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L’UE demande des pauses humanitaires à Gaza, où « personne n’est en sécurité » selon l’ONU


Les dirigeants de l’Union européenne ont demandé « des pauses » dans le conflit qui oppose Israël au Hamas palestinien afin de faciliter l’accès à l’aide humanitaire pour les civils à Gaza, assiégé et où « personne n’est en sécurité », affirme l’ONU.

En six jours, 74 camions d’aide sont parvenus, depuis l’Égypte voisine, dans le territoire palestinien de 362 km², soumis à « un siège complet » qui prive ses 2,4 millions d’habitants d’eau, de nourriture et d’électricité, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) jeudi soir. Soit bien moins que les 500 camions journaliers qui parvenaient, avant le conflit, à Gaza, déjà soumis à un blocus israélien depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas en 2007.

« Les partenaires humanitaires ne peuvent accéder en toute sécurité aux populations dans le besoin et aux entrepôts où est stockée l’aide », a ajouté l’OCHA.

« Couloirs humanitaires » 

Face à cette situation, les chefs d’État et de gouvernement des 27 pays de l’UE ont exprimé jeudi soir leur « plus vive inquiétude concernant la dégradation de la situation humanitaire à Gaza », dans une déclaration commune qui réclame des « couloirs humanitaires » et des « pauses » pour acheminer l’aide.

La Maison-Blanche avait aussi suggéré mardi des « pauses » pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, plutôt qu’un cessez-le-feu qui « à ce stade ne bénéficierait qu’au Hamas », classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël. Les dirigeants de l’UE se sont dit par ailleurs favorables à l’organisation d’une « conférence internationale de paix », « prochainement », alors que le conflit, déclenché par l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien, entre dans son 21ᵉ jour.

Le 7 octobre, des centaines de combattants du mouvement islamiste se sont infiltrés sur le sol israélien depuis la bande de Gaza, lors d’une attaque d’une violence et d’une ampleur sans précédent depuis la création d’Israël en 1948. En Israël, 1 400 personnes, selon les autorités, ont été tuées depuis le début de la guerre, dont un millier de civils morts le jour de l’attaque.

Selon l’armée israélienne, 224 otages, israéliens, binationaux ou étrangers, ont été enlevés au cours de cette attaque par le Hamas, qui a relâché quatre femmes à ce jour. Jeudi soir, les familles d’otages ont prévenu à Tel-Aviv être arrivées « au bout de leur patience » et exigé d’être reçues par le gouvernement. « Depuis vingt jours le gouvernement est muet », a déploré Eyal Sheni, le père de Roni Sheni, une soldate de 19 ans otage ou disparue.

Côté palestinien, plus de 7 000 personnes ont été tuées, en majorité des civils dont environ 3 000 enfants, selon le Hamas, dans les bombardements israéliens en représailles depuis.

Frappes américaines

Des images satellite publiées jeudi montrent l’ampleur des destructions, avec des quartiers entiers rasés par les bombardements. Selon l’OCHA, citant le ministère des Travaux publics et du Logement de Gaza, 45 % des habitations de la bande de Gaza ont été « endommagées ou détruites ».

Depuis le 15 octobre, l’armée israélienne appelle la population du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à évacuer vers le sud. Au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l’ONU. Toutefois, les frappes continuent aussi de toucher le sud, où sont massés plusieurs centaines de milliers de civils.

Selon l’ONU, quelque 30 000 déplacés ont cependant regagné ces derniers jours le nord du territoire. « Nous retournons pour mourir dans nos maisons. Ce sera plus digne », a affirmé Abdallah Ayyad, qui après s’être réfugié dans un hôpital à Deir el-Balah, retourne à Gaza-ville, avec sa femme et leurs cinq filles, serrés dans la remorque d’un triporteur.

Pendant la nuit de mercredi à jeudi, l’armée israélienne a mené un « raid ciblé » avec des chars dans le nord de la bande de Gaza, en prélude à une offensive terrestre annoncée à plusieurs reprises et confirmée mercredi soir par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a promis « d’anéantir » le Hamas.

La communauté internationale redoute les conséquences de cette possible offensive, craignant un nombre important de victimes civiles mais aussi un embrasement dans la région.

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a annoncé que les États-Unis avaient mené des frappes jeudi contre deux installations utilisées par les Gardiens de la révolution iraniens et des « groupes affiliés » dans l’est de la Syrie.

« Ces frappes de légitime défense et de précision sont une riposte à une série d’attaques en cours, et pour la plupart manquées, contre le personnel américain en Irak et en Syrie par des milices soutenues par l’Iran », depuis le 17 octobre, a indiqué dans un communiqué M. Austin.

« Pas épargnés » 

Cette annonce est intervenue après que le président Joe Biden a adressé un message au dirigeant suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, pour le mettre en garde contre toute attaque visant les troupes américaines.

« Un message direct a été envoyé. Je n’irai pas plus loin », a confirmé un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby.

Jeudi, devant les Nations unies, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré que son pays ne souhaitait pas l’extension du conflit. « Mais je préviens que si le génocide à Gaza se poursuit, ils ne seront pas épargnés par ce feu », a-t-il ajouté, s’adressant aux Etats-Unis.

Les échanges de tirs sont aussi quotidiens à la frontière nord d’Israël avec le Liban, entre l’armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l’Iran et allié du Hamas.

En Égypte, la télévision AlQahera News – proche du renseignement – et des témoins ont affirmé que six personnes ont été blessées quand une roquette s’est abattue dans la nuit de jeudi à vendredi sur Taba, ville frontalière d’Israël.

« Dans le cadre de l’escalade actuelle à Gaza, une roquette s’est écrasée à Taba, faisant six blessés », rapporte la télévision AlQahera News, proche du renseignement égyptien. Des témoins ont précisé qu’une roquette s’était abattue sur une annexe d’un hôpital de cette ville, située sur la mer Rouge et à la pointe nord-est du Sinaï, où se trouve un poste-frontière vers Israël.

La tension est très vive aussi en Cisjordanie occupée, où plus de 100 Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé. Des appels à manifester, après la prière du vendredi, ont été lancés à plusieurs villes des territoires palestiniens, dont Naplouse et Hébron.



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