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Le Canada dénonce l’interception dangereuse d’un avion de patrouille CP-140 Aurora par des chasseurs chinois


Afin de documenter [et non empêcher] les violations des sanctions qu’elle a imposées à la Corée du Nord pour ses activités nucléaires, l’ONU a mis en place l’UNSC ECC [United Nations Security Council Enforcement Coordination Cell], dont la mission est de surveiller les trafics illicites en haute mer, à proximité de la péninsule coréenne. La France y engage ponctuellement des moyens de la Marine nationale [opérations « AETO »]. De même que le Canada.

Ainsi, dans le cadre de l’opération Neon, et depuis quelques semaines, les Forces armées canadiennes ont de nouveau déployé un avion de patrouille maritime CP-140 Aurora au Japon ainsi que la frégate NCSM Vancouver.

Seulement, même si elle relève de l’ONU, cette mission de surveillance n’est pas forcément vue d’un bon oeil par la Chine, pourtant membre permanent du Conseil de sécurité. Aussi, les avions de patrouille maritime de l’UNSC ECC sont régulièrement interceptés par des chasseurs de l’Armée populaire de libération [APL], dès lors qu’ils s’approchent de territoires revendiqués par Pékin.

Et cela donne parfois lieu à des interactions « musclées », comme celle que vient de connaître le CP-140 Aurora de l’Aviation royale canadienne [ARC], alors que des journalistes avaient pris place à son bord, aux côtés du général Iain Huddleston, le commandant de la 1ère Division aérienne du Canada.

Au cours de sa mission au-dessus de la mer Jaune, qui a duré huit heures, le CP-140 a été intercepté à deux reprises par des avions de combat chinois. La première fois par un J-10, la seconde par un J-16.

D’après les témoignages des journalistes à bord, ils se sont approchés à moins de dix mètres du CP-140. Un envoyé spécial de Global News qui se trouvait à bord a même évalué la distance à « environ cinq mètres ». Ils « étaient si près qu’on avait l’impression que leurs ailes allaient toucher celles de l’appareil canadien », a confirmé le correspondant de Radio-Canada en Asie. Et d’ajouter : « Les chasseurs chinois étaient armés de missiles air-air que l’on pouvait voir clairement. Les deux pilotes avaient les yeux rivés sur les Canadiens ».

Voler si près d’un avion intercepté est toujours dangereux étant donné que cela ne laisse que très peu de marge d’erreur, sachant que différents facteurs aérodynamiques peuvent accroître le risque d’une collision. Mais les avions chinois ne se sont pas contentés de « serrer » le CP-140 : ils ont également tiré des fusées éclairantes.

Cela étant, Global News a livré un autre détail sur cette interaction : avant d’être intercepté, l’avion de patrouille canadien aurait « perdu le contact avec sa base [au Japon] en raison d’un problème apparent avec son équipement ». Simple panne? Brouillage? Aucune précision supplémentaire n’a été donnée par le média canadien…

Quoi qu’il en soit, le général Huddleston a pu commenter en direct cet incident. « Nous nous trouvons clairement dans l’espace aérien international. Il est évident que les Chinois pensent que nous faisons quelque chose de mal, mais nous ne savons pas très bien de quoi il s’agit », a-t-il confié aux journalistes à bord du CP-140, après avoir estimé que les manoeuvres des avions chinois étaient « inhabituelles, agressives et dangereuses ».

« Je suis très préoccupé par la manière non professionnelle dont cela s’est déroulé. C’était, pour être franc, dangereux et imprudent », a réagi, plus tard, Bill Blair, le ministre canadien de la Défense. « Ce genre de comportement n’est en aucun cas acceptable, et nous le ferons savoir à la République populaire de Chine de la manière la plus appropriée », a-t-il ajouté.

La réponse de Pékin n’aura pas tardé. « Un avion CP-140 canadien a pénétré illégalement dans l’espace aérien de Chiwei Yu, une île affiliée aux îles chinoises Diaoyu, violant gravement la souveraineté de la Chine et menaçant la sécurité nationale de la Chine », a fait valoir Mao Ning, la porte-parole du ministère chinois de Affaires étrangères. « La vérité est que l’avion militaire canadien a parcouru des milliers de kilomètres jusqu’aux portes de la Chine pour provoquer des troubles, et la Chine a réagi conformément à la loi et aux règlements », a-t-elle insisté avant d’accuser Ottawa de propager des « fake news ».

Pour rappel, les îles Diaoyu ne sont pas chinoises : elles appartiennent au Japon, où elles sont appelées « îles Senkaku ». Et Chiwei Yu [ou Taishō-jima, en Japonais] fait partie de cet archipel.





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