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L’Affaire Dikolo : un combat pour la justice sociale et contre la mafia foncière


A l’aune de la décision qui vient d’être rendue par le tribunal administratif de Douala-Bonanjo et le pourvoi en cassation déposé à la cour suprême de Yaoundé, il est clair que l’affaire Dikolo est loin d’avoir rendu son verdict final.

Alors que les familles déguerpies de Dikolo-Bali dans l’arrondissement de Douala 1er, attendent toujours d’être fixé sur leur sort, si elles doivent effectivement partir au quel cas elles doivent être proprement indemnisées, ou retourner sur leurs terres ; le 15 février 2024, le tribunal administratif de Doual-Bonanjo a rendu une décision rendant nulle et de nul effet, l’expropriation pour cause d’utilité publique des terres de Dikolo, pour défaut de qualité et d’ailleurs le contrat de bail n’a pas été enregistré.

L’homme d’affaire Chi Nouako avait fait tierce opposition, se greffant ainsi à l’opposition principale faite par les services du premier ministre. Le tribunal a jugé irrecevables ces actions judiciaires qui visaient à conforter l’expropriation pour cause d’utilité. C’était la suite logique de cette affaire puisque le 24 mai 2023, le tribunal déclarait illégale la DUP du Premier ministre. Celui-ci avait été débouté de son action.

Un recours en cassation vient d’être déposé du côté de Yaoundé, et l’on attend de ce voir qu’il en adviendra. Cela fait deux ans que l’affaire dure. Le déguerpissement des habitants de Dikolo-Bali le 14 mai 2022 aura mis à nu une procédure rocambolesque, de même que le comportement des autorités publiques qui ont montré aux yeux du monde entier qu’elles n’ont rien à cirer des intérêts des populations qu’elles sont sensé gouverner et protéger.

Ces personnes qui ont été chassées de leurs terres et habitations, pour cause de « Déclaration d’utilité publique », suivant les termes du communiqué du premier ministre qui a déclenché cette affaire, validant ainsi l’opération de déguerpissement d’une population pourtant installée sur le site depuis plusieurs années et de façon régulière. La situation des sans domiciles préoccupe toujours, pire encore les personnes du troisième âge, les malades et les personnes qui sont décédées entre temps. En un mot comment en mille, les questions liées à la justice sociale demeurent.

Il faut rappeler que ce sont plus de 70 familles qui ont été délogées, sur près de 3 hectares de terres, sur le versant sud du quartier Bali dans l’arrondissement de Douala 1er. Mafia foncière Une autre lecture de l’affaire Dikolo met à nue une mafia foncière qui a choisi de sacrifier les intérêts des populations, pour des sommes faramineuses.

Une affaire rocambolesque dans laquelle sont impliqués des hauts cadres de la République : ministres, préfet, sous-préfet, délégués régional et départemental du cadastre et des affaires foncières. Et aucune zone de la République n’est désormais épargnée. En témoigne les affaires d’expropriation auxquelles l’on assiste ces dernières années dans le pays.

Selon des indiscrétions, pour exproprier les habitants de Dikolo, le démarcheur du prétendu hôtel Marriot aurait déposé à la présidence de la République plus de 30 millions de dollars américains, soit plus de 16 milliards de Fcfa.

De ce montant, seulement 322 millions de Fcfa ont été distribués à certains habitants qui avaient accepté recevoir de modiques sommes d’argent en guise d’indemnisation. Par contre, bien d’autres familles avaient refusé cette expropriation, et par conséquemment n’avaient pas reçu cet argent. On les a quand même cassés.

Le gros du montant est resté entre les mains des autorités, dont aucun ne daigne lever le petit doigt pour dire qu’est-ce qui s’est réellement passé pour qu’on en arrive à une telle dérive, foulant aux pieds les droits des populations et les moindres règles d’expropriation pour cause d’utilité publique. Même le Premier ministre qui avait signé l’acte de Déclaration d’utilité publique est resté muet sur le sujet.

Les membres du Collectif « Kod’A » entendez l’amour des intérêts du terroir, collectif constitué des membres des familles sinistrées de l’espace Dikolo, viennent de donner une conférence de presse à Douala pour faire le point sur l’affaire, et ils ont la conviction que la victoire sera au bout du combat, selon les propos de Patrick Moudissa Bell, porte-parole des sinistrés de Dikolo.

Selon Charles Jengou-Lottin, membre fondateur du Collectif Kod’A Mboa, ce combat ne concerne pas seulement les Sawa, il concerne toutes les populations camerounaises qui sont victimes d’expropriations irrégulières, quelle que soit l’origine ethnique et la contrée où elles se trouvent.

A la question de savoir qui sont les personnes qui ont reçu les prétendues indemnisations, dame Marie-Nadine Mbaka du Collectif des sinistrés, nous fait comprendre que les personnes indemnisées étaient les locataires trouvés et recensés sur le site par des agents de l’administration, et que les véritables propriétaires des terres et des maisons n’étaient en rien concernés par les indemnisations, d’autant plus que la plupart avait refusé de percevoir quoi que ce soit.

Le Messager





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