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Fridolin Nke tacle violemment Maurice Kamto


Le Dr Fridolin Nke adresse une lettre ouverte à Maurice Kamto dans laquelle il l’accuse d’avoir profané le cadavre d’Hubert Mono Ndjana en lui prêtant des propos malveillants. Le philosophe contestataire reproche à Kamto son tribalisme caché et sa méchanceté envers un grand penseur, Mono Ndjana, qui n’a jamais été ministre comme lui. Le Dr Nke met en garde Kamto contre l’enfermement tribal et le culte de la personnalité et l’appelle à se dépasser pour œuvrer pour le bien commun plutôt que de se laisser enfermer dans un clanisme destructeur.

Lettre ouverte à celui qui a profané le cadavre d’Hubert Mono Ndjana, mon Professeur

Professeur,

En date du 16 novembre 2023, au sujet du Professeur Hubert Mono Ndjana décédé, vous avez écrit : « Son tropisme ethno-idéologique l’a empêché de donner le meilleur de ce que lui autorisaient ses talents philosophiques. Je regrette qu’une telle vivacité intellectuelle fut mise au service d’une si mauvaise cause. En même temps je respecte son inlassable effort de penser. Que son âme repose en paix ». De prime abord, on pourrait penser à l’expression d’une âme compatissante. Mais le rappel du contexte de sanglantes batailles politiques, des atteintes à la dignité et des stigmates de blessures intellectuelles et physiques des années 80 que vous évoquez achève de convaincre le lecteur que ce qui parle n’est pas un cœur éploré ; que ce qui parle n’est pas un cœur.

Oui en effet, votre « tropisme ethno-idéologique » est un euphémisme pour diluer sournoisement l’intensité de votre haine à son endroit. Vous parliez en réalité de son tribalisme décrété par vos puissants lobbies : le La’akam et le Bamipower. Mais en tant qu’Agrégé respecté, vous ne pouviez vous permettre de vous exprimer comme vos quelques milliers d’envoûtés qui reprennent en cœur votre délire tribal et vos évangiles insanes. C’est donc au moyen d’un sacrilège, d’un acte d’avilissement radical et assumé, faussement présenté comme un hommage sincère, que vous avez pensé honorer, que dis-je, bafouer la mémoire d’un Maître de la pensée, un collègue tourné vers le Gai savoir et ivre de vérité, qui, de surcroît, meurt dans l’humilité, la sobriété, la dignité et l’humeur joviale et sereine de celui qui part sans garder dent à personne. On appelle cela la mesquinerie ou, en formule simplifiée, la bassesse.

Dans votre complot pour profaner le cadavre de ce disparu illustre, vous dites deux choses contradictoires : Hubert Mono Ndjana était un tribaliste ; il était malgré tout un grand Penseur qui ne savait pas utiliser la philosophie à bon escient. C’est sur ces propos diffamants que je vais m’appesantir. Je démontrerai d’abord que Mono Ndjana n’était pas un tribaliste et que c’est vous l’ethnofasciste (I) ; ensuite, j’établirai en quoi Mono Ndjana a mobilisé la philosophie pour une transformation éthique du régime, cependant que vous avez mis votre expertise juridique et votre aura pour consolider le pouvoir de Paul Biya, moyennant un poste dans son gouvernement (II).

Monsieur,

Je vous plains !

Vous m’avez atteint où il ne faut pas. Chez nous, les Éton, pour signifier à quelqu’un de manière véhémente qu’il a commis le pire des outrages à votre endroit, on recourt à une formule-choc :

« Il m’a atteint où l’abcès était apparu sur le corps d’Eyenga Emma ! »

Dis en français, cette apostrophe radicale de la dignité de l’interlocuteur imbécile perd son jus de dégoût et de scandale. Mais contentons-nous-en et retenons qu’il y a des parties du corps intouchables, il y a un niveau d’honneur qu’on ne viole pas. On n’y touche pas, non point seulement parce que ça fait très mal à cause de la sensibilité vitale dont ces endroits du corps sont assortis, mais aussi parce que lorsqu’un certain capital de pudeur est enfreint, le mépris et une légitime revanche s’installent dans le cœur.

