Action coup-de-poing
Les semaines passent et le bilan de l’opération spéciale de police dans la capitale ne devient pas plus glorieux. Le Wort renseigne ainsi que jusqu’au 20 mars, trois petits procès-verbaux pour infraction à l’interdiction de la mendicité ont été dressés par un dispositif de 176 patrouilles déployées, à tour de rôle, en renfort de leurs collègues de la capitale. Sans oublier les 110 enquêteurs hautement spécialisés de la police judiciaire, une mobilisation qui avait mené, début mars, à un clash retentissant entre la procureure générale d’État, Martine Solovieff, et le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden (CSV).
Le responsable politique de cette chasse aux mendiants – et accessoirement aux dealers, prostitué(e)s et immigrants «illégaux» – a beau répéter que l’objectif n’est pas de dresser un maximum de procès-verbaux, le bilan réel de cette opération reste sidérant. Jusqu’au 20 mars, les policiers ont constaté… 143 infractions au code la route contre seulement 14 verbalisations et 4 arrestations en lien avec des stupéfiants. Pourtant, plus de 700 personnes ont été contrôlées.
«Au moins», les agents ont ordonné à 136 reprises des déguerpissements de personnes bloquant l’accès à des bâtiments publics. Ce «Platzverweis light», jugé trop faible par Léon Gloden, s’avère donc bien efficace. La question du pourquoi alors avoir validé un règlement communal interdisant toute forme de mendicité reste donc plus que jamais sans réponse.
Un autre camouflet pour le ministre du CSV mais aussi la députée-maire Lydie Polfer (DP) est le résultat du Politmonitor, commandé par RTL et le Wort. Pour les citoyens interrogés, la sécurité n’est que la 11e de leurs préoccupations, loin derrière le logement et… l’augmentation de la pauvreté. Une très courte majorité uniquement (51 %) soutient l’interdiction de la mendicité, contre 44 % d’opposants. Et puis, la popularité de Lydie Polfer s’effondre de 10 points par rapport au sondage de septembre dernier. Léon Gloden se classe, lui, 31e sur 40, très loin derrière trois leaders de l’opposition : la verte Sam Tanson (6e), le pirate Sven Clement (6e ex æquo) et la socialiste Taina Bofferding (10e). L’action coup-de-poing se retourne inlassablement contre ses initiateurs politiques.
