Selon le Pentagone, la Chine continue de renforcer son arsenal nucléaire à marche forcée


En janvier 2022, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies [France, Royaume-Uni, États-Unis, Russie, Chine] signèrent une déclaration commune dans laquelle ils s’engageaient à « prévenir la prolifération d’armes nucléaires » et à éviter une « course aux armements ». En outre, assurant qu’une « guerre nucléaire ne pouvait être gagnée », ils affirmèrent que de telles armes devaient « servir à des fins défensive et dissuasives ».

Depuis, l’esprit de cette déclaration a été malmené… Le traité de désarmement New START, signé par les États-Unis et la Russie, est devenu une coquille vide, Moscou envisage de dénoncer sa participation au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires [TICEN], que Washington a signé mais pas ratifié, et le Chine développe son arsenal nucléaire à marche forcée, même si elle s’en défend.

Dans une étude publiée en juin dernier, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [SIPRI] avait estimé que l’arsenal chinois comptait 410 armes nucléaires… Soit 41% de plus par rapport à 2019.

« La taille de l’arsenal nucléaire de la Chine est passée de 350 ogives en janvier 2022 à 410 en janvier 2023, et elle devrait continuer de croître. Selon la manière dont elle décide de structurer ses forces, la Chine pourrait potentiellement avoir au moins autant de missiles balistiques intercontinentaux que les États-Unis ou la Russie d’ici la fin de la décennie », avait ainsi estimé l’institut suédois.

De son côté, s’il ne donne pas exactement les mêmes chiffres, le Pentagone confirme cette tendance, tout en soulignant qu’elle s’accompagne aussi d’un effort conséquent sur les vecteurs de telles armes, avec notamment la construction de 300 silos de missiles balistiques intercontinentaux répartis sur trois bases ou encore le développement de l’engin « mirvé » DF-5C, d’une portée de 16’000 km et capable d’emporter plusieurs têtes nucléaires [Multiple Independently targeted Reentry Vehicle].

Ainsi, selon son dernier rapport sur les capacités militaires chinoises [.pdf], le Pentagone estime que Pékin posséderait désormais 500 armes nucléaires opérationnelles, soit 25% de plus par rapport à son évaluation publiée l’an passé.

« Comparés aux efforts de modernisation nucléaire de l’APL [Armée populaire de libération] observés il y a dix ans, ceux menés actuellement les éclipsent en termes d’ampleur et de complexité », constate le rapport. Celui-ci s’attend à ce que la Chine possède plus de 1000 têtes nucléaires opérationnelles d’ici la fin de cette décennie et que cet effort se poursuive jusqu’en 2035… Et même au-delà, l’objectif de Pékin étant très certainement d’arriver à la parité nucléaire avec Washington et Moscou.

La Chine « n’a pas déclaré d’objectif final ni reconnu l’ampleur de son expansion [de son arsenal], a résisté aux appels des forums multilatéraux pour une transparence accrue et a refusé de s’engager dans un contrôle substantiel de ses armements », souligne le Pentagone.

Par ailleurs, le rapport évoque également le développement par la Chine d’une capacité de « bombardement orbital fractionné », laquelle lui permettrait de prendre à revers une défense antimissile. Et, histoire de brouiller les pistes, elle envisagerait également de développer des missiles balistiques intercontinentaux dotés d’une charge conventionnelle, ce qui lui permettrait de viser le territoire américain sans recourir à ses armes nucléaires. L’existence de tels engins ne ferait que renforcer l’incertitude sur la nature d’une éventuelle frappe… Et donc l’indécision sur la nature de la réponse à lui apporter.

Jusqu’alors, la doctrine nucléaire chioise reposait sur trois concepts : la stricte suffisance, la défense effective et la contre-attaque contre les sites stratégiques de l’adversaire. Le développement rapide de cet arsenal suggère que celle-ci a évolué vers une capacité de « première frappe », d’autant pluis qu’il s’accompagne d’efforts dans d’autres domaines [armes hypersoniques, guerre électronique, cyber, armes anti-satellites, etc.]. Mais Pékin assure du contraire.

« La Chine poursuit avec détermination une stratégie nucléaire d’autodéfense. […] Nous avons toujours maintenu nos forces nucléaires au niveau minimum requis pour notre sécurité nationale » et « tant qu’un pays n’utilisera pas ou ne menacera pas d’utiliser des armes nucléaires contre la Chine, il ne sera pas menacé par les armes nucléaires chinoises », a réagi Mao Ning, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, après la publication du rapport du Pentagone.





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