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Cameroun : ce 1er échec que Paul Biya n’a jamais digéré

En 1982 , Paul Biya a hérité d’un Cameroun avec des indicateurs macroéconomiques au vert. Le pays était fier de ces nombreuses industries qui fournissaient les autres pays de la sous-région en divers produits manufacturés. Après le coup d’Etat manqué de 1984, Paul Biya devient seul maître à bord en arrêtant tous ceux qu’il jugeait proches de son prédécesseur. Il n’a jamais accepté l’idée de voir son pays intégrer le programme d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI) mais face à la crise, il finit par céder. Jeune Afrique raconte cette première humiliation de Paul Biya.

Certains la vivent encore comme une trahison. Pourtant, quand Paul Biya prononce devant les députés, le 20 juin 1987, la phrase « Nous n’irons pas au FMI », il est applaudi. Depuis l’indépendance, le Cameroun d’Ahidjo a appliqué un libéralisme dit « planifié », dans lequel l’État conserve une forte emprise sur une économie menée à coups de plans quinquennaux.

Celle-ci a permis au Cameroun de mieux passer la crise pétrolière de 1973 que ses voisins. Mais les temps difficiles commencent au milieu des années 1980. Cacao, café et coton ont subi une baisse de près de 65 % de leur valeur, et le pétrole voit ses cours chuter.

Paul Biya a soif de rupture. Il publie en 1987 Pour le libéralisme communautaire, livre dans lequel il expose ses ambitions. « L’idée était de promouvoir davantage de justice sociale et de mettre de l’ordre dans la gestion des affaires publiques », se souvient un économiste camerounais. En d’autres termes, explique un ancien de la présidence : « Il voulait faire passer l’idée que l’État n’était plus une vache à lait. » « Mais le président ne souhaitait pas que les mesures d’austérité paraissent imposées par l’étranger », ajoute-t-il.

« Il fallait conserver cette fierté qu’avaient les Camerounais d’avoir mieux traversé la crise que leurs voisins », explique un économiste. « Paul Biya voyait d’un mauvais œil une soumission au FMI », confie un proche du palais d’Etoudi.

Mais, malgré le lancement d’un programme d’assainissement, les résultats ne suivent pas, et la promesse du président vole en éclats. En septembre 1988, le Cameroun entre dans un programme d’ajustement structurel du FMI. « C’est peut-être le premier échec de Biya », constate un opposant. « On a vu la fin du modèle camerounais, et le réveil a été douloureux. »

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