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Des essais comparatifs détermineront le choix du canon destiné au futur char franco-allemand


Le 26 avril, sept ans après son lancement, le Système principal de combat terrestre [MGCS, Main Ground Combat System] a connu une avancée significative avec la signature d’un protocole d’accord fixant une répartition équitable des tâches entre les industriels français et allemands. Et cela après une remise à plat de ce programme, sur la base d’une fiche d’expression commune des besoins de l’armée de Terre et la Heer.

« Partir des besoins de nos soldats pour construire un projet de coopération industrielle, et non l’inverse. C’est le choix que nous avons fait avec nos partenaires allemands pour le programme de char du futur MGCS : le besoin opérationnel exprimé par nos armées fait la commande », a ainsi fait valoir Sébastien Lecornu, le ministre des Armées.

Longtemps, le MGCS est resté embourbé à cause de désaccords sur quelques choix technologiques, du déséquilibre provoqué par l’arrivée de Rheinmetall dans ce programme et d’une certaine défiance parmi les députés allemands, lesquels ont, par le passé, souhaité le lier au Système de combat aérien du futur afin de préserver les intérêts de l’industrie allemande.

Cependant, le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, [CEMAT], a relativisé l’importance de ces « difficultés ». En effet, a-t-il écrit, via LinkedIn, « l’émergence progressive du MGCS, que certains ont considéré à tort pour une impasse, s’explique en fait par la nature du processus à l’œuvre derrière tout projet capacitaire : celui d’une maturation et non d’une course, où ce temps consacré à préparer le projet est un gage de stabilité et de réussite. Aussi le matériel de demain se conçoit-il en surplomb des crises, à l’abri du tempo et du fracas médiatiques ».

Toujours est-il que, comme l’a rappelé Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense, le protocole d’accord qui vient d’être signé devra passer par le comité des Finances du Bundestag, comme tout projet nécessitant un investissement supérieur à 25 millions d’euros. « Ce projet dépend du soutien des parlementaires », a-t-il avancé, avant de dire qu’il n’avait « aucun doute » sur le fait qu’il sera approuvé.

Cependant, « il reste encore un long chemin à parcourir avant la mise en œuvre, mais une étape importante a maintenant été franchie, précédée de plusieurs mois de négociations », a souligné le ministère allemand de la Défense, via un communiqué.

Dans le détail, le MGCS, qui ne consiste pas seulement à développer un « char de combat du futur » mais une « famille de systèmes » [ce qui inclut un « cloud » de combat, des robots, des drones, etc.], passera par la création d’une « société de projets », composée de KNDS Deutschland [ex-Krauss-Maffei Wegmann], KNDS France [ex-Nexter Systems], Rheinmetall Landsysteme et Thales SIX. En outre, à l’image du SCAF, il compter huit piliers, à savoir :

– Pilier 1 : plateforme et navigation automatisée, sous direction allemande;

– Pilier 2 : tourelles, canons et munitions, sous direction franco-allemande;

– Pilier 3 : armement secondaire [comme, par exemple, les missiles], sous direction française;

– Pilier 4 : système de communication et de commandement, sous direction franco-allemande;

– Pilier 5 : simulation, sous direction franco-allemande;

– Pilier 6 : technologie des capteurs, sous direction française;

– Pilier 7 : protection et défense contre les drones, sous direction allemande;

– Pilier 8 : logistique, soutien et infrastructures, sous direction franco-allemande.

Comme l’a souligné M. Pistorius, une telle organisation permet l’arrivée éventuelle d’autres partenaires européens dans ce programme, comme l’Italie.

Plusieurs choix technologiques ont par ailleurs été validés. L’équipage du char, réduit à deux, voire à trois personnes, prendra place dans un compartiment hautement protégé, ce qui veut dire que la tourelle sera automatisée et… réduite, offrant ainsi une zone d’impact plus petite. En outre, son châssis servira de base à la famille de véhicules devant être mis au point dans le cadre de ce programme et sa motorisation sera « très probablement » hybride.

Toutefois, l’une des questions qui a bloqué le MGCS n’a pas encore été tranchée. Pour rappel, Rheinmetall voudrait imposer son canon de 130 mm [photo ci-dessous] tandis que KNDS France soutient la candidature de son système ASCALON [Autoloaded and SCALable Outperforming guN], basé sur un canon de 140 mm, utilisant des obus télescopés ainsi que des « munitions intelligentes pour des tirs au-delà de la vue directe ».

« Il est acquis que le calibre de l’armement principal du MGCS sera supérieur aux 120 mm actuels. Il n’a pas encore été décidé si le calibre sera de 130 ou de 140 mm. Cependant, le développement mènera à l’un de ces calibres », a expliqué le Bundeswehr.

« Le canon de 120 millimètres qui a la cote aujourd’hui n’a plus aucun potentiel de croissance », a insisté un expert de l’Office fédéral des équipements, des technologies de l’information et du soutien en service de la Bundeswehr [BAAINBw]. « Il faut donc trouver une arme puissante pour donner à des projectiles plus lourds une vitesse initiale plus élevée », a-t-il ajouté.

Récemment, le site spécialisé Hartpunkt s’est fait l’écho d’une rumeur selon laquelle la tourelle du futur char de combat pourrait accueillir aussi bien le canon de 130 mm de Rheinmetall que l’Ascalon de KNDS France. Pour autant, même si cela permettrait éventuellement de développer deux versions différentes, cette voie est pour le moment exclue.

« D’abord, différents systèmes de canons seront développés au niveau national et l’un d’eux devra être sélectionné après des tests comparatifs », a en effet précisé le ministère allemand de la Défense.

À noter que la masse de ce futur char de combat devra être réduite par rapport aux standards actuels. « Moins de poids améliore la mobilité et a aussi un impact considérable sur la fonctionnalité d’un futur système multiplateforme », soutient la Bundeswehr. Mais ce critère ne permettra pas de départager l’Ascalon et le canon de 130 mm, les deux ayant une masse d’environ trois tonnes.





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