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Remaniement ministériel : ‘ Les Camerounais sont fatigués d’attendre finalement’

En parlant du Sénat, le Rdpc occupe pour les cinq prochaines années plus de 96% des sièges. Est-ce un mauvais signal pour la démocratie ?

Notre démocratie avance effectivement à reculons. Le Rdpc a fait une razzia en remportant tous les 70 postes électifs. On sait comment ils font pour obtenir cette majorité obèse. Tout commence par les magouilles qui entourent les élections municipales et régionales. Pour l’intérêt du Cameroun, il faut faire quelque chose pour notre démocratie ; les gens du Rdpc doivent comprendre que le pays appartient à tout le monde et pas seulement à eux. J’entends un discours provocateur sur la fameuse majorité écrasante. Qui croient-ils tromper ? On sait comment ça se passe et ils doivent avoir le triomphe modeste. Un Parlement monocolore, ce n’est pas bien pour le Cameroun. On ne peut en même temps être en train de dire que le président bâtit un pays moderne et démocratique et se glorifier de telles pratiques anti-démocratiques. Il n’y a qu’en Chine, en Russie ou en Corée du Nord qu’on voit ce genre de chose. On dit qu’impossible n’est pas Camerounais, et on est en train de le voir.

Le casting du président pour les 30 nommés le 31 mars vous pose donc aussi problème ?

On s’attendait logiquement à ce qu’il rétablisse au moins les équilibres à ce niveau. Ces nominations nous donnent aussi une idée de ce à quoi pense le chef de l’Etat. N’oubliez pas qu’il y a aussi les batailles de succession qui se jouent en toile de fond. On peut estimer que 2025 est lointain, mais on sait que c’est le président du Sénat qui prend les commandes en cas d’incapacité ou du décès du chef de l’Etat, et pas seulement. Qui va être le premier et le deuxième vice-président ? On a vu au Nigeria comment Abacha a pris le pouvoir.

C’est Ernest Shonekan en principe qui devait gérer l’intérim, mais, il s’est désisté et a passé le pouvoir au chef militaire Sani Abacha. Le même scénario s’est reproduit au Tchad récemment après le décès brutal du maréchal Idriss Déby Itno. Donc, au Cameroun on pourrait aussi partir d’un intérim qui échappe au président du Sénat pour tomber entre les mains du premier ou du deuxième vice-président. Le président aurait pu nommer au Sénat des membres de la société civile, de l’opposition, etc., qui jouissent d’une certaine crédibilité. Il faut faire des choses au-delà de la politique politicienne ; on peut faire des calculs pour le Cameroun. Ce n’est pas tout le temps qu’il faut ramener des amis anciens ministres, etc.

Ce que vous dites pour le Sénat vaut également pour le gouvernement que l’on attend depuis longtemps quand même…

Evidemment ! Mais les Camerounais sont fatigués d’attendre finalement depuis quatre ans. Il y a eu toutes les élections depuis 2018 ; il y a eu des scandales d’Etat, dont récemment le Covidgate ou encore la Cangate, il y a même eu des morts au gouvernement, mais rien n’a bougé. C’est pourtant le même président qui est le premier à dénoncer l’inertie. Là aussi, il faut que le gouvernement agisse dans le seul intérêt du Cameroun. Il y a des fils et filles de ce pays jusque dans les diasporas qui peuvent mieux faire les choses, qui peuvent travailler au retour à la normale sur un certain nombre de questions. Si le pays est bien, c’est bien pour tout le monde et pas seulement pour le Rdpc. S’il veut réaffirmer son leadership, c’est maintenant que le président doit remanier le gouvernement. Beaucoup trop de ministres de l’actuel gouvernement sont impliqués dans des scandales. Le Contrôle supérieur de l’Etat, la Chambre des comptes de la Cour suprême et la Conac ont fait un certain nombre de rapports, il faut en tenir compte. Sinon, pourquoi avoir créé ces institutions ?

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