Amour : voici ce qu’il se passe chimiquement dans notre cerveau lorsqu’on tombe amoureux
Notre cerveau adore être amoureux parce que son système de récompense fonctionne à plein régime (voir encadré) ! A chaque nouvelle rencontre, il reçoit une foule d’informations sur le physique de l’autre, son odeur, le son de sa voix, son regard, ses paroles… Il libère alors des neurotransmetteurs, ces messagers chimiques représentés par diverses hormones qui donnent envie d’entrer en relation, et cette sensation particulièrement agréable de bien-être amoureux. Sans oublier l’anandamide, un endocannabinoïde qui nous transporte sur un petit nuage. « Les observations récentes issues de l’imagerie cérébrale démontrent le fonctionnement des multiples circuits activés à chaque étape, depuis le sentiment amoureux jusqu’à l’acte ****** », informe le Dr Bernard Sablonnière*, professeur de biochimie et de biologie moléculaire à la faculté de médecine de Lille. Pour que cette relation s’installe et dure, les recherches révèlent aussi qu’il faut que les rythmes cérébraux des deux partenaires soient en phase. « C’est un peu comme le Wi-Fi : l’un envoie des signaux de désir, l’autre lui répond par des signaux de plaisir et réciproquement. »
Voyons, étape par étape, ce qui se passe chimiquement.
Il ou elle nous plaît
Immédiatement, on déborde d’énergie pour ne pas dire d’excitation ! On vit une sorte d’euphorie, on se sent attiré vers l’autre comme par un aimant. Et ça s’explique : le cerveau sécrète la dopamine, qui suscite et renforce le désir amoureux. La libération simultanée de noradrénaline nous rend nerveux, nous fait rougir, accélère notre rythme cardiaque, tant on est obnubilé par l’autre et de peur qu’il nous échappe. « Cette forte attirance, à laquelle s’ajoute un désir ****** prégnant, ne dure généralement pas plus de deux ou trois ans… le temps nécessaire à l’humain pour se reproduire », souligne le médecin.
On passe au lit
Le ballet des hormones sexuelles commence. Chez la femme, sous l’effet des caresses – vive les préliminaires ! –, les œstrogènes entrent en jeu (activation des sécrétions vaginales, etc.) ainsi que l’ocytocine, une hormone responsable des contractions vaginales durant les rapports. Chez l’homme, c’est la testostérone qui va stimuler l’érection.
Il y a un avant et un après la phase d’éjaculation. Avant, le taux de vasopressine augmente quand celui d’ocytocine diminue, ce qui favorise une sorte d’excitation comporte-mentale nécessaire au coït. Après l’orgasme, c’est l’inverse : l’ocytocine prend le dessus. D’où cette envie de tendresse, cet apaisement… qui ne serait pas complet sans les endorphines et l’anandamide, à la fois euphorisantes et relaxantes. Voilà pourquoi on s’endort souvent rapidement après l’amour ! Et c’est un cercle vertueux : plus la fréquence des rapports sexuels augmente, plus ce contact intime favorise la libération d’ocytocine qui, elle-même, entretient le désir et l’attachement.
La relation s’installe
La passion du début est peu à peu modulée par la présence de sérotonine, l’hormone de la sérénité. L’hypothalamus continue à produire de l’ocytocine, qui nous rend hypersensible à l’attitude de l’autre et augmente la compassion, la confiance et l’engagement vis-à-vis de son partenaire.
A long terme, c’est le neurotransmetteur de l’attachement. On passe ainsi de l’attirance à un lien plus solide. Cet état de bien-être est accentué par la production d’endorphines qui ont le pouvoir de diminuer l’activité des messagers du stress et de la peur. Mais ce n’est pas tout ! Ces endorphines renforcent aussi la sécrétion d’ocytocine. Diverses études ont montré que, dès que l’on est en couple, le taux et l’activité de l’ocytocine augmentent, et, inversement, ils baissent après une séparation. « Toutefois, nous ne disposons pas tous du même nombre de récepteurs à l’ocytocine. Leur présence dépend de notre génétique, du climat affectif de notre enfance… Or ce sont eux qui conditionnent en grande partie la solidité d’une relation de couple », précise le Dr Sablonnière. En règle générale, tout ce qui favorise la proximité, le contact, l’intimité et le partage entretient la libération d’ocytocine et procure à l’autre un sentiment de sécurité. Ce lien passe par le toucher, le regard, des gestes de tendresse au quotidien : se tenir la main, se prendre dans les bras, etc.
* Auteur de la Chimie des sentiments et de la Chimie des odeurs, des saveurs et du plaisir, Odile Jacob.