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Analyse critique de l'ouvrage "L'Arnaque" de Jean Bruno Tagne : entre moqueries, dénonciations et malaises"


Après avoir lu le livre « L’Arnaque » du journaliste Jean Bruno Tagne, Benjamin Zebaze, fait une analyse critique de l’ouvrage.

ANALYSE CRITIQUE D’UN OUVRAGE : LE CAS « L’ARNAQUEUR »

Curieux ouvrage que cet « arnaqueur » du journaliste Jean Bruno Tagne (JBT).

Je me suis beaucoup amusé, dès les premières pages, en voyant comment un ancien footballeur de classe mondiale, sans connaissances livresques sanctionnées par un parchemin ; un homme ayant, comme moi, échoué dans tout ce qu’il a entrepris depuis son abandon des terrains malgré de très nombreux soutiens hauts placés, veut donner des leçons de management à la terre entière.

Voir des pères de famille, des grands pères, des ancêtres accepter de se faire enfermer dans un hôtel, téléphones confisqués ; être nourris comme des poulets de ferme ; abrutis par l’alcool.

Voir tous ses gens humiliés (« Tu es honte pour le football » en public pour le lion Indomptable Ekeke par exemple) a qui on refuse de serrer la main…est non seulement risible, mais inspire la pitié.

Mais à la fin, on n’a plus envie de rire lorsque l’auteur décrit le calvaire de cette mère de 3 enfants répondant au doux nom de Liliane Mbog Binyet, la Chef du département Marketing.

La pauvre se trouve embastillée par la justice pour des motifs que le seul le président de la Fédération Samuel Eto’o Fils (SET) peut expliquer : l’image de son sous-préfet de père, âgé de plus de 90, implorant la mansuétude des autorités est insoutenable ; sa pauvre maman, atteinte de la terrible maladie d’Alzheimer, qui, dans un rare éclair de lucidité, trouve une bible pour sa fille afin d’implorer le secours de l’au-delà, a quelque chose de particulièrement révoltant.

Je ne vous cache pas qu’après ce passage, j’ai eu la folle envie de me jeter dans la rue : de foncer sur le premier bipède ressemblant à SET afin de le rouer de coups de poings : pour rien, juste pour me défouler.

Heureusement que dans cet univers peuplé de brutes et de mauviettes, le prince Njoya et Yannick Noah viennent élever le niveau par des attitudes dignes d’hommes bien éduqués.

UNE LIVRE D’UNE EXCELENTE QUALITE TECHNIQUE

Ma première entreprise en 1989 était une imprimerie qui s’est très vite classée parmi les meilleures d’Afrique centrale. C’est en tant que professionnel que je puis vous affirmer que ce livre répond aux normes internationales et va même au-delà. La qualité du papier est rare pour ce type d’ouvrage car on préfère du papier dit « bouffant », ou juste du papier journal de grammage supérieur mais de moindre qualité.

L’infographie et la qualité d’impression ont été, visiblement, réalisées par de grands professionnels.

On peut tout reprocher à JBT, mais personne ne peut dire qu’il ne domine pas le maniement de la langue française. Plutôt que d’utiliser de grands mots pour jouer au savant, il a su adapter son texte à un très large public : croyez-moi, ce n’est pas facile.

Il faut absolument lire ce livre car ce qu’il décrit, va au-delà du football.

UNE PLONGEE DANS UN UNIVERS IMPITOYABLE

Ce livre a quelque chose de magique : on a l’impression d’être au courant de l’essentiel de son contenu ; mais de manière extraordinaire, on s’apercoit au fur et à mesure de sa lecture, qu’on n’est qu’un brave ignorant car, si on savait des « choses », on était loin de maitriser le « pourquoi » de ces choses.

Qui, sans avoir lu ce livre, pouvait nous expliquer pourquoi les soutiens de la première heure de SET (Boris Berthol, Valsero, Njalla Quan, Feutheu…) sont devenus ses pires adversaires ? Qui pouvait nous expliquer, avec détails, pourquoi Rigobert Song est devenu entraineur des Lions Indomptables ?

