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Affaire Martinez Zogo : le tribunal militaire attaqué

Alex Nguepi, homme politique et ancien militant du MRC dénonce la tournure que prend l’enquête ordonnée par Paul Biya pour faire la lumière sur l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. De passage dans l’émission Canal Presse de ce 26 février 2023 sur Canal 2 International, il s’interroge sur le rôle du tribunal militaire dans une affaire qui selon lui devrait être confiée à des juridictions civiles.

« Le Président de la République n’avait pas qualité à instruire cette enquête administrative. Dans ce cas, c’est une enquête administrative qu’il a instruite. On sait que l’enquête administrative est une enquête qui vise à voir le fonctionnement d’une institution, l’état d’une institution et à prendre des mesures. Maintenant, au delà de ça, ils ont trouvé un passe-passe juridique pour que le Commissaire du gouvernement s’ingère dans l’affaire. Donc c’est quitter le stade administratif au stade juridique. D’ailleurs, je me suis posé la question de savoir qu’est-ce que le tribunal militaire a à voir dans cette affaire ? Dans une démocratie, le civil prime sur le militaire » a-t-il déclaré.

Dès l’entame de l’émission Alex Nguepi a tenu a exprimer son soutien au président du groupe l’Anecdote Amougou Belinga placé en garde à vue depuis le 06 février 2023. « « Bonjour à Bruno Bidjang. Bonjour aussi à son patron, Jean Pierre Amougou Belinga. Je suis de tout cœur avec vous », a-t-il déclaré avant de féliciter Canal 2 International qui selon lui a bien fait de ne pas condamner les suspects avant la justice.

« Je tiens à féliciter Canal 2 International. Dans vos sorties, vous n’essayez pas de condamner les suspects dans cette affaire (Martinez Zogo,ndlr). Vous travaillez avec impartialité », poursuit-il.

Vers l’annulation de la procédure ?

Les enquêtes préliminaires n’ont pas pour but d’identifier les auteurs et commanditaires de l’assassinat de Martinez Zogo, mais de trouver des faisceaux d’indices qui permettront d’envoyer les suspects devant le commissaire du gouvernement puis le juge d’instruction militaire.
C’est ici que le juriste refroidti les ardeurs de plusieurs Camerounais. Sans même statuer sur le fonds, les juges pourront annuler toute la procédure si les avocats de Jean Pierre Amougou Belinga et compagnie parviennent à prouver l’existence de certains vices de procédure.

« Il faudrait par la suite l’information judiciaire qui va recommencer pratiquement à zéro et qui va mettre de côté certains éléments. On va arriver au jugement et comme je l’imagine, les avocats vont évoquer un certain nombre d’exceptions tenant même sur la procédure, les arrestations, sur un certain nombre de choses qui peuvent avoir pour effet d’annuler la procédure. Dans certains pays on l’a vu. Il y a eu mort d’homme et la procédure a été annulé parce qu’il y a eu dès le départ, des vices. », explique le juriste.

C’est en parle la raison pour laquelle Amougou Belinga et ses avocats étaient en colère jeudi lorsque l’avocat du suspect Justin Danwé a fait repousser la date de présentation des suspects au juge d’instruction en récusant le juge d’instruction actuel qui serait moins gradé que son client.

« C’est pour cette raison que le réquisitoire introductif d’instance – document par lequel le commissaire du gouvernement, Cerlin Belinga, saisit le juge d’instruction – n’a pu être produit. Une situation qui prolonge la garde à vue des différents suspects, ce qui a suscité l’ire des avocats d’Amougou Belinga, qui n’ont pas manqué de le faire savoir à ceux de Danwe. Si les renouvellements dans les tribunaux militaires interviennent habituellement en mars, il est fort probable que le ministère de la Défense revoie son calendrier », rapporte Jeune Afrique.

Grève de la fin

L’auteur de ces révélations n’est ni un journaliste, ni lanceur d’alerte. Youbass Mamouda connu sous le nom de Bachir est un homme de réseaux. Spécialisé en commercialisation et location de véhicules de luxe, il a été pendant longtemps, un proche collaborateur du sulfureux homme d’affaires Amougou Belinga. Bachir n’est pas un plaisantin. Jeté en prison à Kondengui après une brouille avec son ancien ami Amougou Belinga, il parvient à s’échapper de cet endroit hautement surveillé grâce à son réseau. C’est donc un évadé qui a toujours des éléments au sein de l’appareil judiciaire camerounais qui livre des révélations sur les premières heures de détention de Jean Pierre Amougou Belinga et Bruno Bidjang.

La collaboration entre le nouveau directeur des médias du groupe l’Anecdote et son employeur a pris un coup au Secrétariat d’Etat à la défense. D’après les révélations de Bachir, Bruno Bidjang a été accueilli à la brigade de la gendarmerie avec une bastonnade. Il est passé à table après avoir reçu deux coups de fouets. C’est ce qui expliquerait les révélations de Reporters Sans Frontières selon lesquelles, Bruno Bidjang collaborait avec les enquêteurs. Si cette information de Bachir est vérifiée, le journaliste aurait donc été victime de torture au SED.

Du fond de sa cellule, Amougou Belinga tient toujours à garder son rang de leader. Il se met souvent à l’écart refusant de se mélanger avec ses camarades d’infortune. Bachir confirme la grève de fin entamée par Amougou Belinga mais qui n’a duré que quelques heures. Il n’aurait pas résisté à un plat local préparé par sa belle-mère à la dernière minute. Melissa ne voulant pas laisser son mari affamé aurait donc filé à sa mère le plat préféré d’Amougou Belinga. C’est ainsi que cette dernière prépare le mets qu’elle apporte à son mari également placé en garde à vue au SED. L’odeur du repas aurait fait changer d’avis à Amougou Belinga qui aurait disputé la cuillère avec le jeune Bidjang qu’il ne supportait plus depuis ses révélations aux enquêteurs.

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