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La FREMM DA Alsace a dû utiliser l’une de ses mitrailleuses de 12,7 mm contre les drones houthis


Le 8 avril, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a livré un premier bilan de la force navale européenne [EUNAVFOR] Aspides, lancée près de deux mois plus tôt afin de protéger le trafic maritime commercial en mer Rouge contre les attaques menées depuis le Yémen par les rebelles houthis [liés à l’Iran].

Ainsi, depuis la déclaration opérationnelle initiale de cette force, déclarée le 23 février, les quatre navires engagés par la France [frégate multimissions à capacité de défense aérienne renforcée « Alsace »], la Grèce [frégate « Hydra »], l’Allemagne [frégate « Hessen »] et l’Italie [frégate de défense aérienne « Caio Duilio »] ont « escorté 68 navires marchands et repoussé onze attaques », a avancé M. Borrell.

« Les chiffres montrent à quel point cette mission était nécessaire. […] Nous sommes tout à fait conscients qu’il s’agit d’une mission qui comporte un certain niveau de risque. Nous devons augmenter notre capacité », a-t-il avancé. EUNAVFOR Aspides est « la preuve évidente de notre volonté et de notre capacité à protéger les voies de transport maritimes […] et à défendre les intérêts européens. C’est un exemple concret de l’action de l’Union européenne en tant que fournisseur de sécurité maritime », a-t-il ajouté.

Pour rappel, deux opérations distinctes sont en cours en mer Rouge et dans le golfe d’Aden pour protéger le trafic commercial. Outre EUNAVFOR Aspides, à vocation seulement défensive, les États-Unis ont lancé l’opération « Gardien de la prospérité », dont le mandat est plus « offensif » dans la mesure où les forces américaines et britanniques ont bombardé à plusieurs reprises l’infrastructure militaire des Houthis au Yémen.

La dégradation des capacités de ces derniers a-t-elle eu un effet ? En tout cas, la fréquence et l’intensité de leurs attaques ont diminué depuis quelques jours. Cependant, le commandant de la force navale européenne, le contre-amiral grec Vasileios Gryparis, se veut prudent.

« Bien que l’on observe une réduction notable [des attaques], il faut garder à l’esprit que les Houthis ont la capacité de choisir le moment et l’endroit [des attaques]. Nous restons donc vigilants », a-t-il dit, avant de souligner que « tous les navires protégés ont jusqu’à présent été protégés avec succès » et que tout ceux qui « ont demandé une protection ont été escortés ».

Le contre-amiral Gryparis a aussi précisé la nature des attaques contrées par les quatre navires d’EUNAVFOR Aspides. Ainsi, 9 drones aériens, 1 drone de surface [USV] et 4 missiles balistiques ont été interceptés. Ce tableau de chasse est en grande partie le résultat de l’action de la FREMM DA Alsace, qui est récemment revenue à Toulon, après avoir passé 71 jours en mer. Selon l’État-major des armées [EMA], elle a été relevée dans la région par une autre FREMM, dont l’identité n’a pas été précisée.

Dans un entretien accordé au quotidien Le Figaro, le « pacha » de la FREMM DA Alsace, le capitaine de vaisseau Jérôme Henry, a donné le bilan de « trois missiles balistiques » et d’une « demi-douzaine de drones » interceptés. « Nous avons utilisé tout le panel d’armements à notre disposition, en fonction de la menace : du missile Aster jusqu’à la mitrailleuse de 7,62 de l’hélicoptère, en passant par de la [mitrailleuse de] 12,7 [mm], du canon de 20 mm ou de 76 mm », a-t-il ajouté.

Sachant que la portée « pratique » d’une mitrailleuse de 12,7 mm [une FREMM en compte quatre] est de l’ordre de 900 m, il s’en est fallu sans doute de peu pour que la frégate soit touchée lors de l’attaque de grande ampleur lancée par les Houthis le 9 mars dernier. Au cours de celle-ci, les Mirage 2000 de l’escadron 3/11 Corse ont été sollicités.

« L’engagement a duré une bonne partie de la nuit. Nous avons dû mettre en œuvre l’ensemble du spectre de nos armes, du missile Aster à la mitrailleuse 12,7 pour neutraliser les drones qui se sont approchés trop près du navire. Ici, nous avons dû tirer à vue et non plus au radar. Cette nuit-là, nous avons détruit trois drones et les Mirage 2000 de Djibouti en ont détruit un autre. Les deux derniers ont échoué en mer sans toucher de cibles », a raconté le capitaine de vaisseau Henry.

« Nous ne nous attendions pas forcément à ce niveau de menace. Il régnait une violence désinhibée assez surprenante et très importante. Les Houthis n’hésitent pas à utiliser des drones qui volent au ras de l’eau, pour les faire exploser sur les navires de commerce, et à tirer des missiles balistiques. Nous avons dû procéder à au moins une demi-douzaine d’assistances à la suite de frappes houthies », a également confié le commandant de la FREMM DA Alsace. « La menace sur le bateau était bien plus importante en mer Rouge » que lors de l’opération Harmattan [intervention en Libye, en 2011], a-t-il dit.

Photo : Ministère des Armées





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