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L’armée de Terre a inauguré un premier stage d’état-major au profit d’officiers africains à Draguignan


Il y a plus de dix ans, le général Bertrand Ract-Madoux, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], avait expliqué que le déclin de l’influence française en Afrique était en partie liée au fait que l’offre de formation destinée aux officiers [et aux sous-officiers] africains avait été réduite significativement pour des raisons économiques. Or, avait-il dit, cela permettait de « développer des relais d’influence » et de disposer d’un « atout utile en cas de crise pour améliorer notre réactivité ». À l’époque, il n’était pas le seul à faire ce constat…

Accroître l’offre de formations aux armées partenaires africaines aurait-il permis d’éviter ce que l’on a connu au Mali, au Burkina Faso et au Niger? En tout, « au vu des difficultés rencontrées par les pays africains, construire des partenariats qui résistent au temps n’est pas facile. Il faut faire preuve de flexibilité », a récemment estimé le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une récente audition au Sénat.

Quoi qu’il en soit, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit plusieurs dispositions visant à corriger les erreurs du passé. « S’appuyant sur une expertise française reconnue, nos partenariats se nourriront de capacités accrues de formation sur différentes thématiques. Après une longue période de réduction des places dans ses écoles militaires, la France rompt avec cette tendance et va proposer aux pays partenaires, quel que soit leur continent d’appartenance, d’y inscrire en formation de nombreux cadres officiers comme sous-officiers », indique en effet ce texte.

Sur ce point, l’armée de Terre a déjà pris les devants, en jumelant, cette année, ses quatre lycées militaires avec les prytanées africains. Dans le même temps, l’École nationale des sous-officiers d’active [ENSOA] de Saint-Maixent a accueilli au moins quatorze élèves africains et entend doubler le nombre de places offertes dès l’an prochain.

Enfin, l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en a fait autant avec 9 places destinées à des élèves officiers originaires de pays africains « partenaires ». Un échange de cadres avec l’Académie des forces armées de Côte d’Ivoire a même été institué. « Un capitaine ivoirien a ainsi pris les fonctions d’officier adjoint dans une compagnie de l’École spéciale militaire […] en septembre 2023 », a précisé la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT].

Mais il s’agit d’aller encore plus loin, en proposant des stage d’état-major aux officiers africains.

En effet, le 15 novembre, le général Marc Conruyt, ancien commandant de la force Barkhane devenu « patron » de la DRHAT, a présidé la cérémonie d’inauguration d’un stage de formation d’état-major officier [FEM-O], ouvert aux pays africains, aux Écoles militaires de Draguignan.

« Ce stage, d’une durée de 5 semaines, s’adresse aux officiers de plusieurs pays africains ainsi qu’aux officiers français. Il se déroule aux Écoles militaires de Draguignan, et est placé sous la tutelle de l’École d’état-major », a précisé la DRHAT, via un communiqué. En outre, deux officiers supérieurs africains [l’un venu de Côte d’Ivoire, l’autre, du Sénégal] donneront des cours. C’est un « symbole de l’étroitesse du partenariat entre nos armées », a-t-elle souligné.

Les 30 officiers admis à ce premier stage FEM-O, dont le modèle est voué à s’élargir à d’autres formations, sont orginaires du Bénin, du Cameroun, du Congo, du Gabon, de Guinée Conakry, de Madagascar, de Mauritanie, de Côte d’Ivoire, du Rwanda, du Tchad et du Togo.

« Les actions communes de formation, des lycées militaires jusqu’à l’enseignement supérieur, permettent de tisser des liens de confiance mutuelle, gage d’une réelle interopérabilité entre l’armée de Terre et les armées partenaires afin d’interagir ensemble dans tous les champs de la conflictualité », a conclu la DRHAT.

Photo : armée de Terre





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