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Le retrait des forces françaises du Niger va coûter entre 200 et 400 millions d’euros, selon M. Lecornu


D’après la loi de finances initiale [LFI] 2023, le ministère des Armées a prévu une enveloppe d’un montant total de 1,2 milliard d’euros pour financer les surcoûts liés aux opérations extérieures [OPEX] et aux missions intérieures [MISSINT].

Dans le détail, 820 millions d’euros ont été affectés aux dépenses de fonctionnement, d’externalisation et de logistique liées aux OPEX. Et 250 autres millions correspondent au Titre II, c’est à dire aux soldes des militaires « projetés ». Or, au moment de l’élaboration du PLF 2023, il n’était pas encore question d’un retrait des forces françaises du Niger… Aussi, cette provision sera-t-elle suffisante pour boucler l’exercice budgétaire en cours?

En effet, le désengagement militaire du Niger, annoncé par le président Macron, le 24 septembre dernier, soit deux mois après le coup d’État ayant renversé Mohamed Bazoum, son homologue nigérien, ne sera pas sans conséquences financières… d’autant plus que le départ des troupes françaises du pays ne se fait pas dans les conditions les plus simples, avec la nécessité de rejoindre, pour une part, le Tchad, via une route qui, longue de 1600 km, traverse des zones dangereuses, comme celle de Diffa [est du Niger], où les jihadistes de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest [ISWAP] sont actifs.

Lors d’une audition au Sénat, le 11 octobre, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a estimé que ce désengagement du Niger pourrait être coûteux si on le compare à celui du Mali, l’an passé.

« Le redéploiement logistique en tant que tel va avoir des conséquences budgétaires. Si on prend globalement ce qui s’est passé pour le Mali, mais c’est un peu tôt pour être complétement définitif sur un chiffrage, on pourrait être entre 200 et 400 millions d’euros. Et quand on dit ça, en général, on est souvent plus près des 400 que des 200 », a indiqué M. Lecornu, avant de préciser que ce montant tiendrait compte du coût de la « remise en condition opérationnelle des matériels ».

En tout cas, le désengagement a déjà commencé. Ce 12 octobre, l’État-major des armées [EMA] a indiqué que sept rotations d’aéronefs [A400M, a priori] avaient été réalisées depuis la base de Niamey, « avec à leur bord les premiers détachements relevés, du fret et des véhicules blindés » et qu’un convoi d’une trentaine de véhicules blindés et civils avait « quitté les emprises de Ouallam et de Tabarey Barey pour rejoindre le Tchad ».

« Le Niger était une base qui était au service des Nigériens. Dès lors qu’ils ne combattent plus le terrorisme, on se retire. On ne va pas combattre les terroristes à la place des juntes qui ne souhaitent plus le faire. Je pense que c’est le moment de vérité. Ce n’est pas un échec de la diplomatie française. C’est un échec terrible pour les populations » sahéliennes, a ensuite fait valoir le ministre.

Quoi qu’il en soit, les opérations au Sahel étant désormais terminées, le projet de loi de finances 2024 a revu à la baisse la provision des surcoûts OPEX et MISSINT, avec un montant de 800 millions d’euros.

S’agissant des OPEX, 570 millions d’euros sont prévus pour le fonctionnement et la logistique et 100 autres millions pour le Titre II. Quant aux MISSINT, les sommes qui leur seront affectées n’augmenteront pas [30 millions pour les « dépenses courantes » et 100 millions pour le Titre II], même si les armées seront [très] sollicitées pour sécuriser les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

Par ailleurs, les missions Aigle et Lynx, qui, menées dans le cadre de l’Otan au profit de la Roumanie et de l’Estonie, concernent en premier lieu l’armée de Terre, ne sont pas entièrement financées par l’enveloppe dédiée aux OPEX. Du moins, c’est ce qu’a affirmé le général Pierre Schill, son chef d’état-major [CEMAT], à l’Assemblée nationale, le 11 octobre.

« L’activité que ces unités développent en Roumanie, y compris les tirs et les manoeuvres conjointes avec nos alliés, contribue à la préparation opérationnelle et rentre donc dans l’enveloppe générale de la préparation opérationnelle de l’armée de Terre », a en effet affirmé le général Schill.

Photo : EMA





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