Vous venez de profaner la mémoire de mon Maître, Pr Hubert Mono Ndjana. Songez que Nul n’a le monopole de la haine, de la délation, de la méchanceté, de la discrimination et du clanisme grégaire. Comme dit le Penseur, tout le monde peut maudire, tout le monde peut absoudre, tout le monde peut tuer, sinon l’amour n’existe pas, sinon Dieu n’existe pas. Le peuple Éton que vous avez insulté par votre référence à l’ethnie à laquelle Mono Ndjana appartenait ne vous le pardonnera jamais !

Pour vous, c’est une obligation de vous soutenir, vous le gourou-en-Chef et tous les Hauts représentants du Bamipower. Et l’allégeance doit être massive, exclusive, publique et tonitruante : il faut que l’on crie partout, sur tous les toits, votre nom prédestiné aux plus hautes charges républicaines, autrement vous n’êtes pas content. Il faut s’avilir, se laisser humilier, renoncer au moindre scrupule, jurer que l’on n’est pas avec Biya (parce que, pour vous, un Bëti est naturellement « Ekancre »), accepter que l’on est un moins-que-rien en face de sujets baignant dans la plénitude d’être, feindre que l’on est un buveur d’odontol-né. Il ne faut pas voir les injustices du Bamipower, mais exposer uniquement les crimes de Biya et du gouvernement, surtout ne jamais songer à critiquer Kamto. Bref, il faut se faire animal docile pour espérer bénéficier des décrets infâmes de vos mesquineries et de vos accolades bestiales. Dans le cas contraire, c’est le chantage permanent : tu ne seras plus rien sans nous, on ne va pas acheter tes livres, etc.

Chez vous, ça fonctionne comme dans la secte : on vénère des ombres obscurs et maléfiques qui effraient, jusqu’à l’épouvantail qui vous fascine et vous emmure dans une suffisance sans ressorts. Vous ne prenez pas la peine de réfléchir, vous ne prenez pas le temps de comprendre : vous êtes préoccupés par autre chose que la vérité et le bonheur.

Vos partisans radicalisés, affectés par leur minorité anthropologique, bafouent toutes les personnalités scientifiques et politiques qui ne vous sont pas favorables. Ils s’estiment très sensés par rapport aux autres qui seraient des buveurs d’odontol et des fous. Nous assumons cette folie et cet éthylisme qu’ils identifient en nous. Mais notre folie et notre alcoolisme sont moins pénibles que votre esprit grégaire et votre incontinence éthique sans précédent. Vous laissez votre cœur purulent de clivages, de discrimination et de haine déborder d’écume visqueuse au souvenir des admonestations morales (reproches vertueux) de Mono Ndjana qui, depuis qu’il a dévoilé le pot aux roses des tripatouillages dans les délibérations du Baccalauréat à Bafoussam en 1989 en tant que Président du Jury, vous hante comme un mauvais esprit. Quelle conscience lascive lessivée par des puanteurs innommables ! Toujours dans les régressions, dans les petitesses, dans les vulgarités ! Vous venez en grappes maudites, comme des fruits avariés tombés des arbres excrémentiels de l’enfer, et vous vous gaussez de mes misères conjoncturelles, comme si l’un de vos brailleurs des réseaux sociaux pouvait avoir un millième de mon intégrité et de ,on courage pour affronter frontalement l’appareil sécuritaire tueuse de Biya !

Sur ma page Facebook officielle, un internaute avisé vous interpellait un jour en ces termes : « Quelle République voulez-vous, une république de mensonges où la justice est rendue dans les RS au gré des intérêts partisans et communautaristes ? » Il avait vu juste.

