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Drones : Le général Schill veut insuffler l’esprit « Start-Up Army » à l’armée de Terre


Lors de la Première Guerre Mondiale, plusieurs inventions majeures firent leur apparition sur les champs de bataille, comme, par exemple, le char de combat. Et cela, en plus du perfectionnement d’armes qui existaient déjà, que ce soit dans le domaine de l’aéronautique ou dans celui de l’artillerie. Cependant, ces innovations furent souvent issues de concepts imaginés bien avant le début du conflit.

Cela étant, la nature des combats ayant évolué, la guerre de positions ayant succédé à la guerre de mouvement, les belligérants durent s’adapter. Ce qui produisit de nombreuses innovations venues de la base. Cette tendance fut encouragée par le commandement français… Ce qui donna lieu à l’obusier portable pneumatique de 60 mm à tir courbe inventé par Edgar Brandt, au système de tir à travers l’arc de l’hélice imaginé par le lieutenant Roland Garros ou encore à la « Sauterelle d’Imphy » mise au point par le capitaine Élie André Broca en s’inspirant de l’arbalète.

Par bien des côtés, la guerre en Ukraine ressemble aux combats de 1914-18. C’est, en tout cas, le constat que fait le général Valeri Zaloujny, le commandant en chef ukrainien. « Tout comme lors de la Première Guerre mondiale, nous avons atteint un niveau technologique qui nous met dans une impasse », a-t-il récemment estimé dans les pages de l’hebdomadaire britannique The Economist.

Aussi, pour espérer en sortir, il faudrait un « saut technologique massif » car, a-t-il dit, « cette guerre ne peut être gagnée avec les armes de la génération passée et des méthodes dépassées ». Or, pour le moment, il n’y a pas de « game changer », c’est à dire d’arme permettant à l’un ou l’autre camp de prendre le dessus. D’où des efforts continus d’adaptation… Ce qui passe par l’innovation en matière de robotique, de drone ou encore de guerre électronique. Les Ukrainiens l’ont compris les premiers… Et les Russes tentent de suivre, comme l’a souligné le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], dans un courte analyse du conflit publiée sur les réseaux sociaux.

« L’armée ukrainienne démontre une maîtrise incontestable de ce domaine depuis le début du conflit, notamment par sa capacité d’innovation réactive. C’est visiblement au tour de l’armée russe de s’adapter, avec des capacités accrues [charge utile et rayon d’action plus importants, mise en œuvre via des drones-relais ou porte-drones, autonomie accrue, IA intégrée…], même si son développement semble freiné par la bureaucratie militaire », a en effet observé le général Schill.

Mais ce sont les drones qui attirent plus particulièrement l’attention du CEMAT. Leur « place dans le conflit russo-ukrainien, ainsi que leur prise en compte par les deux belligérants sont emblématiques et très instructives quant à l’aptitude d’une armée à s’adapter à la nouvelle conflictualité », écrit-il.

Mais à la « bureaucratie militaire russe » [et la France n’a sans doute pas de leçon à donner en la matière…], le général Schill préfére évidemment l’approche ukrainienne, qui n’est sans doute pas sans rappeler, toute proportion gardée, celle qui fut adoptée par les armées françaises durant la Première Guerre Mondiale.

« Innovation réactive en bottom-up [c’est à dire qui vient de la base, ndlr], adaptation des modes d’action et des organisations, esprit ‘Start-Up Army’, mobilisation de l’industrie de défense pour passer à l’échelle… Autant de facultés que nous devons faire nôtres », fait ainsi valoir le CEMAT.

Cette approche doit aussi s’appliquer pour la lutte anti-drones « car nul doute que, dans quelques années, le balancier reviendra du glaive à la cuirasse » et ce sera à « celui qui saura neutraliser la menace adverse que reviendra l’avantage, en attendant la prochaine rupture technologique », soutient-il. Il s’agit de « ne pas avoir une guerre de retard », insiste-t-il.

En matière de drones et de robotique, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit un investissement de 5 milliards d’euros. « De nouveaux cadres contractuels pluriannuels mutualisant les besoins entre différents services de l’Etat seront recherchés pour simplifier l’acquisition des petits drones ISR [renseignement, surveillance et reconnaissance] », précise le texte.

En attendant la concrétisation des projets portés par la LPM, l’armée de Terre s’est déjà mise en ordre de marche, avec la création de son École de drones ainsi que d’une unité expérimentale pour « tester et valider des équipements et concepts en boucle courte », la valorisation de « l’innovation locale » et, selon le CEMAT, la « généralisation de l’entraînement au vol » selon la formule « volez comme vous tirez ».

Enfin, le général Schill classe les drones de l’armée de Terre selon trois catégories : les « drones du combattant », peu coûteux, faciles à produire en masse et « consommables », les « drones spécialisés porteurs de charges multi-effets, à développer sur le court terme et à un coût maîtrisé » et les « drones du commandement », dotés d’une longue endurance et devant être développés de « manière souveraine ».

Photo : Drone NX-70 de Novadem (c) Novadem





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