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«On est prêts à battre le pavé»


Le premier syndicat du pays lance une mise en garde au camp patronal, qui serait tenté de s’attaquer au cadre légal régissant les conventions collectives. Cette tentative de «marginaliser» des syndicats est condamnée.

Le comité national de l’OGBL, réuni hier matin, s’est penché sur ce qui ressemble à une «offensive du patronat» contre les syndicats, avec pour objectif de «remettre en cause, voire de minimiser le rôle fort qu’assument les organisations syndicales». «Or, c’est justement en ces temps compliqués, avec un gouvernement conservateur-libéral à la tête du pays, que les gens ont besoin d’un syndicat fort, qui s’engage pour leurs intérêts», souligne Nora Back, la présidente du premier syndicat du pays, sorti largement renforcé des élections sociales du 12 mars.

Malgré tout, le patronat se verrait pousser des ailes au vu du soutien politique dont bénéficient les entreprises. «C’est avec le vent en poupe que le camp patronal tente remettre en question le poids des syndicats, en tête celui de l’OGBL», renchérit Nora Back.

Un premier clash entre syndicats et patrons se profile donc à l’horizon depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement CSV-DP. Les craintes émises dès l’entame des négociations de coalition se concrétiseraient désormais. Du côté patronal, c’est la récente attaque de la Fédération des artisans venue clamer, dans un communiqué, que «l’OGBL et le LCGB sont des phénomènes absolument marginaux dans le monde du travail réel».

Le tacle de la Fédération des artisans

Ce tacle repose sur le constat que ce sont les délégués du personnel «neutres» qui seraient les «grands gagnants» des élections sociales. Il n’est pas à nier que ces délégués, sans couleur syndicale, ont remporté 56,72 % des mandats effectifs dans les 3 112 sociétés ayant communiqué leurs résultats. Les quelque 5 000 délégués «neutres» se retrouvent face aux 2 268 délégués effectifs que dénombre l’OGBL (2 112 selon l’ITM, soit 25,26 %) et aux 1 217 délégués effectifs issus des rangs du LCGB (13,8 %).

«La Fédération des artisans fait comme si ces délégués neutres forment un bloc homogène. C’est un mensonge, car ces délégués sont issus d’horizons très divers. Ils sont même nombreux à être affiliés à l’OGBL, mais n’ont pas pu ou voulu se présenter sous nos couleurs, notamment par crainte d’être pénalisés par leur patron», relate Nora Back. La véritable intention du camp patronal serait de renforcer sa position face à des délégués «démunis de formation et de ressources pour peser dans la négociation de conventions collectives». La présence obligatoire d’un syndicat compenserait ce déficit.

La présidente fait aussi remarquer qu’il faut prendre en compte le résultat dans les grandes entreprises, de plus de 100 salariés, pour démontrer le vrai poids du camp syndical. Ici, l’OGBL mène la danse avec 39,5 % des délégués, contre 32,21 % pour les délégués «neutres».

Or, si jamais une attaque sur les conventions collectives se concrétise, telle que le réclame la Fédération des artisans, la contre-attaque ne tarderait pas : «Si aucune solution ne peut être trouvée à la table des négociations, on est prêts à ressortir nos drapeaux et battre le pavé.»

La «chasse aux malades» fustigée

Le camp patronal a identifié un autre chantier majeur qui nuirait à la productivité des entreprises : les absences répétées de salariés pour cause de maladie. Or, l’absentéisme serait sur le recul, rétorque Nora Back, en renvoyant vers les plus récents chiffres. «On est revenu pour la première fois au niveau d’avant-covid», clame la présidente de l’OGBL*. En 2019, le taux d’absentéisme s’affichait à 3,94 % contre 3,88 % en 2018. Notamment en raison de la pandémie, un taux record de 5,2 % a été atteint en 2022 (4,4 % en 2021). Sur les dix premiers mois de 2023, le taux d’absentéisme est retombé à 4,5 %.

Le camp syndical fustige d’autant plus la «chasse aux malades» qu’aurait engagée la Fédération des artisans, mais aussi la Fedil (fédération des industriels). «Les patrons veulent pénaliser les salariés sans se poser la question de savoir pourquoi ils tombent malades. Maintes études, dont celles de la CSL, concluent que ce sont souvent les conditions de travail qui rendent malades. La solution n’est donc pas une chausse aux malades», développe la cheffe de file de l’OGBL.

* Le chiffre qui appuie les propos de Nora Back est issu d’un document encore interne du Centre commun de la sécurité sociale.



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