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La France va livrer du matériel militaire à l’Arménie « sans aucun esprit d’escalade »


Après s’être assuré du contrôle du Haut-Karabakh, jusqu’alors peuplé majoritairement d’Arméniens, après une offensive éclair, l’Azerbaïdjan va-t-il profiter de sa supériorité militaire pour établir un accès à son territoire du Nakhitchevan, via le « corridor de Zanguezour », lequel traverse la région arménienne de Syunik? C’est ce que l’on redoute à Erevan…

Or, dans la situation actuelle, l’Arménie aurait du mal à s’opposer aux visées azerbaïdjanaises, d’autant plus qu’elle a été « lâchée » par la Russie, qui s’est montrée passive lors de l’affaire du Haut-Karabakh, alors qu’elle y avait déployé 2000 soldats pour faire repecter le cessez-le-feu négocié entre Erevan et Bakou pour mettre aux hostilités déclenchées en octobre 2020. D’ailleurs, Erevan en a tiré les conséquences, en disant vouloir revoir ses alliances et en faisant ratifier par ses parlementaires, au grand dam de Moscou, son adhésion à la Cour pénale internationale [CPI], laquelle a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine, le chef du Kremlin.

Cela étant, si elle ne veut plus compter sur la Russie [alors qu’elle accueille encore une base russe – celle de Gyumri – sur son territoire et qu’elle fait encore partie de l’Organisation du traité de sécurité collective], l’Arménie ne peut pas non plus espérer l’appui des États-Unis. Et, parmi « ses amis », certains affichent une position ambigüe, comme l’Iran, qui, le 2 octobre, s’est dit « opposé à la modification des frontières internationales et aux changements géopolitiques dans la région » du Caucase tout en soutenant la mainmise de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh.

Reste à voir si l’Iran pourrait contribuer à renforcer les capacités des forces arméniennes… L’an passé, l’Azerbaïdjan avait fait courir la rumeur selon laquelle plusieurs centaines de missiles antichars de facture iranienne auraient été livrés à l’Arménie… Ce qui fut démenti par le ministère arménien de la Défense.

En revanche, à la même époque, celui-ci a signé plusieurs contrats d’armement avec l’Inde, afin de se procurer quatre lance-roquettes multiples Pinaka et de missiles antichars pour un montant total de 244 millions de dollars. Puis, une commande d’obusiers de 155 mm – pour 155,5 millions de dollar – aurait été passée par Erevan auprès de Kalyani Strategic Systems, une filiale du groupe indien Bharat Forge. D’ailleurs, Erevan et New Delhi avaient affirmé, plus tôt, vouloir renforcer leur coopération militaire au nom de leurs « intérêts géopolitiques communs » et, surtout, de leurs mauvaises relations avec le… Pakistan.

Enfin, la France a dit, à plusieurs, reprises, se tenir au côté de l’Arménie… Mais jusqu’à présent, ce soutien ne s’est pas concrétisé au niveau militaire, sauf si l’on excepte l’envoi d’un attaché de défense à Erevan [récemment annoncé par Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, alors qu’il est effectif depuis le mois d’août]. Pourtant, et singulièrement depuis l’édition 2022 du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, les contacts entre les responsables français et arménies se sont multipliés… Et cela alors que l’Union européenne [UE] a signé des accords avec l’Azerbaïdjan [un « partenaire fiable et digne de confiance », dixit Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission de Bruxelles] pour garantir son approvisionnement en gaz.

Et lors d’une audition à l’Assemblée nationale pour évoquer le projet de loi de finances initiale 2024, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a dit avoir régulièrement des contacts avec Souren Papikian, son homologue arménien, afin d’évaluer les besoins d’Erevan.

Selon le dernier rapport au Parlement publié par le ministère des Armées au sujet des exportations d’équipements militaires, l’Arménie n’a passé aucune commande auprès de la Base industrielle et technologique de Défense [BITD] française au cours de ces dix dernières années… Et les seules armes de facture française en possession des forces arméniennes seraient des missiles antichar MILAN.

Quoi qu’il en soit, Erevan peut compter sur un soutien actif de parlementaires français, en particulier sur les sénateurs du groupe d’amitié « France Arménie ». En avril, son président, Gilbert-Luc Devinaz, avait déclaré qu’il fallait « permettre à l’Arménie d’assurer la sécurité de ses frontières » et donc « l’aider à s’armer ». Et c’est ce qui devrait se passer prochainement.

En effet, lors d’une visite à Erevan, le 3 octobre, Mme Colonna a anoncé que Paris avait « donné son accord » pour la livraison d’équipements militaires à l’Arménie.

« La France a donné son accord à la conclusion de contrats futurs forgés avec l’Arménie qui permettront la livraison de matériel militaire à l’Arménie pour qu’elle puisse assurer sa défense », a en effet déclaré la cheffe de la diplomatie française, lors d’une conférence de presse.

Cependant, la ministre n’a pas précisé la nature des équipements militaires susceptibles d’être livrés aux forces armées amérniennes, lesquels disposent quasi-exlusivement de matériels d’origine russe [ou soviétique]. Toutefois, elle a assuré que Paris agirait « dans ce domaine avec esprit de responsabilité de part et d’autre et sans aucun esprit d’escalade »… Ce qui suggère que l’accent sera mis sur le renforcement des capacités défensives de l’Arménie. Aussi, il ne serait pas surprenant qu’il soit question de missiles antichars et antiaériens, comme l’Akeron MP et le MISTRAL 3.

Photo : Akeron MP / MBDA





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