Pire que le frelon asiatique, la coccinelle asiatique va envahir les jardins français ce printemps 2024

Faut-il vraiment s’inquiéter face aux pensionnaires de votre jardin ? Celle qui est, à tort, considérée, comme un « nuisible » souffre actuellement d’une mauvaise presse. Ce qui est pointé du doigt par certains experts ? La coccinelle asiatique, introduite pour réduire la nécessité d’utiliser des pesticides contre les pucerons, a fini par supplanter ses homologues indigènes, devenant ainsi plus abondante et envahissante. 

Étienne Branquart, expert en entomologie à l’université de Liège, a étudié l’invasion de la coccinelle asiatique en Belgique dès 2001. Les premiers cas de reproduction dans des conditions naturelles ont été constatés près des serres expérimentales d’un élevage à Gand. En l’espace de seulement trois ans, ces insectes se sont largement répandus dans tout le pays, comme il l’a rapporté au Parisien.

Plusieurs éléments pour identifier la coccinelle asiatique 

La coccinelle asiatique, bien qu’elle ressemble à sa cousine européenne, possède des caractéristiques distinctes. Elle peut arborer jusqu’à 19 points sur sa carapace, alors que la coccinelle européenne en a généralement entre deux et sept. De plus, la coccinelle asiatique est souvent plus orangée, tandis que sa cousine européenne est plutôt rouge. Enfin, elle se démarque également par sa taille imposante. Elle figure parmi les plus grandes coccinelles au monde, mesurant entre 5 et 7 millimètres.

Cette divergence ne se limite pas à l’apparence. Cet insecte introduit en Europe déploie une stratégie de survie redoutable. Déjà à l’état larvaire, elle se montre agressive, éliminant la concurrence grâce à ses épines et à une substance toxique qu’elle sécrète. À l’âge adulte, son appétit vorace ne faiblit pas, elle peut dévorer des larves de papillons et même d’autres coccinelles.

crédit photo : Shutterstock Une coccinelle asiatique

Comment agir face à la coccinelle asiatique ? 

Si elles ne présentent aucun danger pour l’humain, elles participent toutefois au déclin des populations de coccinelles indigènes, telles que les coccinelles biponctuées et septempunctuées. C’est pourquoi l’introduction de cette espèce en Europe est aujourd’hui largement remise en question. Étienne Branquart a notamment fait part de sa surprise face à la légèreté avec laquelle cette décision a été prise, déplorant que les experts aient agi en véritables « apprentis sorciers ». 

Comme pour le frelon asiatique, la solution ne consiste pas à asperger son jardin de produits nocifs pour s’en débarrasser. Ce mauvais geste a toutes les chances d’impacter la biodiversité de votre carré vert, et même peut-être votre santé. Si ces coccinelles s’invitent dans vos intérieurs, la meilleure option consiste tout simplement à les déloger pour les libérer dans le jardin. 

À noter que la suppression de cette espèce a été jugée comme impossible par les scientifiques. C’est pourquoi une cohabitation est la clé pour plus de sérénité. Arnaud Estoup, généticien et directeur de recherche à l’INRA (Institut national de recherches agronomiques), est formel : « On ne parviendra pas à les éliminer, car ce sont des populations énormes qui sont présentes sur quatre continents. Mais on ne va pas voir pour autant disparaître la biodiversité des coccinelles. On va laisser faire la nature. », ainsi qu’il l’a indiqué auprès de France 3 Grand Est.

crédit photo : Shutterstock La coccinelle asiatique, un danger pour votre jardin ?

Selon l’expert de la coccinelle asiatique, cette espèce finira par bien s’intégrer à l’écosystème européen. Aussi, comme pour le frelon asiatique, cela ne sert à rien d’écraser ces insectes. Pour rappel, ce dernier pourrait libérer une substance odorante qui agit comme un signal d’alarme pour les autres membres de la colonie. Les frelons asiatiques ainsi alertés ne cherchent pas à éviter la zone, mais cette substance aide à identifier l’origine de l’attaque. De quoi rappeler la nécessité d’accepter ces invités dans votre jardin, surtout s’ils se tiennent à distance de votre habitation.