Je sais que le complexe de supériorité est une maladie, la maladie de l’entêtement et de l’aveuglement, mais respectez-nous ! Vous prétendez lutter pour la justice et pour une République exemplaire et vous couvrez le faux ! Vous prétendez œuvrer pour la cohésion inter-ethnique, mais vous encouragez l’encapsulement de petits îlots ségrégationnistes au cœur de la société, dont les représentants lancent des fatwas aux objecteurs de conscience qui s’aventurent à leur tirer moralement les oreilles ! On comprend que ceux qui sont viscéralement haineux et tribalistes n’aiment pas qu’on parle de leur tribu ou du tribalisme tout simplement. Mais chaque jour, ils qualifient les autres des Tribalistes.

Monsieur le Spécialiste du tribalisme,

J’ai eu l’occasion de discuter avec vous à deux reprises, en présentiel, sans compter nos échanges épistolaires occasionnels via l’application WhatsApp. Au cours de nos rencontres au siège de votre parti politique, en vous observant de près, j’avais fini par croire que ce front plissé et ses lignes raides et verticales symbolisaient la trajectoire d’émancipation qui doit encadrer fermement nos pas vers la Terre promise du progrès et du développement.

J’avais imaginé que votre difficulté à sourire et à ouvrir spontanément votre cœur à vos interlocuteurs était l’opportunité à saisir pour ceux-ci afin qu’ils acquièrent l’esprit de sérieux et qu’enfin nous guérissions de notre maladie de l’enthousiasme et du rire qui nous fait nous gausser (plaisanter, blaguer) de tout, même des assassinats insoutenables et des crimes économiques les plus épouvantables dans notre pays.

J’ai même cru que cette âme insensible d’apparence que ma sonde dialectique percevait à travers votre regard froid préfigurait l’Esprit quasi messianique de sacrifice de soi et de détachement qui habite la matière organique des Grands hommes d’État.

Je m’étais, en outre, convaincu que cette sobriété affichée, cette absence manifeste d’expansivité et cette spontanéité réfrénée vous prédisposaient à la densité anthropologique propre aux Hommes de pouvoir qui ont fait l’Histoire et qui y recouraient systématiquement pour fécondent la distance émotionnelle et la hauteur morale exigibles de par leur statut si singulier.

Et que dire de cette mine assombrie et de cette assurance lézardée qui me paraissaient comme des marques indélébiles de l’honneur, du sens du devoir, de l’esprit de sacrifice et de l’amour de la patrie ; que c’était les stigmates du souci permanent affiché pour le bien-être de vos concitoyens.​

Maintenant, je comprends l’entourloupe. J’ai longtemps pensé que le masque était un décor culturel. Avec vous, j’ai compris qu’il est un trait de caractère, la peau craquelée d’une plaie psychologique gangrénée.

Ébahi, stupéfait, j’ai ouvert les yeux devant votre cynisme émancipé et votre singulière imposture. En lisant vos attaques contre un mort si inoffensif, je me suis souvenu de ces paroles prémonitoires de mon Maître : « Le génie de l’ethnofascisme consiste à transformer la mort d’un homme en événement politique » (Hubert Mono Ndjana, « De l’ethnofascisme dans la littérature politique camerounaise », 1987). Quelle lucidité !

Je sais, désormais, que vous êtes inapte à banaliser les déboires du passé et à oublier de menus impairs subis ; je sais que vous manquez d’une sensibilité éthique avenante susceptible de vous aider à faire acte de contrition (demande de pardon).

Je sais qu’avec la pression que vous subissez de la part de vos ouailles à cause du venin de l’auto-exclusion et de la haine tribale que vous leur inoculez, vous n’avez pas la force de caractère et l’énergie morale capable de vous aider à confondre des préjugés hérités de la géographie ; que votre personnalité séquestrée n’est pas assez rustique et métissée pour faire ombrage à votre vanité, malgré une excellente instruction acquise au détriment des civilités villageoises imprimées dans votre subconscient.

