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Témoignage : je suis une hypocondriaque (presque) guérie



J’ai longtemps été dans le déni, car j’avais en tête les récits de Michel Drucker ou de Claire Chazal, hypocondriaques assumés, qui font des check-up tous les six mois et courent chez le médecin au moindre symptôme.

Moi, c’est tout l’inverse : moins je côtoie le monde médical, mieux je me porte ! Je déteste, et c’est peu dire, être auscultée et réaliser tout examen, même une simple analyse de sang pour un contrôle de routine. Je prends sur moi lorsque c’est indispensable, mais je suis dans tous mes états. Terrifiée. Chaque fois, je suis persuadée que l’on va me trouver quelque chose de grave.

La peur de souffrir rivalise avec celle de mourir

Le paradoxe, c’est que je ne fais pas l’autruche pour autant, vu que je panique dès que mon corps fait un craquement inhabituel ou a une douleur, même minime. C’est toujours suspect.

Dernièrement, une tendinite récidivante à la cuisse, liée à mon sport, l’escrime, m’a obligée à faire une IRM du bassin. Dans la salle d’attente, j’étais essoufflée d’angoisse et la sueur perlait dans mon dos, car mon petit vélo mental avait posé son diagnostic : en fait de tendinite, je devais avoir un cancer de l’ovaire ou du côlon, dont la douleur dite « projetée » – qui s’exprime à distance de l’organe atteint – irradiait jusqu’à la cuisse.

J’ai aussi envisagé des métastases… Lorsque le radiologue m’a dit avoir repéré une seconde tendinite, de vifs sanglots de soulagement m’ont secouée avant qu’une légèreté primesautière m’envahisse : cette fois-ci encore, j’avais échappé au pire. Dans la rue, j’ai savouré le bonheur d’une condamnée graciée. Rassurée, jusqu’au prochain épisode.

Je me trouve ridicule mais ça ne change rien

J’ai ainsi sollicité en extrême urgence la dermatologue pour un grain de beauté louche, d’apparition soudaine au mollet. Il ne ressemblait pas aux photos de mélanomes sur Internet – mon meilleur ennemi -, mais à un autre cancer cutané, le spinocellulaire. Le lendemain soir à 20 heures, verdict de la spécialiste : “Votre nævus bizarre, c’est une verrue.”  No comment ! Un soir, je suis allée à l’hôpital à 23 heures pour des calculs rénaux, pétrifiée à l’idée que mon rein se déchire, car j’avais une douleur atroce dans la région de l’aine et du pubis, et je savais que c’est typique des calculs de la voir se propager dans cette zone. Diagnostic ? Élongation de l’un des muscles adducteurs.

Après coup, je peux franchement rire de moi et me trouver ridicule, mais cela ne change rien, hélas, l’hypocondrie n’est pas soluble dans l’humour. À l’exception des moqueries de mon généraliste, qui me rassurent : “Si tous les patients étaient en aussi mauvaise santé que vous, les médecins seraient tous au chômage. Vous êtes en pleine forme. Votre bilan biologique, il faut le prendre dans sa globalité.”

Le laboratoire indiquait, en effet, une maximale à 90 et comme j’étais à 94, j’avais imaginé le développement sournois d’une maladie. Depuis cet épisode, un mois avant mes analyses annuelles, je triche un peu, en m’y préparant. Pas pour jouer la bonne élève, mais pour m’éviter l’angoisse des résultats limites, hors des fourchettes mentionnées par le labo.

Ainsi, je ne bois que de l’eau de source pour ne pas fatiguer mes reins et avoir un bon taux de DFG rénal, le débit de filtration glomérulaire, qui évalue la fonction de filtration des reins. Je me tiens à carreau côté sucres, fromage, beurre, crème fraîche et alcool pour ne pas élever la glycémie, les triglycérides, et le cholestérol. L’année dernière, j’étais dans les clous pour tout pour la première fois, au point de douter des résultats. Je suis passée au labo demander si on leur avait signalé une machine déréglée…

J’ai eu peur de sombrer dans la folie

J’ai débuté une psychothérapie pour travailler sur mon anxiété et pour apprendre à ne plus présager du pire. Mais il m’a fallu un sérieux déclic : j’ai eu peur de sombrer dans la folie quand je me suis trouvé des symptômes de cancer de la prostate…

Depuis, je m’interdis de fouiller les manuels de médecine sur le Net. Passer un examen médical reste éprouvant, mais j’arrive à vivre un quotidien ordinaire la semaine qui précède, sans ressasser la perspective d’une maladie. C’est un dur labeur, mais c’est si doux de ne plus me gâcher la vie non-stop.



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