Que SET voue une « haine féroce » à l’encontre de Gilbert Kadji, son ancien mentor ? Pourquoi la chute de Ahmad, l’ex président de la Caf, pousse SET à s’accrocher à la Fecafoot pour continuer à exister ?

Pourquoi après l’épisode du Soya à Limbe, on sort la carte Messi pour éteindre l’incendie ? Comment le petit dejeuner à la Fecafoot, dès l’arrivée de SET, coutait environ 300 000 par jour et aujourd’hui, on a du mal à offrir des beignets-haricots.. ?

Lisez ce livre et vous vous rendrez compte qu’en réalité, vous n’êtes qu’un parfait ignorant: j’insiste.

Mais comme vous le savez, je revendique une certaine « mauvaise foi » : c’est elle qui me pousse à partager avec vous la première chose qui m’a marque dans ce livre.

JBT racconte sa première rencontre avec SET ; ce qui le frappe, c’est la très forte odeur de parfum que ce dernier laisse sur son sillage. De mon point de vue, JBT aurait du s’en méfier car, comme chacun sait, le parfum sert à cacher quelque chose de malsain.

Quand un pouvoir encourage la violation des lois la République

Pour revenir aux choses plus sérieuses, le VERITABLE SCANDALE réside dans le fait de voir tout un gouvernement, les principaux responsables de la présidence de la République à l’œuvre ; user de leurs pouvoirs pour menacer, contraindre les hésitants afin qu’ils soutiennent la candidature d’un bipède, en violant de manière grossière, les lois de la République.

JBT nous confirme que SET n’est pas camerounais : mais par extraordinaire, il dispose d’une carte nationale d’identité nationale. Comment est ce possible ?

Pire, il nous montre clairement pourquoi, selon la loi, un étranger ne pouvait devenir président de la Fecafoot et que cela était meme source d’inquiétude pour SET .

Seulement, avec un passport Italien, son adversaire principal Seydou Njoya, était dans la même situation : le pouvoir a donc laissé violer les lois. Pourquoi ? Sans doute parceque SET, comme Fally Ipoupa, est soutenu par une célèbre femme au foyer ; sans doute aussi parcequ’il a été bluffé par un « artiste » qui, tel un prestidigitateur qui sort des pigeons d’un chapeau, allignait des promesses fallacieuses en rafale.

Je repète, ce livre est plein d’informations et ce ne serait pas juste, si j’allais plus loin sur son contenu dévalorisant le travail de son auteur.

UNE IMPRESSION DE MALAISE

Pour conclure, on peut se demander si c’était à JBT de l’écrire ? Est-ce normal, lorsqu’on a participé à une aventure de venir mettre à nu tout ce qui s’est passé ? Je n’ai pas de réponses à ces questions mais si ce livre n’était pas sorti, comment aurions nous su tout ce qu’il regorge ? Où s’arrête la loyauté dans ces cas ?

Sur l’argent, je n’aime pas ce que JBT affirme. Tout travail mérite un salaire : en insistant sur le fait qu’il a refusé de percevoir un salaire, il oblige les fouineurs à se demander pourquoi. Une phrase et un extrait de ce livre donnent un début de réponse et peut justifier une frustration au cœur de la parution de ce livre.

JBT écrit : « Mon engagement, pensé-je, va au-delà d’une simple élection à la présidence de la Fecafoot ». Plus loin, il indique que SET, une fois l’élection assurée, lui promet un repas pour envisager la suite ; malgré ses relances, ce repas n’aura jamais lieu.

Pour en finir, toute la description de la campagne électorale est la seule fois où une note favorable peut etre attribuée à SET ; je ne suis longtemps demandé pourquoi jusqu’à éclater de rire devant l’évidence. Qui était le directeur de campagne ? Un certain Jean Bruno Tagne. Si cette campagne a été une reussite, c’est aussi et surtout grace à qui ? Un certain Tagne Jean Bruno.

Ce serait un crime de ne pas lire un tel chef d’œuvre. Personne ne peut lire un tel ouvrage jusqu’à la fin et prétendre avoir été … arnaqué.

Benjamin Zebaze

Nkeum Motissong



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