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Coup d’Etat en Guinée: Voici comment Tibor Nagy avait pourtant prévenu Alpha Condé

Les récents événements survenus en Guinée montrent comment le non-respect ou la violation des constitutions, pour déverrouiller la limitation des mandats présidentiels, peut provoquer des situations chaotiques en Afrique. Le cas Alpha Condé est pathétique.

Renversé le dimanche 5 septembre 2021, le président guinéen Alpha Condé réagissait dans une interview diffusée à Rfi en octobre 2020. A quelques jours de la dernière élection présidentielle.

Il expliquait pourquoi il était candidat la présidentielle guinéenne pour un troisième mandat en critiquant ses compatriotes qui l’accusait de faire un coup d’État constitutionnel: «Premièrement, c’est une Constitution où tout le monde a été consulté. Ensuite, lorsqu’il y a une Constitution, ceux qui sont d’accord votent ouï, ceux qui ne sont pas d’accord votent non. Comment peut-on dire coup d’État, lorsque cette constitution a été votée par référendum? Il ne s’agit pas de faire une présidence à vie», disait-il.

Ancien démocrate devenu dictateur

Avant d’ajouter: «Je me suis battu pendant 45 ans, j’ai créé mon parti, j’ai été opposant, et j’ai été condamné à mort et emprisonné sous Sékou Touré, j’ai gagné les élections en 1993 tout le monde le sait. J’ai refusé bien que les militaires aient dit qu’ils étaient avec moi, j’ai dit que je ne suis pas venu pour gouverner des cimetières, c’est la raison pour laquelle je suis parti. Si je voulais la présidence à vie, j’aurais déjà commencé à être président en 1993.», avait poursuivi Alpha Condé.

En insistant sur un fait: « Je suis un démocrate. Mes adversaires sont des fonctionnaires qui sont devenus Premier ministre. Après avoir mis le pays à terre, ils ont créé un parti. C’est extraordinaire que je sois considéré comme un dictateur antidémocrate, alors qu’eux on les a appelés les fossoyeurs de l’économie guinéenne», soulignait-il..

Mieux, à la question de savoir s’il suivait les traces du président ivoirien Alassane Ouattara qui a, lui aussi, brigué un troisième mandat en octobre 2020, Alpha Condé répondait ainsi: «Je suis Guinéen: Je m’occupe du peuple de la Guinée. Je ne m’occupe pas des autres pays. Je vous fais remarquer qu’il y a des présidents qui ont trois mandats, quatre mandats, cinq mandats, curieusement ces présidents ne sont jamais critiqués et ça passe comme une lettre à la poste, c’est très étonnant. Le président Alassane est mon frère que j’aime bien, il est libre de son choix, et je n’ai pas à commenter», avait-il dit. Avant d’être élu président de la République de la Guinée et même au début de son premier mandat présidentiel, Alpha Condé avait déclaré qu’il allait veiller au respect de la Constitution.

Fomunyoh et Nagy ignorés par Condé

Alpha Condé faisait d’ailleurs remarquer qu’exercer plus dé deux mandats était contraire à ses convictions de démocrate. On comprend pourquoi Tibor Nagy, alors secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines eu, Département d’État américain, a été déçu d’apprendre que le président guinéen Alphs Condé a décidé de briguer un troisième mandat:
«Cela me touche personnellement, car je connais le président Alpha Condé depuis des décennies. Depuis l’époque où il était prisonnier politique. Nous considérons que chaque pays a le droit de décider quel est son système politique et quelle est sa Constitution», avait fait observer Tibor Nagy.

En soulignant que «là où nous avons un problème, c’est quand les dirigeants changent une Constitution uniquement pour se maintenir en place(:..) Il y a eu des évènements très inquiétants, avec des violences, des manifestations violentes et une répression violente: Le peuple de Guinée est le ‘fondement -, de la souveraineté nationale et du: pouvoir d’État.

Si le processus est soutenu par le peuple, alors il est acceptable. S’il ne l’est pas ou s’il est manipulé, alors il ‘ n’est pas approprié. Au bout du compte, ce n’est pas aux autres pays ou à quiconque d’autre de décider, c’est au peuple. Le pouvoir doit rester au peuple», avait conclu Tibor Nagy.

Dérives dictatoriales

Au sujet de l’armée guinéenne, Alpha Condé faisait remarquer qu’«Il n’y a jamais eu de coup d’État en Guinée. L’armée a pris le pouvoir après la mort du président Sékou Touré. Ensuite l’armée a pris le pouvoir après la mort du président Conté, la Guinée n’a jamais eu de rébellion, il n’y a jamais eu de guerre civile, il n’y a jamais eu de coup d’État. Aujourd’hui nous avons une armée républicaine», avait précisé Alpha Condé.

C’est cette armée républicaine qui vient de l’écarter du pouvoir à cause de ses dérives dictatoriales. Directeur régional-Afrique du National Democratic Institute(Ndi), Christopher Fomunyoh l’avait attiré son attention sur le respect de la limitation des mandats présidentiels. Christopher Fomunyoh lui avait demandé en vain, y compris en passant par des chefs d’Etats africains frères et amis, de ne pas briguer un troisième mandat.

Alpha Condé avait rejeté sans façon cette suggestion en faisant savoir à Christopher Fomunyoh qu’il n’avait pas de leçon de démocratie à recevoir du citoyen d’un pays dont le Chef de L’État, Paul Biya, est au pouvoir depuis presque quarante ans! Un an plutôt, en 2019, Christopher Fomunyoh avait participé à Niamey, au Niger à une Conférence internationale sur le Constitutionnalisme et la Consolidation de la Démocratie en Afrique.

Avec plusieurs anciens chefs d’États et des constitutionnalistes africains. Il avait été largement question à cette rencontre internationale de voir comment mettre fin à la persistance des tripatouillages des Constitutions sur le continent africain. Le Niger est devenu aujourd’hui un modèle en matière de démocratie en Afrique. Le président nigérien Mahamadou Issoufou a quitté le pouvoir au terme de ses deux mandats présidentiels.

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