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Yaoundé : elle fait un rêve et se réveille à la prison de Kondengui voici les détails

En détention à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis quelques mois; une jeune fille est accusée d’avoir proféré des menaces de mort à son adversaire et promis de kidnapper son fils en exigeant une importante sommes d’argent. Elle nie tout en bloc.

Justine Michelle Ngo Beck est dans de sales draps. Titulaire d’une licence en science de l’éducation, elle a été renvoyée en jugement devant le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif pour répondre d’une kyrielle de chefs d’accusation, notamment la tentative d’escroquerie, des menaces sous condition et le chantage. C’est M. Tam Léopold Patrice, juriste de formation, qui est à l’origine de ses déboires judiciaires. L’affaire a été débattue à l’audience du 5 septembre 2022.

Il ressort des débats que les parties opposées au procès sont des connaissances de longue date. Le 31 juillet 2022, le plaignant a reçu, dans sa boite e-mail, un message qui le menaçait de mort et promettait le kidnapping et l’assassinat de son fils au cas où il ne transférait pas la somme de deux millions de francs dans le compte d’un numéro de téléphone qui lui avait été indiqué. Le même jour, son épouse, qui réside à Douala; avait également reçu de Justine Michelle Ngo Beck un message dans lequel elle indiquait avoir fait un rêve, annonçant l’enlèvement et assassinat de l’enfant du couple.

Pris de panique, M.Tam Léopold Patrice avait immédiatement saisi la police et la gendarmerie pour l’ouverture d’une enquête. Au cours de celle-ci, les enquêteurs avaient fait un rapprochement entre le message annonçant le rêve et celui proférant les menaces. Il avait alors été établi que la puce téléphonique qui demandait la rançon avait été utilisée dans le téléphone de la mise en cause. C’est sur cette base que les poursuites judiciaires ont été engagées contre Justine Michelle Ngo Beck.

Demandes de prêts

Pour sa défense, Justine Michelle Ngo Beck, qui plaide non coupable, a soutenu que l’enquête a été bâclée dans cette affaire où il fallait à tout prix trouver un bouc émissaire. Elle a critiqué la légèreté avec laquelle les enquêteurs ont mené leurs investigations. Elle estime qu’il n’y a pas de lien entre le numéro du maitre-chanteur et les siens. Selon elle, le seul élément qui a été utilisé pour l’accabler est le numéro de série de son téléphone qui est identique à celui du prétendu rançonneur. L’accusée estime que cet élément ne suffit pour établir sa culpabilité dans cette affaire, étant donné que les cybers criminels ont la possibilité pirater les numéros de série ou les identités des tiers. C’est la raison pour laquelle elle exige que des recherches approfondies soient menées pour faire la lumière dans cette affaire. «Je connais le plaignant depuis 13 ans. Et nos derniers échanges remontent à deux ans. Je lui demandais des conseils et une aide financière par rapport à un testament que je voulais rédiger. Avec son épouse, j’ai souvent eu des échanges dans lesquels je lui demandais des prêts d’argent», a-t-elle déclaré.

Poursuivant son témoignage et face aux nombreuses questions de l’avocat de l’accusation, du parquet et même du tribunal tendant à lui démontrer sa responsabilité dans cette affaire, la mise en cause a clamé avec insistance son innocence. Elle a plutôt soutenu l’idée d’un complot monté contre sa personne. Elle a précisé en outre que le fait d’annoncer le rêve à sa copine avait pour seul but d’attirer l’attention à plus de vigilance et l’inviter à se consacrer à la prière. Elle a ajouté, pour démontrer son innocence, que le plaignant ne lui avait jamais donné sa boite mail. «Il faut être bête pour annoncer un tel rêve et réclamer une rançon quelques jours plus tard. Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés. Les enquêteurs ont porté leurs soupçons sur moi parce que j’ai annoncé mon rêve à Mme Tam», a martelé la mise en cause.

Dans ses réquisitions, le représentant du parquet, qui s’est appuyé sur le procès-verbal de l’enquête préliminaire, a déclaré que les faits reprochés à Justine Michelle Ngo Beck sont etablis et irréfutables. «Aucun crime n’est parfait. La prévenue est le cerveau de cette affaire et ne veut pas dénoncer ses complices qui courent toujours», a-t-il conclu avant de demander au tribunal de déclarer cette dernière coupable de tous les chefs d’accusation retenus à son encontre.

Cybercriminalité

L’avocat de l’accusation est allé dans le même sens que le parquet. Il a ajouté, pour sa part, que le mobile du crime remonte à l’époque où l’accusée a saisi le plaignant pour lui demander de l’aider à confectionner un testament. Il a noté que son client, qui est un juriste, avait donné à Justine Michelle Ngo Beck toutes les informations nécessaires relatives à sa demande. Comme si cela ne suffisait pas, cette dernière avait sollicité quelques mois plus tard une aide financière auprès de Mme Tam. D’après l’homme en robe noire ce sont là autant d’indices qui militent à établir la culpabilité de la prévenue. Il a indiqué que l’enquête a été menée par les experts de la cybercriminalité et ne peut pas être remise en cause. Il souligne que Justine Michelle Ngo Beck n’est pas une profane dans le domaine de l’informatique si l’on s’en tient à ses déclarations au cours des débats.

Il en veut pour preuve le fait que celle-ci a introduit un mot de passe dans son téléphone pour empêcher les enquêteurs d’exploiter le contenu de celui-ci. L’avocat a également souligné que la mise en cause protège ses complices et son attitude démontre qu’elle n’a pas l’intention de se repentir des faits qui lui sont reprochés. Il a demandé au tribunal d’avoir une main lourde en lui infligeant la peine maximale par rapport aux infractions retenues à son encontre afin que cela serve de leçon aux autres. Le tribunal compte se prononcer sur la culpabilité ou non de Justine Michelle Ngo Beck le 9 septembre 2022.

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