InternationalSociété

[Élections législatives] Fokus : «L’idée d’avoir un siège était quand même optimiste»


Avec 2,49 % aux élections législatives, Fokus rate de peu son entrée à la Chambre des députés mais voit tout de même sa campagne remboursée. Un soulagement pour le petit parti créé l’année dernière qui va pouvoir continuer à exister comme l’affirme son président, Marc Ruppert.

Quel bilan tirez-vous de ce scrutin?

Marc Ruppert : On a fait un score tres respectable avec 2,5 % au niveau national. Cela va nous permettre d’obtenir le financement de la campagne, ce qui était le premier objectif pour établir le parti dans le paysage. Il faut des soutiens financiers pour se professionnaliser, avoir des bureaux, des gens qui travaillent pour le parti…  Le deuxième point, c’est qu’au cours de la soirée, on espérait pouvoir obtenir un siège, notamment au Centre avec Frank Engel. Il ne manquait pas grand-chose. Assez vite, j’ai remarqué qu’on n’était pas d’accord sur l’analyse. Sur son score, lui disait qu’il aurait pu faire mieux et moi que c’était un très bon résultat. Dans l’émotion, il a annoncé qu’il allait, non pas se retirer, mais rester dans le parti sans être en première ligne. J’ai décidé le soir même qu’on n’allait pas faire de comité dès le lendemain mais attendre lundi prochain (NDLR : lundi 16 octobre), pour laisser à tout le monde le temps de faire les analyses.

Vous avez raté de peu l’entrée à la Chambre tout comme c’était le cas aux communales, c’est tout de même une déception.

Ça aurait été une super chose. Mais déjà après les élections communales, le bourgmestre de Vichten, Luc Recken, a rejoint Fokus. On a aussi un échevin dans une commune du Centre. On a des élus mais qui n’ont pas été pas élus au nom de Fokus. L’idée d’avoir un siège était quand même optimiste. En fin de compte, les électeurs ont clairement montré qu’ils voyaient bien une place dans le paysage politique pour ce nouveau parti. Mais on sait bien aussi qu’il faut du temps, il n’y a jamais eu un parti nouvellement créé qui est entré au Parlement.

C’est ce manque de visibilité qui a empêché Fokus de rentrer à la Chambre?

Il y a plusieurs facteurs. Le CSV et les autres partis ont fait une campagne pour dire que toutes les voix devaient aller à un seul parti. Ce qui explique le grand nombre de suffrages de liste. Il y a eu moins de panachage qui, pour un nouveau parti, est très important. Après, pour cette campagne, on a eu environs 70 000 euros de dépenses. Pour les communales, les grands partis avaient 600 000 euros, donc je suppose que là ils seront au-dessus du million. C’est une différence énorme, on n’a pas pu faire de publicité dans les médias. Ce sont des choses qui n’ont pas été en notre faveur. Les petits partis sont défavorisés dans le système actuel.

Les petits partis sont défavorisés dans le système actuel

Frank Engel veut se mettre en retrait. Est-ce que cela va changer quelque chose pour Fokus?

Ça dépend du comité. Pour moi, le plus important est de pouvoir compter sur son expérience, ses idées. C’est un moteur. Frank est un des meilleurs politiciens au Luxembourg. Je sais qu’il va rester au parti, ça déjà c’est très important. Après, on va discuter dans quelle fonction. C’est à lui de décider ce qu’il veut faire et à nous de décider dans quel rôle.

Maintenant que les deux grandes échéances électorales sont passées, comment Fokus va pouvoir exister?

L’existence est garantie grâce au support financier. Je pense qu’on pourra jouer un rôle. On peut très bien faire une opposition constructive mais en dehors du Parlement. Les pirates ont déjà démontré que c’était possible. Après, dans huit mois, il y a les élections européennes. On va certainement présenter une liste. Ensuite, on a trois ans. Les préparations pour les prochaines législatives vont commencer un an avant l’élection. Durant ces trois ans, le boulot sera de faire grandir ce parti, utiliser nos moyens pour se professionnaliser. Il faut commencer à bâtir toute cette structure pour les prochaines législatives. Ça va déjà nous prendre du temps, donc je suis heureux qu’il n’y ait pas d’élections tout de suite.

À une époque où les votes radicaux sont de plus en plus nombreux, est-ce que se réclamer du centre n’est pas un handicap?

C’était la question que je me posais aussi quand on a fondé le parti. Quelque part, c’était un test de voir si un pays comme le Luxembourg peut accueillir un parti qui ne joue pas la carte du populisme. Je pense que oui, il y a moyen d’implanter un nouveau parti qui travaille sur des sujets concrets. On peut même élargir notre électorat. Je suppose que le nouveau gouvernement ne va pas faire mieux que les autres, d’autant que certains problèmes ne sont toujours pas résolus depuis 30 ans comme la mobilité ou le logement. Dans ces domaines, on a proposé des idées plus pointues et je pense que cette trame va nous permettre d’avoir du succès. Ils ne vont pas trouver des solutions courageuses, d’autant plus que la priorité pour Luc Frieden est de soulager tout le monde. S’il fait ça, il n’aura pas le budget pour de grandes réformes.

Vous êtes un ancien du CSV. Comment voyez-vous la nouvelle coalition qui semble se profiler?

La vitesse à laquelle les partis semblent se trouver me surprend, car je sais bien qu’au DP il y avait des ressentiments très négatifs par rapport au CSV. Pour le DP, c’est un parti qui n’a jamais réussi à se réformer, même après dix ans d’opposition. Ils n’ont pas réussi à se rajeunir et ont pris quelqu’un qui était déjà membre du gouvernement de Jean-Claude Juncker, donc je suis surpris de la vitesse à laquelle on a oublié que c’était l’ancien CSV qui est là. Je ne pense pas qu’ils vont reformer le pays sur les dossiers où il en a besoin.



Source link

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

RSS
Follow by Email
YouTube
Pinterest
LinkedIn
Share
WhatsApp