InternationalSociété

«Un bruit qui peut nous réveiller la nuit»


Face aux nuisances du site d’ArcelorMittal de Belval, les habitants du quartier du Bruch se réunissent ce jeudi auprès d’un syndicat de citoyens, déterminé à changer la donne.

Un syndicat de citoyens du quartier Bruch à Esch-sur-Alzette s’est créé en 2022 afin de trouver des solutions pour atténuer les nuisances du site d’ArcelorMittal à Belval, à quelques mètres de chez eux. Afin d’accélérer les choses, le syndicat se réunit à 19 h ce jeudi, à l’hôtel de ville, et invite tout le voisinage d’ArcelorMittal à venir témoigner. La discussion permettra également de récolter des données précieuses pour le syndicat dont Francis Hengen est membre. Habitant du Bruch depuis 1988 et engagé au sein de la régionale Sud du Mouvement écologique depuis 30 ans, ce dernier connaît bien les nuisances de la sidérurgie pour les avoir étudiées à Belval, Schifflange et Differdange. Face à la hausse récente des nuisances dans son quartier, Francis Hengen réclame des solutions au plus vite.

Quelles sont les nuisances qui touchent le plus les habitants du Bruch ?

Francis Hengen : Ici, ce sont surtout les problèmes de bruit la nuit, avec le Train 2 qui possède peu de portes, donc on l’entend beaucoup. On est dérangés depuis des années à cause de la chute de grosses pièces, qu’ils laissent tomber dans les wagons, et à cause de la manipulation de la ferraille stockée dans la grosse cuve d’eau, qui n’est pas assez isolée vis-à-vis des quartiers. C’est un bruit qui peut nous réveiller la nuit.

Par exemple, la condition d’exploitation pour le parc à mitraille est de 38 décibels maximum la nuit. Et pour tout le site, l’aciérie et les laminoirs, la valeur limite est de 40 décibels. Nous, on a des appareils pour mesurer avec le Mouvement écologique et je le fais depuis chez moi, près de l’école fondamentale du Bruch, quasiment en face du site d’Arcelor. Et avec le vent qui vient du sud-ouest, qui impacte notre quartier 90 % de l’année, on a mesuré non pas 38 ou 40, mais bien 74 décibels. C’était à 22 h 56, le 1er juillet 2021, mais c’est pareil toute l’année. Cette année, c’était la catastrophe entre avril et octobre.

À quelle fréquence entendez-vous le bruit en soirée ?

Je ne sais pas s’ils ont beaucoup plus produit cette année, mais la fréquence a augmenté. En soirée, ça peut commencer dès 21 h. Quand ça commence à 21 h, mon épouse me dit : « Je crois que cette nuit, il va y avoir encore plus de bruit. » Après, ça dure de façon intensive jusqu’à 1 h du matin et ça continue moins fort jusqu’à 4 h. Il faut préciser que l’on parle de pics de 70, voire 75 décibels, pas d’une moyenne. Parce que la moyenne peut être en dessous des valeurs limites, mais les pics, eux, peuvent réveiller les gens.

Certains voisins déménagent car ils n’en peuvent plus

Pourquoi ne pas vous être manifestés avant ?

Déjà, on rassemble des voix de voisins une fois qu’on est constitué, quand les gens peuvent parler à quelqu’un. C’est pour cela que l’on se manifeste seulement maintenant, car cette année, il y avait beaucoup plus de bruit. Les gens le disent aux voisins, au syndicat et aussi au service écologique de la commune, mais la Ville ne peut pas prendre de décisions. Il faut passer par le ministère de l’Environnement, puis par Arcelor. Et comme chaque année, il y a peu de choses qui sont réalisées, les gens sont résignés et n’appellent plus. S’il y a moins de réclamations, ce n’est pas parce qu’il y a moins de bruit.

Dans le quartier, avez-vous pris des mesures individuelles pour réduire le bruit ?

La première chose, ce sont les bouchons d’oreilles. On ne peut pas dormir sans. En été, même avec des bouchons, on doit laisser les fenêtres fermées, car il n’y a que 3 décibels en moins. Ensuite, comme on ne peut pas dormir les fenêtres ouvertes, les gens installent des climatisations pour pouvoir dormir. Ce qui est aberrant avec la crise climatique, mais la santé et le sommeil des gens priment. Et puis, certains voisins déménagent car ils n’en peuvent plus. Pour mon épouse et moi, c’est difficile de prendre cette décision, car on est bien situés ici, avec une bonne qualité de vie. Donc, cette année, on a installé une climatisation parce qu’on veut rester là, mais mon épouse était malade avec le bruit.

Souvent, on dit que ce n’est qu’un peu de bruit, qu’il y a toujours eu du bruit de l’industrie. Oui, c’est vrai, on est là depuis 1988. Mais il y a 20 ans, ce n’étaient pas des aciéries électriques, donc ce n’était pas le même bruit. Il n’y avait pas cette ferraille, c’était plutôt un bruit d’ambiance. Depuis le début des années 2000, ils utilisent de la ferraille contaminée et cela a augmenté les dioxines et les furanes, les substances chimiques les plus toxiques qui existent. Dans le quartier, il y a aussi de fortes odeurs et on va demander aux gens s’ils les sentent aussi, car ça sent vraiment mauvais. On dirait du plastique brûlé.

Quelle suite après la réunion de jeudi entre habitants ?

Jeudi, ArcelorMittal et l’administration de l’Environnement ne seront pas là donc on n’aura pas de réponses. Mais on le fait quand même pour collecter pas mal d’informations et le 25 janvier, nous avons une réunion avec ArcelorMittal, l’administration de l’Environnement et la Ville. On leur proposera les solutions du syndicat afin de réduire le bruit : ne plus charger les wagons la nuit, fermer les portes du parc à mitraille et l’encastrer, remplacer les sirènes des ponts roulants par des flashs lumineux. Il y a des choses sur lesquelles Arcelor n’est pas en règle et tout le monde doit respecter les valeurs limites, même Arcelor. Mais il n’y a que l’administration de l’Environnement qui peut ordonner cela avec un arrêté.

Francis Hengen, habitant du Bruch depuis 30 ans et membre du syndicat de citoyens du quartier. Photo : dr



Source link

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

RSS
Follow by Email
YouTube
Pinterest
LinkedIn
Share
WhatsApp