Je comprends enfin votre modus operandi : lorsqu’on vient vers vous, ce n’est pas pour être accueilli comme un potentiel contributeur susceptible de fructifier le combat des idées et les luttes politique ; c’est pour se faire acheter. Et mon imagination enflammée va plus loin au travers des flic-flacs endiablés et je me remémore cette autre rencontre qui illustre à quel point nous sommes à la merci de la bourgeoisie politico-économique qui, depuis les indépendances, féconde les dérives axiologiques que Mono Ndjana a dénoncé toute sa vie. Un jour Severin Tchounkeu, le PDG d’Équinoxe Télévision, un membre éminent du Bamipower, me remit gracieusement et par surprise 250 mille francs. Il avait saupoudré son don inespéré de la promesse de me faire rencontrer un Mauvais Esprit puissant dans la capitale. Je subodore qu’ayant reçu une enveloppe de 300 mille (50 mille de plus) de votre part comme appui à la publication du livre Paul Biya. Chroniques de la Fin : Réflexions sur le naufrage d’une autocratie, vous alliez me conduire directement dans les appartements privés du diable en personne. Le vrai Faml’a quoi…

Monsieur le ministre,

Laissons de côté ces émanations malsaines du lac de ma mauvaise foi et revenons sur le terrain politique et de la pensée philosophico-politique, dont vous aviez jadis esquissé quelques théories. Vous avez travaillé dans le gouvernement de Paul Biya pendant sept ans. Je vous revois dans une de vos sorties en train d’encenser votre Chef, le Président de la République, dont vous vantiez alors, en mondo vision, les « qualités exceptionnelles d’homme d’État ». Mono Ndjana n’a jamais été ministre, encore moins Doyen de Faculté, comme vous. De vous deux, qui s’est donc résolument mis au service de cette « si mauvaise cause » ?

Sachez que ceux qui tuent ce pays, ce ne sont pas seulement les membres attitrés du régime crépusculaire des super-Bulu, ce ne sont pas seulement les satanistes qui déambulent quotidiennement dans les bureaux de la Présidence à Étoudi ; c’est aussi le fait des propriétaires des grands groupes privés, les sociétés écrans des dignitaires Bamiléké, leurs universitaires au cœur du système gouvernant actuel et tous ceux qui font des affaires louches avec les Owona, les Biya, les Amougou, les Ngoh Ngoh, etc. Les Camerounais ne sont pas dupes de vos accointances criminelles.

Monsieur le Président,

Vous êtes le Leader des excès. Le culte de votre personnage en lui tout seul est le Temple maudit des suprémacistes du Village. Aussi, je vous comprends : vous n’avez que faire de la justice positive, car LA norme pour vous, c’est vous ! Vous ne discutez avec personne. C’est ce que vous dites ou faites qui est bon, beau, bien. Vous ne doutez pas, vous ne vous posez pas de question sur le donné ou sur ce qui se produit sous vos yeux : vous proclamez La Vérité du nombril qui DOIT s’imposer à tous ! Vous ne prêchez pas un Dieu unique, ce n’est pas une trinité, comme chez les Chrétiens ; c’est une dualité : l’Argent et Kamto ! Ce n’est donc pas le Peuple qui vous importe : c’est l’indifférence d’avec tout ce qui ne touche pas à votre portefeuille et à votre délire politique.

L’amour d’un prochain qui ne serait pas votre riverain sanguin vous est inconnu ! Vous n’aimez que la paix qui serait une déclaration de guerre à ceux que vous abhorrez (haïssez) ! Au fond, vous avez horreur de la Vérité ! Vous combattez l’égalité ! Vous détestez la justice !

