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Soixante-dix ans après Diên Biên Phu, la France et le Vietnam vont renforcer leur coopération militaire


Le 7 mai 1954, aux environs de 17 heures, la garnison française de Diên Biên Phu fut submergée par les divisions du Viet Minh, après 57 jours de combats héroïques. Sur 10’300 combattants ayant survécu à cet enfer, seulement 3200 reviendront de captivité, au cours de laquelle ils furent soumis à un « lavage de cerveau », aux maladies, aux tortures psychiques et à la faim. Ces graves violations des Conventions de Genève, censées garantir les droits les plus élémentaires des prisonniers de guerre, ne furent quasiment jamais dénoncées.

Quoi qu’il en soit, les relations entre la France et le Vietnam [communiste] en matière de défense furent établies en 1991. Mais il aura fallu attendre dix-huit ans pour qu’elles se traduisent par un accord de coopération a minima dans ce domaine. Depuis, les responsables militaires des deux pays ont des contacts réguliers et la Marine nationale effectue régulièrement des escales dans des ports vietnamiens, comme celle faite récemment par la frégate de surveillance Vendémiaire à Da Nang.

En 2013, Paris et Hanoï ont instauré un « partenariat stratégique », lequel a été suivi par une « Déclaration commune relative à la relation de défense de 2018 à 2028 ». C’est dans le cadre de celle-ci qu’a ensuite été institué le « Dialogue sur les questions stratégiques et la coopération de défense ». Mais il s’agit d’aller plus loin.

À l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu, le gouvernement vietnamien a convié le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et la secrétaire d’État chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Mirallès à la « cérémonie nationale vietnamienne pour commémorer cette histoire commune ». Évidemment, une telle démarche ne peut qu’interroger. S’agit-il pour, les responsables français, d’aller à Canossa ? Ou s’agit-il de sceller définitivement la réconciliation entre les deux pays ?

En décembre, à l’issue du troisième Dialogue de stratégie et de coopération de défense, organisé à Paris et co-présidé par Alice Rufo, directrice générale des relations internationales et de la stratégie du ministère des Armées, et le général Hoang Xuân Chiên, vice-ministre vietnamien de la Défense, il fut convenu de renforcer la coopération entre les forces armées des deux pays.

Selon la presse vietnamienne, il était ainsi question de mettre l’accent sur la « multiplication des échanges et des contacts à tous les niveaux », d’élaborer un « protocole d’accord sur la coopération et la formation », de renforcer la coopération en matière de « médecine militaire, de sécurité maritime et de lutte contre le terrorisme ». La « résolution des conséquences de la guerre » devait être abordée.

Avant de s’envoler vers Hanoï, et au-delà de l’hommage qu’ils ont prévu de rendre aux combattants français de Diên Biên Phu, M. Lecornu et Mme Miralles, ont précisé l’objet de leur voyage. « Dans un monde instable et dangereux où certains acteurs n’hésitent plus à piétiner les principes fondamentaux du droit international, la France veut travailler davantage avec le Vietnam pour consolider la stabilité de l’Indopacifique, où vivent 1,6 millions de nos compatriotes d’outre-mer, et celle de l’Asie du Sud-Est en particulier en lien avec l’ASEAN [Association des Nations d’Asie du Sud-Est] », ont-ils fait savoir.

Comme l’a dit le ministre des Armées via X [anciennement Twitter], il s’agit désormais de « regarder vers l’avenir en renforçant » le « partenariat stratégique » franco-vietnamien.

S’exprimant sur le même canal, M. Lecornu a annoncé qu’il avait signé, avec le général Phan Van Giang, son homologue vietnamien, un « cadre » pour les futures coopérations. Celui-ci porte sur la « mémoire, pour faciliter l’accès aux archives et la restitution des dépouilles de soldats », la « santé militaire, notamment pour la recherche sur les maladies tropicales infectieuses », les « formations, pour créer des liens interpersonnels entre nos armées », les « escales maritimes, pour contribuer ensemble à la liberté de navigation », le « maintien de la paix » et les « équipements de défense ».

En matière d’armement, les forces armées vietnamiennes sont surtout dotées d’équipements d’origine soviétique [ou russe]. À vrai dire, les ventes d’armes françaises au Vietnam sont marginales, avec « seulement » 151 millions de prises de commande entre 2013 et 2022. Probablement qu’il y aura des opportunités à saisir dans un avenir proche, en particulier quand il s’agira pour Hanoï de moderniser ses capacités militaires. Et cela alors que les tensions avec Pékin, notamment en mer de Chine méridionale, sont récurrentes.





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