaka, a presque atteint le point de rupture en récupérant les cadavres des victimes, et dit avoir été témoin d’une violence qu’il n’avait jamais vue auparavant.

Pendant que les combats faisaient rage entre le Hamas et les forces israéliennes, « un tronçon de route qui aurait dû prendre 15 minutes nous a pris 11 heures parce que nous sommes allés chercher tout le monde et les avons mis dans des sacs », raconte cet homme de 55 ans.

« J’ai senti que je m’effondrais, pas seulement moi, mais toute mon équipe », se souvient-il, décrivant des scènes abominables.

Après l’attaque, l’armée a affirmé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas infiltrés.

Le mouvement islamiste a par ailleurs enlevé plusieurs dizaines d’Israéliens, étrangers et binationaux. Israël recense 150 otages, alors que des centaines de personnes sont encore portées disparues et des corps en cours d’identification.

Israël a riposté en déclarant une guerre pour détruire le Hamas. L’armée israélienne a annoncé jeudi avoir largué sur la bande de Gaza environ 6.000 bombes pour un total de 4.000 tonnes d’explosifs depuis samedi.

Plus de 423 000 déplacés

Dans l’enclave palestinienne, le fracas des explosions, des drones et autres déflagrations est incessant, de jour comme de nuit.

« Pourquoi? On n’a rien fait! », hurle un homme en regardant des brancardiers emmener le corps sans vie d’un proche, tout juste sorti des décombres dans un quartier bombardé.

Plus de 423.000 Palestiniens ont été déplacés ces derniers jours dans la bande de Gaza pour fuir les bombardements, selon l’ONU, qui a lancé un appel d’urgence aux dons à hauteur de 294 millions de dollars pour répondre aux « besoins urgents » des territoires palestiniens.

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) accueille environ 64% de ces déplacés dans 102 de ses établissements.

Jeudi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a exhorté les Gazaouis à se montrer « inébranlables » et « rester sur leur terre », alors que les appels se multiplient pour que l’Egypte autorise un passage sécurisé pour les civils en provenance de la bande de Gaza.

L’Égypte, qui plaide en faveur d’une solution diplomatique et appelle à la retenue de part et d’autre, s’oppose à l’idée de laisser les Palestiniens fuyant la guerre entrer sur son territoire.

Boire de l’eau de mer

« L’unique centrale électrique de la bande de Gaza s’est trouvée à court de carburant et a cessé de fonctionner, coupant la seule source d’électricité » de l’enclave dont la plupart des habitants « n’ont plus accès à l’eau potable », a rapporté dans un communiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

Selon cette organisation, un réservoir d’eau et une usine de désalinisation avaient été touchés par des frappes aériennes.

« L’Unicef a indiqué que certains ont commencé à boire de l’eau de mer, très salée, et contaminée par 120.000 m3 d’eaux usées non traitées chaque jour », ajoute le texte.

La bande de Gaza, enclave pauvre et exiguë où s’entassent 2,4 millions d’habitants qui subissent un blocus terrestre, aérien et maritime depuis 2006, est désormais en état de siège, privée d’approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.

Outre les bombardements, l’armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour de Gaza et à la frontière avec le Liban, pays depuis lequel le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, lance régulièrement des roquettes contre Israël.

Blinken en Jordanie

Pendant sa visite-éclair en Israël, Antony Blinken a dit avoir discuté « des moyens de répondre aux besoins humanitaires des habitants de Gaza afin de les protéger, tandis qu’Israël mène ses opérations de sécurité légitimes pour se défendre contre le terrorisme et tenter de faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais ».

« Nous serons toujours à vos côtés », a assuré à Netanyahu le chef de la diplomatie américaine.

En Jordanie, où il est arrivé dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d’État doit rencontrer le roi Abdallah II et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il est ensuite attendu au Qatar, en Arabie saoudite, en Égypte et aux Émirats arabes unis.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir vendredi pour aborder la situation dans la bande de Gaza. Une première réunion du Conseil, le 8 octobre, n’avait abouti à aucune condamnation unanime de l’attaque du Hamas.



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