InternationalSociété

La frégate Vendémiaire va participer à l’important exercice philippin « Balikatan » pour la première fois


Ces dernières années, malgré un avis de la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La Haye, Manille a dû renoncer à exercer sa souveraineté sur le récif de Mischief et sur l’atoll de Scarborough, désormais passés sous le contrôle de la Chine. Mais celle-ci n’entend visiblement pas en rester là, d’autres possessions des Philippines étant dans son collimateur, comme l’île de Pag Asa, le brisant de Whitsun [ou « Julian Felipe »] ou encore le banc Second Thomas [ou « Second Thomas Shoal »], lequel est au centre de vives tensions depuis maintenant plusieurs mois.

Pour empêcher, justement, la Chine de prendre pied sur ce dernier, un détachement de l’infanterie de marine philippine s’est installé dans le BRP Sierra Madre, un navire de la Seconde Guerre Mondiale qui y a été volontairement échoué. Seulement, la garde côtière chinoise, avec parfois l’appui de la milice maritime de l’Armée populaire de libération [PAFMM – People’s Armed Forces Maritime Militia], tente d’interdire tout ravitaillement de cette garnison. Ce qui donne régulièrement lieu à des tensions susceptibles de dégénérer en incidents sérieux.

Cependant, pour faire face aux visées chinoises, les Philippines cherchent à établir des partenariats militaires avec d’autres pays, alors qu’elles sont déjà liées avec les États-Unis, via un traité de défense mutuelle signé en 1951. C’est dans le cadre de ce dernier que Manille et Washington organisent chaque année les importantes manœuvres « Balikatan » [« épaule contre épaule » en tagalog], dont l’édition 2024 a commencé ce 22 avril, avec plus de 16’000 militaires, dont 11’000 américains [appartenant principalement à l’US Marine Corps] et 5000 philippins.

Selon Manille, ces manœuvres prévoient la reprise par la force d’une île située dans la province de Palawan, près des îles Spratleys, revendiquées dans leur totalité par la Chine. D’autres exercices similaires concerneront les provinces septentrionales de Cagayan et Batanes, à 300 km de Taïwan. Il est également question d’un « sinkex » [exercice consistant à couler un navire, ndlr] au large d’Ilocos Norte.

Cette année, Balikatan recèle plusieurs nouveautés. Ainsi, la garde côtière philippine, régulièrement défiée par son homologue chinoise dans les environs du banc Second Thomas, va y prendre part. En outre, plusieurs exercices auront lieu au-delà des eaux territoriales philippines, ce qui n’était jamais arrivé jusqu’à présent. Enfin, la France et l’Australie ont été conviées à y participer pour la première fois. Jusqu’à présent, ces deux pays n’avaient que le statut d’observateur.

Côté français, la frégate de surveillance Vendémiaire, basée habituellement en Nouvelle-Calédonie, a été mobilisée. Dotée d’une tourelle de 100 mm, de deux canons de 20 mm et de quatre mitrailleuses de 12,7 mm, son rôle sera limité puisque elle quittera ces manœuvres avant la phase de « haute intensité », qui débutera le 4 mai.

« La frégate Vendémiaire participera à la phase d’intégration et d’entraînement des moyens maritimes permettant d’améliorer la cohésion et l’interopérabilité entre les navires participants et son action s’inscrira dans les domaines de la sûreté maritime et de l’assistance humanitaire en cas de catastrophe naturelle [HADR, Humanitarian Assistance and Disaster Relief] », explique en effet l’ambassade de France aux Philippines.

Et d’ajouter : « Dans cette phase, des activités de manœuvre, dont des échanges d’hélicoptères, de détection de mobiles, de connaissance du domaine maritime liées à l’action de l’État en Mer, ainsi que de ravitaillement à la mer seront conduites, de manière trilatérale dans un premier temps, puis en bilatéral avec les moyens philippins intégrés à l’exercice ».

Quoi qu’il en soit, et comme l’on pouvait s’y attendre, Pékin n’a pas attendu pour adresser une mise en garde à Manille en raison de la tenue de ces manœuvres. « Les Philippines doivent être conscientes que les tensions pourraient s’aggraver si des pays extérieurs à la région entraient en mer de Chine méridionale pour montrer leurs muscles et encourager la confrontation », a en effet prévenu un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, la semaine passée.





Source link

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

RSS
Follow by Email
YouTube
Pinterest
LinkedIn
Share
WhatsApp