Chez vous, on peut pactiser avec le diable (RDPC) la nuit et jouer au Révolutionnaire le plus exigeant le jour ; on peut s’adonner à tous les rentables et criminels trafics en sous-mains, à toutes sortes d’opération de frelatage des produits qui tuent les compatriotes, développer une boulimie irrépressible à l’égard des biens immobiliers (le foncier notamment), se coincer de l’intérieur de soi vis-à-vis des autres, s’autoriser de parler de tout, de tout le monde, mais pourtant, interdire à autrui de parler du « peuple élu ». Et vous voulez quand même gouverner un pays si contrasté, avec des intelligences si rébarbatives !

Monsieur le Ministre,

La philosophie, c’est l’épreuve du danger. Et Mono Ndjana a fait de ce danger son métier. Le philosophe, en tant que nocturne travailleur du jour, est obligé de s’exprimer. Nous sommes sommés par le Peuple de nous rendre audibles pour nous renflouer et renflouer spirituellement et moralement la Nation, et pour justifier notre salaire, car notre parole est le mouchoir qui essuie la sueur du contribuable et panse ses plaies dans son cœur meurtri. Un philosophe authentique (pas un Fake) n’a pas le goût de haïr ; il n’a pas le temps de se constituer en un tribaliste.

Hubert Momo Ndjana a été l’un des premiers, sinon le premier, à exposer aux yeux de tous le risque que les agissements ethnofascistes de vos pairs faisaient peser sur la cohésion sociale et l’unité nationale. C’est cela le rôle du philosophe : il sonde la bêtise et montre aux yeux de ses concitoyens le volume d’asticots qui en constituent la putréfaction. Philosopher, c’est perturber les équilibres factices pour mieux renforcer les fondations de la République, qui est le bien commun.

Très souvent le délire d’indifférence par rapport à la réalité, consécutif à l’automystification-autovictimisation des « élus », est ce qui autorise la folie de la défiance envers la marche inexorable du Temps. Les philosophes de l’histoire disent souvent que « le fait humain est irréductible », c’est-à-dire, très simplement, on ne peut ni prévoir ni interpréter en toute objectivité les pensée et les actions des sujets de l’Histoire. Donc, votre assurance en l’infaillibilité et en la toute-puissance de quelques sujets rationnels par rapport au silence ou à l’apathie apparente de quelques autres acteurs sociaux est surfaite. On peut juste prévoir, réguler, atténuer les effets corrosifs des bégaiements inéluctables du cours de l’histoire, et non prétendre régenter l’univers entier à l’aune des fantasmes exclusifs de quelques étourdis bagarreurs.

L’exclusion dont vous vous plaignez, vous l’avez fabriquée de toutes pièces dans le laboratoire de vos folies expansionnistes. Vous vous faites si intolérants, si démoniaques, que vous provoquez les gens partout, en fabriquant des épouvantails politico-idéologiques dans vos officines maudites. Après, vous venez hypocritement pleurnicher avec d’abondantes larmes de crocodile. Vous distillez la haine à tout vent et vous plaignez après coup que vous êtes victimes d’ostracisme et de tribalisme d’État, que vous êtes persécutés, marginalisés. Vous êtes impatients, irascibles, aveuglés par vos miasmes claniques et n’entendez point raison, mais vous accusez les autres de diviser, alors que vous êtes les diviseurs-en-Chef.

Un temps, j’ai cru bon de vous faire confiance, en m’imaginant que nos luttes respectives avaient le même enjeu, à savoir, la transformation qualitative des conditions de vie des Camerounais dans leur ensemble. Mais je me suis vite ravisé, après que vous m’avez renié non seulement parce que je ne me suis pas du Village (d’après vous, un Révolutionnaire Bëti, donc « étranger », est une impossibilité historique ; un N’kwa n’est pas digne de porter la tunique en tissu ndop du Révolutionnaire-type sort des plateaux de l’Ouest avec l’aisance d’un champignon comestible), mais aussi parce que je ne vous ai pas suivis dans leur haine contre Amougou Belinga et dans votre complot pour partager le pays entre les Nanga et les Bamiléké, c’est-à-dire dans votre projet malsain de remplacer les Bulu actuels par une engeance plus féroce et assassine. Maintenant plus qu’avant, vous moins enclins à la tolérance ; vous êtes davantage aveuglés par votre tristesse légitime et votre petitesse, vous êtes plus insoucieux de l’objectif commun qu’auparavant, plus imperturbables dans vos instincts de discrimination, plus décomplexés aussi dans votre solidarité villageoise.

