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«Le Luxembourg a encore beaucoup de retard en matière environnementale»


Mobilité, agriculture, environnement, le Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL) nous dévoile ses revendications pour les élections législatives de ce dimanche.

Le Luxembourg peut-il être plus vert dans les années à venir ? Cette question, le Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL) a décidé de la prendre en main. Quelques semaines avant l’échéance électorale, l’association qui prône la transition écologique au Grand-Duché a publié un manifeste dans lequel elle évoque pour la première fois ses idées et revendications pour le Luxembourg de demain. Dans ce document de 63 pages, elle souhaite interpeller les candidats et partis politiques sur l’une des thématiques cruciales et parfois «oubliées» des débats : l’écologie.

Plus de souveraineté alimentaire

C’est le premier point abordé par Magali Paulus, membre du cercle politique de CELL : la souveraineté alimentaire. Le Grand-Duché produit, en effet, seulement 3,2 % de ses fruits et légumes. Un chiffre beaucoup trop faible pour l’ASBL. «Le Luxembourg pourrait s’alimenter principalement par ses propres produits. Le potentiel est là. Comme nous sommes un petit pays, nous pouvons organiser plus facilement les choses. Pour y arriver, il faut que les circuits courts soient davantage accompagnés et valorisés», explique Magali Paulus.

Un changement qui passe, selon elle, par une «transformation profonde du système agricole». «Il faut vraiment changer ce modèle qui est beaucoup basé sur les produits laitiers et la viande. Et pour cela, il faut davantage accompagner et aider les agriculteurs dans cette transition», complète-t-elle.

Une agriculture biologique à la traîne

Autre débat soulevé par le CELL : l’agriculture biologique. Là aussi, l’association a souhaité interpeller les candidats de ces élections législatives sur le retard du Luxembourg dans cette transition. Pour rappel, seule 5 % de la production agricole du Grand-Duché est biologique. Le plan d’action national prévoit, lui, d’atteindre 20 % en 2025. «C’est dans deux ans et nous en sommes encore très loin (…). Oui, ce sont des objectifs qui ne peuvent pas se faire du jour au lendemain. Malheureusement, pas grand-chose n’a été insufflé», regrette Magali Paulus.

L’artificialisation des sols pose question

C’est l’une des revendications mises en avant par le CELL dans son manifeste : la trop grande artificialisation des sols luxembourgeois. En effet, environ 5 000 m² d’entre eux sont artificialisés chaque jour au Grand-Duché. Ce qui correspond à près de 240 terrains de football par an.

«Il faut arrêter de bétonner des surfaces vertes. C’est important pour la chaleur dans les villes, mais aussi pour les écosystèmes et la biodiversité qui sont les victimes de l’artificialisation des sols», lance la membre du cercle politique du mouvement écologiste.

Une mobilité partagée

Parmi les sujets cruciaux évoqués par le CELL : la question de la mobilité. Malgré une gratuité des transports en commun, des efforts restent encore à réaliser pour l’association écologiste. «Il y a des pratiques que l’on pourrait développer, comme les voitures partagées en ville. Il y a aussi l’idée des villes des 15 minutes où tout peut se faire à pied ou en transport en commun (…). Évidemment, ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire partout. C’est bien là que réside le problème que ce soit pour les frontaliers ou les Luxembourgeois qui viennent de communes qui ne sont pas toujours bien desservies par les transports», complète la membre du cercle politique de l’association CELL.

Des ressources limitées

Selon l’association Global Footprint Network, le Luxembourg vit à crédit à partir du 14 février de chaque année. Le Grand-Duché est ainsi le deuxième pays au monde, après le Qatar à «dépasser l’intégralité de ses ressources annuelles».

À titre d’exemple, l’association écologiste américaine a fixé «le jour du dépassement» pour ses voisins frontaliers au 26 mars pour la Belgique et au 11 mai pour la France. «Je ne pense pas que l’on puisse se féliciter d’être le plus grand utilisateur des ressources au niveau européen. Il y a eu des efforts réalisés par le gouvernement actuel, mais le Luxembourg a encore beaucoup de retard en matière environnementale. Il reste beaucoup de chemin à faire. Quand notre « jour du dépassement«  sera fixé au 31 décembre, là on pourra dire que l’on a fait des progrès», sourit Magali Paulus.

Un changement au niveau politique qu’elle souhaite également sur l’ensemble de la société. «Nous sommes arrivés à un point de non-retour. Il faut aussi changer les mentalités de cette société individualiste», conclut-elle.

Qu’est-ce que le CELL?

Le Centre for Ecological Learning Luxembourg est un mouvement écologiste visant à promouvoir la transition verte au Grand-Duché. Présent pour la première fois en Angleterre, il a pris place au Luxembourg il y a une dizaine d’années. L’objectif de cette association est d’accompagner la société luxembourgeoise vers une «transition résiliente et en accord avec les limites planétaires».

Le CELL met ainsi en place des actions basées sur des initiatives citoyennes, comme les jardins communautaires ou encore les «repair cafés». L’ASBL compte plus de 300 bénévoles qui sillonnent tout le pays.

En plus du manifeste publié à l’aube des élections législatives, le mouvement a réalisé une analyse complète des programmes des douze partis politiques sur la cause environnementale.

Quelques chiffres en bref

9,41 hectares : L’empreinte écologique idéale d’un être humain pour satisfaire l’ensemble de ses besoins qui comprend à la fois l’habitat, l’énergie, les services, les transports et l’alimentation est de 1,78 hectare. Celle des Luxembourgeois a été établie à 9,41 hectares (2,58 pour l’empreinte alimentaire).

13,4 % : C’est le nombre d’arbres sains au Luxembourg. Un chiffre qui, selon le CELL, ne cesse d’augmenter en raison du réchauffement climatique.

2050 : Le Luxembourg aura un climat similaire à celui en Uruguay en 2050. Les hivers présenteront des températures moyennes comprises entre 10 et 16 °C.

60 334 kWh : C’est le nombre moyen par an et habitant de la consommation luxembourgeoise d’énergie. Elle est deux fois plus élevée que la moyenne européenne (36 129 au sein de l’UE).

13 tonnes : En 2019, chaque habitant du Luxembourg émet en moyenne 13 tonnes de gaz à effet de serre. En outre, 78 % de l’énergie consommée au Grand-Duché provient des énergies fossiles. Dix pour cent de l’énergie primaire est produite au Luxembourg.



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