Fokus manque (de peu) sa cible
Le jeune parti n’a pas réussi à propulser son leader Frank Engel à la Chambre, mais son résultat l’inscrit dans le paysage politique.
Il y a des soirées qui laissent un goût étrange en bouche, difficile à cerner. Pour les premières législatives de Fokus, sa tête de liste, Frank Engel, a connu cette drôle d’ambivalence. Sa mine en clair-obscur en témoigne, alternant triste moue et sourire crispé. Son président, Marc Ruppert, a la formule : «Une double sensation». Un constat qui se mesure en effet selon deux perspectives bien distinctes : à hauteur d’homme, et à hauteur de parti.
Pour ce qui est du jeune parti, fondé il y a un an et demi, les raisons de voir d’un bon œil ces élections (après des communales menées au pas de charge) sont nombreuses : déjà, chose non négligeable, en passant au-dessus de la barre des 2 %, Fokus voit sa campagne remboursée. Sans quoi, comme le précise encore Marc Ruppert, «sa survie aurait été compromise». Ensuite, au Nord comme à l’Est, ces résultats soutiennent et dépassent ceux, par exemple, de dei Lénk, parti bien plus établi avec ses deux sièges au Parlement.
De quoi tirer une observation. Deux même : que «les partis qui font de la politique sérieusement, même entre deux échéances, ça marche!» Et, par ruissellement, que Fokus semble lancé dans une «aventure» qu’il souhaite «belle», notamment à la vue de ses résultats «respectables». Mais il y a un hic : l’échec de Frank Engel au Centre (2,69 %), sur lequel son parti avait tout misé selon un slogan tout trouvé : «Voter Fokus, c’est voter Frank Engel!»
Mais voilà, pour atteindre le Graal et la clé de la Chambre, il aurait fallu atteindre 3,3 %. «Il ne manquait pas grand-chose», calcule Marc Ruppert, ce qui rajoute à la désillusion : «Il a l’impression que les Luxembourgeois ne l’ont pas soutenu», ajoute-t-il. Au point que dimanche, Frank Engel annonçait «prendre du recul» avec la vie politique. Pour un parti qui se dit «de la raison et de la responsabilité», gageons que ce soit une réaction à chaud.