C’est que vous n’avez pas encore compris le sens des sacrifices en République : il faut tuer le « Moi » pour sentir le vrai poids du monde sur soi…. C’est le principe premier de la « science » du Discernement ! L’office ingrat et sacré du philosophe est conditionné par le désordre social. C’est à l’encontre de l’ordre de la bêtise dans les têtes et les cœurs coincés dans leur prisme suprémaciste qu’il déploie son ingéniosité critique. Le philosophe entre de plain-pied au cœur des catastrophes, des cataclysmes sociaux, des désastres humains pour en dégraisser le coefficient létal.

Monsieur le Président,

Au-delà de ma verve empestée, je m’efforce de vous faire comprendre qu’il faut vous trahir, vous le Peuple de l’Ouest, comme certains parmi nous le faisons, nous du « pays organisateur ». Nous devons être capables de nous faire violence, en dénonçant ce qui, en notre être profond, est foncièrement auto-glorificateur, conformiste et antiprogressiste. C’est lorsque la majorité se sera élevée à ce niveau, en fuyant cette fausse pudicité que certains revendiquent et qui est le manteau aveuglant de l’automystification, qu’on pourra faire foule et nous constituer en un Peuple, pour pouvoir un jour déloger la dictature et ses satanistes. Dans le cas contraire, contentons-nous de jouer aux Combattants risibles, complices mi-inconscients mi-complaisants de notre propre anéantissement économique et politique…

Or, votre aveuglément à s’acharner sur un cadavre avec des mots entachés de vilénie (grossièreté, saleté), en vous exposant aux foudres de la loi portant Code pénal qui, en son article 305, réprime « la diffamation dirigée contre la mémoire d’un mort », vos épanchements haineux, dis-je, tout ceci est à l’image de la gestion alambiquée de votre parti politique (quoique ce ne soit point l’objet de mon propos ici), caractérisée par un culte de personnalité moyenâgeux et un messianisme étouffant. Au final, le masque de l’imposture tombe : devant ce Grand mort, devant ce tourbillon de vie altière qui se dissipe avec tristesse sous le regard médusé du monde universitaire, vos attaques symbolisent rien de moins qu’un naufrage dans l’espièglerie (gaminerie), le naufrage d’un aventurier des prairies de la discrimination dans le marécage du tribalisme non-assumé et de la haine. Vous êtes donc un haineux rancunier qui joue au mélancolique inspiré devant un mort distingué. Ça fait deux péchés mortels enfouis dans une même âme solitaire, entravée de vives et meurtrières rancœurs.

Professeur Maurice Kamto,

Si vous pouviez apprendre à philosopher véritablement (c’est-à-dire à penser contre soi, plus simplement, à chercher à comprendre sans y mêler vos passions, vos préjugés, vos appréhensions, vos haines ruminées, voire vos frustrations ensevelies, vous comprendriez et verriez des choses que le commun des mortels n’anticipe pas ou n’envisagent pas ; un Nouvel horion se dessinerait ; vous seriez un puissant Esprit dans un corps frêle de Juriste.

