InternationalSociété

Pour la première fois, l’Australie a déployé un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon à La Réunion


Au regard des difficultés qu’éprouve actuellement l’industrie navale américaine [capacités de production sous-dimensionnées, chaîne d’approvisionnement déficiente, pénurie de main d’oeuvre, etc.], il n’est pas certain que la Royal Australian Navy [RAN] puisse obtenir les trois sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] dans les délais convenus dans le cadre du pacte stratégique AUKUS [Australie, Royaume-Uni et États-Unis]. Et cela, même si Canberra a promis un apport de 3 milliards de dollars.

Étant donné que la RAN a l’intention de se doter de 8 SNA, les cinq autres seront issus du programme SSN-AUKUS, mené par le Royaume-Uni. Cette semaine, le gouvernement australien a promis une subvention de 3 milliards de dollars à l’industrie britannique et confirmé le choix de BAE Systems et d’ASC Pty Ltd [ex-Australia Submarine Corporation] pour la construction des navires, laquelle sera assurée en partie en Australie.

Devant les doutes suscités par ce projet, le ministre australien de la Défense, Richard Marles, s’est voulu rassurant. « Cela va se concrétiser et nous avons besoin que cela se concrétise », a-t-il dit. Quand le vin est tiré, il faut le boire…

Quant aux remous diplomatiques provoqués par la décision de Canberra d’annuler la commande de douze sous-marins océaniques Shortfin Barracuda auprès du français Naval Group au profit des huit SNA du pacte AUKUS, ils sont désormais oubliés.

D’ailleurs, ces derniers jours, un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon et un appareil de transport C-17 Globemaster III de la Royal Australian Air Force [RAAF] ont été accueillis sur la base aérienne 181 « Lieutenant Roland Garros », à La Réunion. Et cela afin de mener, selon l’État-major des armées [EMA], des « opérations coordonnées de surveillance maritime » franco-australiennes afin de faire face « à la montée des enjeux stratégiques dans cette zone sous tension » qu’est l’océan Indien.

Cette « coopération militaire démontre la détermination des deux pays à travailler ensemble au profit de la sécurité maritime dans la zone Sud de l’Océan Indien », ont commenté les Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien [FAZSOI].

« La Réunion occupe une position charnière dans l’océan Indien, située à environ 940 km à l’est de Madagascar et à 225 km au sud-ouest de Maurice. Sa situation géographique unique souligne son importance en tant que plaque tournante clé pour les activités maritimes et les routes commerciales traversant l’océan Indien », a, de son côté, expliqué le ministère australien de la Défense.

Auparavant, la BA 181 avait accueilli des P-8I Poseidon de l’Indian Navy, un accord signé par Paris et New Delhi en 2018 ayant ouvert l’accès des bases françaises aux forces indiennes. Mais le déploiement australien est inédit.

« L’Australie et la France partagent un engagement en faveur d’une relation bilatérale dynamique fondée sur la confiance, des valeurs et des intérêts partagés », a souligné le ministère australien de la Défense, pour qui l’envoi d’un P-8A Poseidon de la RAAF à La Réunion vise à améliorer la « coopération en matière de sécurité maritime et l’élargissement de la connaissance du domaine maritime dans la région ».

En décembre, à l’occasion d’un déplacement en Australie, Catherine Colonna, alors ministre des Affaires étrangères, avait signé une « feuille de route » censée ouvrir un « nouveau chapitre ambitieux » dans les relations entre Paris et Canberra. Et il était notamment question d’un « accès réciproque aux installations militaires en s’appuyant sur les cadres juridiques existants ».

« Le renforcement de l’accès de la France aux installations de défense australiennes portera la coopération à un niveau supérieur. Le renforcement de l’accès de l’Australie aux installations de défense françaises dans les océans Pacifique et Indien facilitera une présence australienne plus soutenue dans les domaines d’intervention prioritaires », était-il soutenu dans ce document.

Quoi qu’il en soit, ce premier déploiement d’un P-8A Poseidon australien à La Réunion a été un « grand succès » pour le chef du détachement australien. « Nous perfectionnons non seulement nos compétences tactiques, mais nous renforçons également les liens de coopération entre nos forces militaires respectives. Nos hôtes ont été très accueillants et il est évident que nous partageons le même engagement à respecter les normes internationales », a-t-il dit.

Photo : Ministère australien de la Défense / Caporal Kieren Whiteley





Source link

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

RSS
Follow by Email
YouTube
Pinterest
LinkedIn
Share
WhatsApp