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«Un signal fort envoyé à Kiev et à Poutine»


Les dirigeants de l’UE ont décidé, jeudi soir, d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Moldavie et l’Ukraine, une décision aussitôt saluée comme une « victoire » par le président Volodymyr Zelensky. Le Premier ministre luxembourgeois, Luc Frieden, a lui fait passer un message au président russe.

Les dirigeants de l’UE, réunis en sommet à Bruxelles, ont décidé « d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie », a annoncé le président du Conseil européen Charles Michel. « Un signal clair d’espoir pour les citoyens de ces pays et pour notre continent », a-t-il ajouté.

Cette décision, qui semblait pourtant hors d’atteinte en raison de l’opposition de la Hongrie, a aussitôt été saluée par Volodymyr Zelensky: « C’est une victoire pour l’Ukraine, pour toute l’Europe, une victoire qui motive, inspire et rend plus fort », a-t-il lancé sur X.

« L’Histoire est faite par ceux qui ne se fatiguent pas de se battre pour la liberté », a ajouté celui qui avait exhorté quelques heures plus tôt les Européens à être au rendez-vous de l’histoire.

Orban absent du vote

La décision a été prise sans aucune opposition de la part des dirigeants de l’UE, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, ayant finalement choisi de ne pas participer au vote (lire également ci-contre).

« Orban n’était pas dans la salle quand le texte a été adopté, c’était convenu avec lui », a expliqué à l’AFP un diplomate européen ayant requis l’anonymat. « C’est une solution pragmatique (…) Le signal politique est donné », a-t-il poursuivi.

Dans une vidéo publiée sur Facebook, le dirigeant nationaliste hongrois a souligné que la Hongrie ne voulait pas « partager la responsabilité » de ce choix « insensé » des 26 autres pays et « s’est donc abstenue ».


Frieden : «L’UE ne laisse pas seuls les Ukrainiens»

Le Premier ministre luxembourgeois, Luc Frieden, s’est dit «impressionné» par la tournure pris par son premier sommet européen, car, en fin de compte, les 27 auraient «parlé de paix ou de guerre». L’accord finalement arrachée – grâce à une pirouette diplomatique étonnante du Premier ministre hongrois (lire ci-contre) – ne serait donc en rien «anodin».

Le feu vert accordé à l’entame de négociations d’adhésion avec l’Ukraine serait «un signal politique fort envoyé à Kiev», mais aussi au président russe. «Poutine n’aura ni réussi à éradiquer l’Ukraine avec sa guerre d’agression, ni à éloigner l’Ukraine de l’UE», martèle Luc Frieden, rappelant aussi que «pour la première fois, l’UE engage des négociations d’adhésion avec un pays en guerre». «Nous démontrons, dans l’unité, que l’Europe, en tant que communauté de valeurs, se tient aux côtés d’un pays qui est attaqué», ajoute le Premier ministre.

Interrogé sur la solution de faire sortir le dissident Viktor Orban de la salle du Conseil au moment du vote, Luc Frieden précise que le Premier ministre hongrois aurait finalement déposé les armes après de longues heures de discussions». Il aurait compris qu’il n’allait «pas pouvoir convaincre» ses 26 pairs de l’appuyer sur son veto. «Il a eu du mal à nous expliquer pourquoi il jugeait que l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ukraine était une erreur», note le chef du gouvernement luxembourgeois.

Cette manœuvre inédite aurait, en fin de compte, été motivée par «une situation particulière». «Il est mieux d’avoir trouvé ce consensus politique au lieu de ne pas prendre de décision. Au bout de près de deux ans de guerre, le soutien politique apporté à l’Ukraine est peut-être devenu le plus important. L’UE fait savoir aux Ukrainiens qu’elle ne va pas les laisser seuls», conclut le successeur de Xavier Bettel.

« Une nouvelle page de notre histoire »

Quelques heures plus tôt, Viktor Orban avait martelé son refus d’accepter que l’Ukraine ouvre des négociations en vue de rejoindre l’Union européenne. « Il n’y a aucune raison de discuter quoi que ce soit, car les conditions n’ont pas été remplies », avait-il lâché dès le début du sommet.

Mais, en se retirant de la pièce au moment crucial, il a de facto refusé d’utiliser son droit de veto. Le dirigeant nationaliste hongrois s’oppose aussi à un soutien budgétaire de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine.

Le président ukrainien attendait, tout comme des millions d’Ukrainiens, un signal d’encouragement des Européens, au moment où les signaux négatifs venus de Washington se multiplient. Depuis des semaines les nuages s’accumulent au-dessus de l’Ukraine. Sa contre-offensive militaire n’a pas produit de percée décisive et l’aide occidentale, indispensable à l’effort de guerre, est bloquée.

Au moment même où débutait le sommet crucial de Bruxelles, Vladimir Poutine affichait par contraste sa confiance dans une victoire russe. « Pratiquement sur toute la longueur de la ligne de contact, nos forces armées améliorent leurs positions », a affirmé le président russe.

« Si Poutine gagne en Ukraine, il y a un risque réel que son agression ne s’arrête pas là », avait averti de son côté le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg, à l’unisson de plusieurs dirigeants européens.

Le statut de pays candidat pour la Géorgie

« La continuation et la hausse » de l’aide à l’Ukraine est une « question existentielle » pour l’UE, a ainsi souligné le patron de la diplomatie européennes Josep Borrell.

La Hongrie réclame de l’UE qu’elle débloque tous les fonds lui revenant mais qui ont été gelés en raison de manquements à l’Etat de droit. Elle a obtenu mercredi le déblocage de dix milliards d’euros, après une décision de la Commission européenne qui a provoqué la colère d’eurodéputés. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé la faiblesse de Bruxelles face au « chantage » du Premier ministre hongrois.

La présidente moldave Maia Sandu s’est elle aussi félicitée de la décision des 27. « C’est une victoire pour nous tous (…), une nouvelle page de notre histoire. Il y a deux ans, personne n’aurait imaginé » un tel scénario, a-t-elle réagi sur Facebook, alors que cette ex-République soviétique s’est résolument tournée vers l’UE depuis son élection fin 2020.

L’UE a également décidé d’accorder le statut de pays candidat à la Géorgie et d’ouvrir, sous conditions, des négociations d’adhésion avec la Bosnie-Herzégovine. La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, a immédiatement salué une « immense étape ».



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