Les véritables messagers du Changement requis dans notre pays, c’est NOUS ! Le changement et la Renaissance ne se feront pas au nom et en fonction des intérêts d’un groupe, d’un clan, d’une tribu, d’un groupuscule d’illuminés suprémacistes. Ils se feront par tous, au nom de tous, de tout le Peuple chantant en cœur sa libération. C’est pourquoi certains compatriotes qui n’ont pas la hauteur ou dont le cœur est trop saignant pour recevoir en son sein une affection multiethnique vont échouer et VONT TOUJOURS ÉCHOUER politiquement…

Pour terminer, je m’interroge : allez-vous vous résoudre à porter définitivement une étiquette si misérable de Chef de clan ? Accepteriez-vous de vous laisser considérer ad vitam aeternam dans l’opinion publique nationale et internationale comme le Prophète de la Grande fatigue, l’infréquentable Roi de la mesquinerie et le Seigneur de la duplicité et de la division des Camerounais ? Vous vous êtes donc résigné à ce qu’on retienne de vous que vous fûtes l’homme politique le plus haineux, le plus clivant et le plus maladroit depuis notre indépendance jusqu’à nos jours ? Va-t-on retenir de vous que vous fûtes une petite nervure de tristesse, de haine, un condensé d’animalité exercée à quelque noblesse imaginaire qui, pourtant, est hors de son insignifiant ressort ?

Le plus drôle dans ce marasme multiforme que vous incarnez, c’est que vos suiveurs moutonniers ne semblent pas se rendre compte à quel point leur héros ne cesse de s’enfermer lui-même dans sa sphère tribale en créant des polémiques contreproductives. C’est assez drôle de la part de quelqu’un qui rêve de porter une ambition nationale. J’en conclus qu’il nous faut tuer l’esprit de fanatisme tribal pour régénérer l’opposition au Cameroun.

Un leader politique parle du point de vue de la République, de la Patrie, qui est multiculturelle et dont chaque entité doit chercher à communier avec les autres et non chercher absolument à se distinguer d’un grand ensemble qui serait amorphe et dont les difformités démontreraient aux yeux de tous la singularité, l’originalité, l’exclusivité ontologique d’une tribu « élue » par rapport aux autres qui seraient le vrac.

En ce sens, il faut revenir au mot de Pascal : le moi est haïssable ! On n’a pas suffisamment compris cette expression : nous devons nous faire violence pour expurger de nous cette vanité naturelle qui nous pousse, par instinct de survie, à suspecter les autres et à fomenter des plans de concurrence et de compétition inavouées contre ces derniers. Le moi est haïssable, ça veut donc dire qu’il faut se méfier de ses propres excès d’assurance et de l’attrait de la morgue qui nous tient tant prisonnier de notre auto-glorification.

Pouvons-nous rester frères et sœurs de cœur, malgré les brisures de la conjoncture sanglante que fait couver le Prince et ses renardeaux ?

Monsieur le ministre,

Quoique vous ayez décidé de trépasser politiquement, le cœur noir enrichi de vos aigreurs et de vos rancunes du passé, souvenez-vous néanmoins que Nietzsche dit de l’homme qu’il est quelque chose qu’il faut dépasser, autrement il demeurera le torrent de boue qu’il est par essence. Nous devons tous nous dépasser vers une nouvelle Naissance, pour échapper à l’abîme de la suffisance, au vacarme de la vanité en bute au narcissisme, quitter le Temps de midi et instituer l’ère de l’Avenir, une aube de moissons d’humains neufs au moyen d’un éclat de rires ou d’un accès de honte. Tel est l’enjeu de toutes vos revendications, de toutes nos luttes civiques et professionnelles, des tortures subies par les militants et sympathisants du Mouvement de la Renaissance du Cameroun, et même de la mort que ce régime nous inflige sans pitié.

Hubert Mono Ndjana, qui savait que l’empathie et l’introspection sont les vitamines de l’âme et qui refusait de se lasser d’espérer, a opté pour un éclat de rire dans son ultime vidéo laissée à la postérité. Comme Zarathoustra, il se laissait submerger par ce divin chaos en soi qui donne le jour à une étoile qui danse.

Maurice Kamto, êtes-vous encore capable de regarder en vous-même la trame de votre humanité qui ruse, larmoie, profane et périclite ? Que choisirez-vous, à votre tour, à la fin ?

Fridolin Nké





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