Voici le film de la journée houleuse de la tentative de démission de Samuel Eto’o à la FECAFOOT

Le président de la Fédération camerounaise de Football, Samuel Eto’o, a mis en scène sa pseudo démission lors d’une réunion du comité exécutif, devant plusieurs membres qui l’ont soutenu. Cette mise en scène intervient alors que Samuel Eto’o fait l’objet d’investigations de la part de la CAF et de la FIFA, qui ont reçu plusieurs messages et documents le mettant en cause. Après cette tentative de départ, Samuel Eto’o a finalement repris la parole pour discuter des scandales de la CAN, critiquant notamment Jérémie Njitap et annonçant la non-prolongation du contrat de Rigobert Song.

Lire le scoop de La matinale de ce mardi6 février publié par Boris Bertolt.

COMMENT SAMUEL ETO’O A MIS EN SCÈNE SA PSEUDO DÉMISSION DE LA FECAFOOT ET LE DÉPART DE RIGOBERT SONG

La réunion débute à 10h. Samuel ETO’O, le president de la Federation camerounaise de Football, est arrivé 8 mn avant. Sur les 16 membres, 9 sont présents et les autres interviennent en vidéo conférence. Camille Loe, le directeur de cabinet qui a préparé l’événement, n’est pas présent. Il est parti la veille sur Douala et arrive dans la journée.

A 10h pile, Samuel ETO’O entre dans la salle. Tout le monde a pris place. Après les salutations de convenance, une petite prière est dite. Le président de la FECAFOOT prend place au centre de la table. Visage serré, d’un ton calme, il dit aux membres du comité exécutif : « BON, J’AI DÉCIDÉ DE DÉPOSER MA DÉMISSION. DONNEZ MOI SUR LE CHAMPS VOS LETTRES DE DÉMISSION. JE N’AI JAMAIS ÉTÉ AUTANT HUMILIÉ ET J’ENVOIE LES DÉMISSIONS À LA FIFA ET ON S’ARRÊTE LÀ ». Il sort de ses papiers l’article 17 des statuts de la FECAFOOT parlant des démissions.

Sur cet aspect, ETO’O n’est pas à son premier coup. Au cours de l’assemblée générale de la FECAFOOT du samedi 27 août 2022, en proie à une contestation de sa légitimité par des membres du Comité exécutif conduit par Guibai Gatama, ETO’O était arrivé en salle à Douala, prétendant démissionner avant de se voir acclamer. Par la suite, il avait passé le mandat de président de la FECAFOOT de 4 à 7 ans, avant de se voir interdit formellement par la FIFA d’effectuer un tel changement.

Sauf que cette fois-ci, même à l’international, le président de la fédération camerounaise de Football est contesté et fait actuellement l’objet d’investigations poussées de la CAF et de la FIFA. Ainsi, le département sport du New York Times « a eu accès à plusieurs messages WhatsApp, emails, lettres et enregistrements audios d’un ancien cadre de la Fecafoot qui soutiennent une large liste d’accusations, notamment celle selon laquelle Eto’o et ses proches seraient impliqués dans des matchs truqués, des abus de pouvoir, des menaces physiques, une incitation à la violence et à la diffusion de fausses informations au Cameroun ».

Dès lors, après l’échec d’Abidjan, ETO’O sait qu’il est sur un siège éjectable et tente un dernier Baroud d’honneur.

Ce lundi matin 05 Février 2024, lorsqu’il annonce sa volonté de démissionner dans la salle et demande celle des membres du comité exécutif, c’est d’abord un silence. Un silence qui va durer presque 5mn. Les 9 membres présents se regardent pendant quelques secondes pour savoir quelle sera la réaction des uns et des autres, puis s’ensuit un concert de pleurs.

Ce sont d’abord les membres du COMEX originaires du Grand-Nord et de l’Ouest Cameroun qui entrent en scène. Ils réitèrent leur soutien au président de la FECAFOOT, arguant que le Football camerounais ne peut survivre sans lui.

Puis Céline Eko, la 1ere vice- présidente de la FECAFOOT allias madame 20%( le forfait qu’elle impose aux prestataires et prélève sur certaines joueuses des équipes nationales féminines ), saute de sa chaise et lance: « monsieur le président, vous partez pour nous laisser à qui ? Qu’allons-nous devenir sans vous?» . Applaudissements dans la salle. On n’est pas loin des derniers moments de Mobutu.

Malgré cela, Samuel ETO’O se lève et prend la porte. Avant de l’ouvrir quatre membres du COMEX sautent sur lui pour l’arrêter: AbdoulKarimou, Norbert Fouedjeu et Céline Eko qui lui demandent en criant de ne pas partir. Samuel Eto’o s’est arrangé à ce que dans la comédie, toutes les parties du Cameroun soient représentées : Norbert Fouedjou de l’Ouest, AbdoulKarimou du Grand-Nord et Céline EKO du Grand-Sud…

Après ce coup d’éclat, tous les délégués se lèvent et jaillissent des acclamations tout azimuts dans la salle.

A la fin de ce spectacle, Samuel ETO’O reprend la parole et dit: « JE VOUS AI COMPRIS. C’ÉTAIT UNE CAUSERIE, IL FALLAIT QU’ON SE REGARDE EN FACE ET SE DISE LES VÉRITÉS. NOUS ALLONS POURSUIVRE LE TRAVAIL ».

C’est alors que Samuel ETO’O se lance dans une longue explication sur les scandales de la CAN. Sur le cas André ONANA, il dit avoir effectivement chassé Ernest Obama parce que c’est lui qui est allé appeller ONANA alors que ce dernier savait qu’il n’allait pas jouer. D’ailleurs, il confie que si ça ne dépendait que de lui, ONANA ne jouerait plus à l’équipe nationale. Mais dit-il, le gardien de Manchester United a été imposé par le « patron » sans dire de qui il s’agit, mettant implicitement en cause le chef de l’Etat, Paul Biya.

Puis c’est autour de GEREMIE Njitap d’en prendre pour son grade. ETO’O dit: « Regardez Jérémie. Au premier match, il n’est pas descendu dans les vestiaires. Au deuxième match après la défaite, il était absent. Que vient-il faire après la victoire face à la Gambie? » Les membres du COMEX acquiescent.

Enfin Song: « J’ai décidé de ne pas prolonger le contrat de Rigobert Song. Proposez-moi dans les enveloppes devant vous, le nom d’un coach camerounais. S’il faudra choisir un blanc, je vais m’en occuper».

Fin des travaux 17h40 avec des chants à la gloire du président Samuel ETO’O qui dés sa sortie prendra l’avion à destination de Paris où il est arrivé ce matin. Dans son agenda le projet absolu de rencontrer la première dame: Chantal Biya pour essayer de le sauver une nouvelle fois. De qui ? On ne sait toujours pas.