Leslie, 28 ans, a appris qu’elle portait la vie et la maladie à trois jours d’intervalle

À l’occasion d’Octobre Rose – campagne annuelle de sensibilisation au cancer du sein – nous avons fait la rencontre de Leslie, 28 ans, atteinte d’une récidive ganglionnaire liée à la maladie qui l’a touchée l’année dernière. Auprès de Marie France, elle raconte son histoire et fait entendre sa voix.

C’est en mai 2022 que Leslie se rend compte qu’elle a “une masse dans le sein”. Elle effectue alors une échographie mammaire qui révèle ce qui semble être une “tumeur bénigne”. La jeune femme enchaîne avec une micro-biopsie, pour en avoir le cœur net. Alors qu’elle attend encore les résultats, elle apprend qu’elle est enceinte.

L’histoire de Leslie, ou comment le cancer du sein peut bouleverser une vie

Le 24 juin 2022, Leslie a rendez-vous chez sa gynécologue, “pour savoir là où je voulais accoucher, mais également afin de programmer une première échographie de datation”, précise-t-elle. Elle en profite pour reparler de cette masse qui se trouve dans son sein : “Je lui explique que la dame qui m’a effectué la micro-biopsie m’a dit que, dans tous les cas, même si cette tumeur est bénigne, il faudra l’enlever lors d’une intervention chirurgicale”. Ce à quoi la gynécologue lui répond que cela pourra attendre la fin de la grossesse. “J’étais à mille lieux de penser au pire, vraiment… J’étais sur mon petit nuage, à imaginer la nouvelle vie qui m’attendait quelques mois plus tard…”, poursuit Leslie.

Très vite, le rendez-vous prend une tournure inattendue : “Ma gynécologue me demande ma carte vitale, l’insère dans son petit boîtier et voit qu’un document est en attente. Elle l’ouvre. Je vois son visage se décomposer”. C’est à ce moment précis que tout bascule en une phrase : “Finalement, l’intervention chirurgicale n’attendra pas la fin de la grossesse…” La jeune femme comprend immédiatement : “J’étais atteinte d’un cancer du sein. L’ascenseur émotionnel”.

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La jeune femme contrainte de prendre une douloureuse décision, “C’était ma vie ou celle du bébé”

En trois jours d’intervalle, c’est ainsi que Leslie apprend qu’elle porte la vie et la maladie. “La grossesse étant plus que précoce, c’était ma vie ou celle du bébé”, explique-t-elle. Elle continue : “Lors de l’annonce de la maladie, j’ai de suite pris la décision, avec mon conjoint, d’interrompre la grossesse […] De toute façon, tout le temps où j’étais enceinte, je n’aurais pas pu me faire soigner, donc je n’avais pas tellement le choix à vrai dire… Je ne me voyais pas mener ce combat en portant la vie… ”

Alors qu’une interruption médicalisée de grossesse (IMG) est programmée pour le 6 juillet, Leslie fait une fausse-couche la veille. Elle déclare : “Parfois, le corps est ‘bien fait’ et ressent certainement les choses […] Je n’ai donc pas eu à faire ce choix, mon corps s’en est chargé de lui-même”.

C’est le début du combat de sa vie. “J’ai beaucoup pleuré, j’ai été très, très en colère, je me suis posé mille et une questions… Mais je pense que, lorsqu’on apprend une telle nouvelle, on a une force qui grandit en nous sans forcément s’en apercevoir sur le moment…”, affirme la jeune femme.

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Un combat de guerrière contre le cancer du sein, “Leslie vs Le crabe”

Si “les premières semaines ont été très, très compliquées”, Leslie est aujourd’hui fière du chemin parcouru : “Je me demande comment j’ai fait pour surmonter cette double épreuve […] Je m’impressionne moi-même d’avoir eu cette force […] Je me suis vite relevée pour entrer en mode ‘guerrière’, en prenant ce combat comme un challenge. Leslie vs Le crabe”.

Pour faire face à cette épreuve, elle a pu compter sur le soutien sans faille de son conjoint. “Au tout début, j’avais peur. Peur de l’abandon, car le cancer peut faire peur. J’avais peur qu’il parte”, celui qui partage sa vie a finalement su apaiser ses craintes. “Je me souviens de cette phrase qu’il m’a dite peu de temps après le diagnostic : ‘Même sans cheveux, je t’aimerai pour toujours’. Là j’ai compris qu’il ne partirait pas, qu’il combattrait tout cela avec moi, main dans la main. Il a même décidé de se raser les cheveux, le jour où j’ai dû raser les miens !”, se remémore-t-elle.

Leslie a également pu s’appuyer sur sa famille, sa belle-famille, ses amis, mais aussi les anonymes qui lui transmettent beaucoup d’amour via les réseaux sociaux, où elle raconte son histoire. “Je me suis énormément sentie entourée […] Ça me fait tellement de bien, ça me touche tellement”, confie-t-elle. 

Aujourd’hui, le combat de Leslie n’est pas terminé. Atteinte d’une récidive ganglionnaire liée à son cancer du sein – située entre les poumons, le cœur et la colonne vertébrale – la guerrière est toujours sous traitement. “Je suis repartie, depuis septembre, avec un troisième autre protocole de chimiothérapie qui se passe à merveille. J’ai à nouveau perdu mes cheveux, mais pour le coup, je le vis bien, car j’avais beaucoup de mal à accepter la repousse de cheveux”, explique-t-elle.

Le message de Leslie :

“Le cancer ne touche pas que les autres. Je ne pensais jamais être, un jour, atteinte d’un cancer. Et encore moins à l’âge de 27 ans, l’âge où je pensais commencer à construire ma vie. Il est important de pratiquer l’auto-palpation, une semaine après la fin de son cycle menstruel, et de ne pas hésiter à consulter un médecin au moindre doute. Malheureusement, de plus en plus de personnes sont atteintes de cancer, et de plus en plus tôt. Il est donc important d’en parler et d’en faire la prévention afin de prendre la maladie en main à un stade précoce, avant qu’il ne soit trop tard. Car, malgré tout, il ne faut pas oublier que la vie reste belle et qu’elle vaut tellement la peine d’être vécue !”