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2 romans en prise sur l’époque


L’un nous entraîne dans le monde de la nuit, des rencontres parisiennes et de la boxe. L’autre, dans un centre d’appels londonien. Ces deux romans souvent drôles, parfois désabusés, sont très 2024.

Maintenant de Stephen Carrière (Phoebus)

On donnerait sa chemise pour être cinq minutes durant dans la tête d’un homme. Dans ce roman, on a la chance de se balader le temps d’un week-end dans celle de Virgil, célibataire et éditeur, la petite cinquantaine. Maintenant. Ici et maintenant. Virgil vit l’instant présent, ne regarde pas derrière lui ni devant. Mais il rêve. S’imagine dans la peau d’un Quintus Marcellinus, un centurion, vers l’an 130. Ou dans celle d’un fils d’apothicaire à Bologne au Xve siècle. D’autres avatars viennent peupler ses journées, tandis qu’il prend le tram ou s’adresse à son équipe. On le suit dans ses nuits blanches, jusque dans l’appartement de sa bande, «  le Zoo  ». Valérie, la petite sirène, Sarah, la soixantaine diabolique, Marin alias Marylène, la femme trans… On monte avec lui sur le ring d’un club de boxe à l’ancienne. On écoute ses échanges parfois cinglants avec ses ex ou ses futures ex. On le suit jusque dans l’affrontement avec la mort de son père. On pense au film «  Fight club  » de David Fincher, à cette brutalité désespérée, à ces amitiés sur lesquelles on parie des têtes. Il y a quelque chose de désespéré dans la vie de Virgil. Rien n’est vide mais rien n’est solide. Pour vivre, il s’appuie sur ses souvenirs d’enfance. Il rêve, pour que l’impossible frappe à sa porte. Par exemple Gaby, rencontrée dans un café. Femme idéale ou fruit de son imagination  ? C’est parce qu’il rêve que Virgil rend la vie si drôle, si pleine de charme. Et qu’on ne lui résiste pas. «  Bonjour, capitaine de mon cœur  ». Non, il n’a pas rêvé  ; Gaby est bien là, dans son lit. Ils ont fait l’amour toute la nuit. S’il est beau, Virgil  ? Sa mère lui avait naguère martelé «  tu ne seras jamais beau, mon fils  ». Un beau direct en pleine figure. En librairie le 1er février 24.

Wonderfuck de Katharina Volckmer (Grasset)

Merci d’avoir patienté. Mon nom est Jimmie. Comment puis-je vous aider  ? Dans un centre d’appels à Londres, Jimmie a en ligne des touristes. Soit ils sont déjà en vacances, soit ils vont l’être et veulent réserver. Dans une langue crue et directe, absolument goûteuse, l’auteure nous plonge dans cet univers où les demandes sont plus ou moins farfelues. On lui demande un week-end romantique pour une personne seule, une piscine à débordement dans les îles avec un accès personnalisé. La mer, ce n’est pas bien pour prendre des selfies. On le prend tout à tour pour les clefs d’or d’un palace, pour tante Irma ou pour SOS amitié. Pour s’épanouir dans un tel contexte, il faut, comme Jimmie, être solide, avoir du recul et beaucoup d’humour. Et sans doute, se tartiner la bouche avec le rouge à lèvres de sa mère. Derrière le combiné téléphonique, personne ne le voit. On rit beaucoup en lisant ce roman. Mais c’est sûr, on ne travaillera jamais dans un centre d’appels.

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