le concurrent de Lidl met la clé sous la porte, les magasins ferment moins d’un an après l’ouverture
Clap de fin pour les magasins Toujust. La liquidation judiciaire de Tazita Holding, la maison mère de l’enseigne alimentaire, a eu lieu le 8 novembre dernier. Suite à cela, des potentiels repreneurs, dont le nom de Tedi avait été évoqué à l’époque. Ils étaient dans l’attente d’une réponse, avec une échéance fixée au 24 novembre. Mais le verdict est tombé : le mandataire judiciaire a décidé de mettre fin à l’exploitation des cinq points de vente dès le 22 novembre à minuit.
En mars 2023, le premier établissement avait ouvert ses portes à Alès (Gard) par Toujust. À ce moment-là, le distributeur s’engageait à proposer des prix réduits grâce à un contrat direct avec les fournisseurs. Au début de l’année, l’enseigne avait pour objectif d’ouvrir 70 magasins en France d’ici mars 2024, ainsi qu’une vingtaine en Suisse. Il n’en sera rien. Ses cinq magasins ont fermé leurs portes.
Le hard discount : un succès grandissant
La croissance du secteur des magasins de hard discount est énorme, en effet, leur popularité ne cesse de croître. Lidl enregistre chaque mois plus de 400 000 clients supplémentaires. Action est plébiscitée par les Français comme leur enseigne préférée, occupant la première place du classement OpinionWay avec un soutien de 67%. D’après les consommateurs interrogés, elle est perçue comme l’enseigne offrant la meilleure protection du pouvoir d’achat.
Si ce concept marche aussi bien, c’est qu’il allie l’art de proposer des produits au prix le plus bas à celui de maintenir des marges bénéficiaires pour les actionnaires. La stratégie consiste à vendre des produits de base et d’entrée de gamme directement sur des palettes, sans investissement dans une présentation sophistiquée. Il n’y a pas de service en rayon, aucune campagne publicitaire, évitant ainsi des dépenses superflues pour offrir les prix les plus compétitifs.
Toujust : un concept novateur
Toujust a donc voulu surfer sur la vague du hard-discount. Leur idée était de créer des magasins de dimensions similaires à ceux de Lidl (moins de 1 000 m²), arborant les couleurs jaune et bleu caractéristiques de Lidl. Ses établissements offraient une large gamme de produits, avec 7 000 références, en comparaison avec les 2 000 habituelles dans les enseignes de discount. La majeure partie de ces produits (80%) était des aliments de fabrication française. Le tout apparaissait dans les rayons à des prix de 5 à 10% inférieurs à ceux des concurrents directs tels que Lidl ou Aldi.
Afin de proposer ces tarifs abordables, l’enseigne avait prévu, comme l’explique le magazine Capital, de minimiser autant que possible les intermédiaires en collaborant directement avec les producteurs. Ces derniers devaient à moyen terme devenir actionnaires de la société qui supervisait les magasins. Malheureusement, le concept n’a pas rencontré le succès escompté, et les cinq établissements ont fermé leurs portes ce mercredi soir.
Un an après sa première ouverture, l’enseigne Toujust! disparaît déjàhttps://t.co/h5HxfkQiIZ
— RMC (@RMCInfo) November 23, 2023
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Les raisons de l’échec
L’idée semblait attrayante sur le papier, mais sa réussite dépendait de la collaboration de tous les partenaires, avec la nécessité que chacun accepte de travailler avec cette nouvelle enseigne. De nombreuses PME ont joué le jeu malgré les pressions exercées par leurs concurrents. Cependant, les géants de l’industrie agro-alimentaire ont montré une plus grande réticence. En conséquence, l’enseigne n’a pas pu tenir sa promesse de tarifs bas, la clientèle n’a pas répondu présente, et les finances de la chaîne se sont rapidement retrouvées à sec.
Les 34 fournisseurs qui étaient également actionnaires au sein de Coop Food font état d’impayés significatifs, chiffrés entre 10 et 12 millions d’euros. Fabrice Gerber, patron des magasins Toujust explique : « Nous avons manqué de trésorerie et manqué de fournisseurs qui n’ont plus adhéré au projet par crainte de représailles des autres distributeurs ».
